Netanyahu est ouvert à un compromis sur la réforme judiciaire, dit Alan Dershowitz
L'avocat américain, proche du Premier ministre, a dit que si la Cour doit rester non-partisane, elle doit pouvoir juger les questions sur les libertés civiles

L’avocat américain Alan Dershowitz, un proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a vivement recommandé dans la journée de lundi de débattre du projet de refonte du système de la justice israélien, ajoutant que le Premier ministre était ouvert au compromis.
Ces propos ont été tenus lors d’une journée houleuse marquée par des manifestations anti-gouvernementales massives et par les réactions hostiles de l’opposition alors que la coalition a fait avancer son plan de réforme qui affaiblirait considérablement le système judiciaire dans le pays.
Dershowitz a indiqué que deux principes devaient dominer le débat : celui que la Cour suprême conservera « le dernier mot » sur les libertés civiles et sur les questions relatives à l’égalité, et qu’elle restera non-partisane. La coalition veut restreindre de manière importante la capacité de la Cour à invalider les législations et elle prévoit d’accorder au gouvernement le contrôle sur la nomination des juges.
« Si nous pouvons nous accorder sur ces deux principes – celui d’une Cour non-partisane et celui d’une Cour suprême qui a le pouvoir d’émettre des jugements définitifs sur les questions des libertés civiles – alors il sera possible de trouver un consensus », a dit Dershowitz devant les caméras de la Douzième chaîne. « Sur la question des nominations à la Cour suprême, c’est le caractère non-partisan de la Cour qui est le plus important ».
Dershowitz a appelé à de nouvelles discussions avant l’avancée de la législation controversée.
« Ayez des débats sur ces questions. Il y a deux facettes dans cette problématique et le public doit prendre la décision après avoir entendu les arguments des deux parties. Manifester est une bonne chose mais les manifestations ne font pas dans la nuance. Le débat et les discussions, eux, permettent la nuance », a continué Dershowitz.
Il a expliqué qu’il a rencontré Netanyahu pendant un voyage récent en Israël et il a affirmé que le Premier ministre était ouvert « à un compromis raisonnable ».
« Il veut l’équilibre, il veut se mettre du côté de la raison et je pense qu’il pourrait avancer dans cette direction mais pour le moment, je pense que le débat est trop polémique », a continué Dershowitz, évoquant Netanyahu.
Dershowitz avait, dans le passé, qualifié la législation proposée « d’erreur terrible », avertissant qu’il deviendrait plus difficile de défendre Israël sur la scène internationale.

La commission de la Constitution, du droit et de la Justice a approuvé, lundi, certains éléments du projet de loi qui seront donc présentés en première lecture au parlement lors d’un vote qui aura probablement lieu au début de la semaine prochaine.
En fin de journée, les auteurs du plan ont fait savoir qu’ils étaient prêts à rencontrer sans plus attendre les responsables de l’opposition à la résidence officielle du président à Jérusalem pour débattre de la proposition de compromis soumise par le chef de l’État sur les réformes.
Le ministre de la Justice, Yariv Levin, et le président de la Commission de la Constitution, du droit et de la Justice, le député Simcha Rothman, ont indiqué qu’ils étaient prêts à s’entretenir avec les ténors de l’opposition sans condition préalable, refusant néanmoins l’appel lancé par le président de mettre en pause le processus législatif pendant les discussions.
Une offre qui a été rejetée par l’opposition qui a estimé qu’il était malhonnête de proposer des pourparlers tout en faisant avancer au parlement une législation qu’ils considèrent comme destructrice pour la nature démocratique d’Israël.
Cette offre de discussion a été faite à l’issue d’une journée houleuse marquée par une manifestation contre les réformes qui a réuni environ 90 000 personnes à Jérusalem, ainsi que par des prises de bec et par des altercations bruyantes à la Knesset.
Le gouvernement fait actuellement avancer un projet de loi qui remanierait le système judiciaire, en limitant considérablement le pouvoir de la Cour suprême de justice d’exercer tout contrôle judiciaire, donnerait au gouvernement une majorité automatique au sein de la commission de sélection des juges, permettrait aux législateurs d’annuler les décisions de justice à la majorité simple et autoriserait les ministres du gouvernement à nommer leurs propres conseillers juridiques.