Netanyahu et Abbas maintiennent un lien malgré les tensions entre Israël et l’AP
Une rencontre et plusieurs appels entre Tzachi Hanegbi et Hussein al-Sheikh pour apaiser les tensions et transmettre des avertissements, selon un responsable palestinien
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a approuvé une voie de communication secrète pour maintenir le contact avec l’Autorité palestinienne (AP), malgré les fortes tensions publiques occasionnées par la formation du gouvernement d’extrême droite israélien sur les liens entre Jérusalem et Ramallah, a confirmé un responsable palestinien au Times of Israel lundi.
La ligne de communication a été établie le mois dernier entre le président du Conseil de sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, et le secrétaire général du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Sheikh, a déclaré le responsable, confirmant une information publiée par Axios.
Selon le responsable, le mérite de la création de ce canal de communication revient à l’administration du président des États-Unis, Joe Biden. Les responsables américains ont transmis la demande d’al-Sheikh de s’entretenir avec le Premier ministre israélien avant même que Netanyahu ne forme son gouvernement.
Hanegbi et al-Sheikh sont tous deux de proches confidents de leurs patrons respectifs, témoignant de l’importance de ce canal. Les deux hommes se sont rencontrés au moins une fois en personne et se sont téléphoné à plusieurs reprises au cours des dernières semaines, selon le représentant palestinien.
Un haut fonctionnaire israélien a déclaré à Axios que le statut final du conflit israélo-palestinien ne serait pas discuté par ce canal qui serait plutôt utilisé pour maintenir une ligne de communication ouverte avec Ramallah afin de désamorcer les tensions.
Cette voie de communication secondaire a été maintenue malgré la décision d’Israël de prendre une série de sanctions à l’encontre de l’AP pour son initiative réussie à l’ONU le mois dernier, demandant à la Cour internationale de justice (CIJ) de présenter un avis juridique sur la conduite d’Israël dans les territoires.
Illustrant à quel point le niveau des relations entre les deux parties est tombé bas, l’AP a annoncé le mois dernier le gel de sa coordination avec Tsahal en matière de sécurité, à la suite d’un raid militaire meurtrier dans la ville palestinienne de Jénine. Cette décision a suspendu un mécanisme vital soutenu par les États-Unis qui avait survécu aux précédentes périodes de tension, bien qu’Abbas a admis à huis clos que certains éléments de cette coopération avaient été maintenus.

Les liens entre l’AP et le précédent gouvernement dirigé par les anciens premiers ministres Naftali Bennett et Yair Lapid étaient ouverts et souvent cordiaux, avec plusieurs rencontres officielles entres des ministres et Abbas. Tout en refusant d’engager des pourparlers diplomatiques, ce gouvernement a néanmoins fait adopter une série de gestes sans précédent en faveur des Palestiniens, dont notamment l’approbation de milliers de permis de travail, de centaines de permis de construction et l’enregistrement de milliers de citoyens sans papiers.
Le nouveau gouvernement dur de Netanyahu, qui a prêté serment fin décembre, comprend de nombreux ministres intransigeants, farouchement opposés à toute concession aux Palestiniens.
Selon Axios, on ignore si certains des membres les plus à droite de la coalition – qui ont également prôné la dissolution de l’AP et critiqué les contacts des gouvernements précédents avec Ramallah – avaient connaissance de cette voie de communication secondaire avec l’AP.
Israël aurait également utilisé cette voie de communication pour transmettre un avertissement à l’AP, selon un fonctionnaire au fait de la situation. Jérusalem aurait menacé de suspendre une série de mesures visant à assouplir les restrictions imposées aux Palestiniens pendant le Ramadan si Ramallah continuait à faire pression en faveur d’une résolution du Conseil de sécurité condamnant la décision du cabinet de la semaine dernière de légaliser neuf avant-postes et de faire avancer les plans pour quelque 10 000 nouvelles implantations en réponse à une série d’attaques à Jérusalem-Est.
L’AP a cédé aux pressions américaines et israéliennes dimanche et a accepté de faire pression en faveur d’une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité plus symbolique condamnant toute activité d’implantation, qui a été adoptée lundi.

S’exprimant lors d’un événement à Jérusalem organisé par la Conférence des présidents des organisations juives d’Amérique du Nord lundi, Hanegbi semble avoir fait allusion à l’existence de ce canal.
« Il y a eu des discussions avec les Américains et aussi avec nous concernant la création d’une sorte de nouvel environnement en mettant fin aux mesures unilatérales qui ont été prises ces derniers mois. Nous sommes prêts à le faire », a-t-il déclaré.
Hanegbi a déclaré qu’Israël a également exhorté l’AP à cesser toute initiative diplomatique visant Israël dans les forums internationaux.
« Il y a matière à dialogue avec les Palestiniens, et nous espérons que cela pourra se faire très bientôt », a-t-il déclaré.