Netanyahu et Katz donnent 48h à Tsahal pour empêcher le Hamas de s’emparer de l’aide
La directive intervient alors que des vidéos montrent des hommes armés à bord de camions distribuant des marchandises dans le nord de Gaza

Le bureau du Premier ministre a annoncé mercredi avoir donné l’ordre de présenter, dans un délai de 48 heures, un plan visant à empêcher le Hamas de s’emparer de l’aide humanitaire.
Dans une déclaration conjointe avec le ministre de la Défense Israel Katz, Netanyahu avait affirmé que le Hamas avait pris le contrôle de l’aide humanitaire entrant dans le nord de la bande de Gaza et qu’il la volait aux civils gazaouis.
« Suite à des informations reçues aujourd’hui indiquant que le Hamas a repris le contrôle de l’aide humanitaire entrant dans le nord de la bande de Gaza et la vole aux civils, le Premier ministre et le ministre de la Défense ont demandé à Tsahal de présenter dans les 48 heures un plan opérationnel pour empêcher le Hamas de s’emparer de cette aide », a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué.
L’annonce est intervenue une heure après que l’ancien Premier ministre Naftali Bennett, qui s’impose comme l’un des principaux opposants de Netanyahu en vue des prochaines élections, a publié sur X une vidéo montrant des hommes armés, qu’il a identifiés comme des terroristes du Hamas, à bord de camions remplis d’aide humanitaire qu’ils se seraient appropriée.
Bennett a affirmé que, selon les soldats présents sur le terrain, ces derniers avaient reçu pour consigne de laisser entrer les camions dans la bande de Gaza sans intervenir ni contrôler ce qu’il en advenait.
« Voilà comment nous continuons à approvisionner le Hamas en argent et en pouvoir », a écrit Bennett dans une critique de la gestion de la situation par le gouvernement.
Il n’y a eu aucune confirmation que les hommes armés étaient bien des membres du Hamas, et le quotidien Haaretz a cité des témoins sur place qui ont affirmé que les hommes armés étaient des membres d’un clan chargés de protéger l’aide humanitaire contre les pillards alors que les camions se rendaient à un entrepôt de l’ONU dans le nord de Gaza.
Peu avant cette annonce, la chaîne N12, citant un responsable israélien sous couvert d’anonymat, avait rapporté mercredi qu’Israël avait interrompu les livraisons d’aide à Gaza en raison des craintes que le groupe terroriste palestinien du Hamas ne s’empare de l’aide, et à la suite des menaces du ministre des Finances Bezalel Smotrich de quitter le gouvernement.
Des images et des rapports sur l’aide acheminée jeudi dans la bande de Gaza contredisent toutefois cette affirmation.
La Fondation humanitaire pour Gaza, soutenue par les États-Unis et Israël, a déclaré plus tard dans la journée qu’elle avait été autorisée à distribuer l’aide, tandis que l’aide destinée à être distribuée par l’ONU avait été bloquée par Israël.
הסרטון הזה צולם היום. רואים בו חמושים של החמאס שהשתלטו שוב על משאיות מזון שממשלת ישראל הכניסה לרצועה.
לוחמים בשטח הסבירו לי שאלו ההוראות כיום, להכניס משאיות בלי בקרה.
ככה ממשיכים להזין את חמאס בכסף ובכוח.
שרי הממשלה התחייבו ש״אף גרגר לא ייכנס״ וכרגיל המציאות הפוכה.
מביש. pic.twitter.com/Sj5Wozwgb8
— Naftali Bennett נפתלי בנט (@naftalibennett) June 25, 2025
Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite qui réclame depuis longtemps une position plus radicale vis-à-vis de Gaza, n’a pas formulé cette menace publiquement, bien qu’il ait déjà déclaré qu’il quitterait la coalition si la guerre à Gaza prenait fin avant la destruction complète du Hamas.
Le responsable a ajouté que les livraisons d’aide resteraient suspendues jusqu’à ce que Tsahal soumette son plan.
Malgré ces informations faisant état d’une décision israélienne de suspendre la distribution de l’aide humanitaire à Gaza en raison de craintes que le Hamas détourne les fournitures, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a poursuivi sa distribution jeudi, a déclaré un porte-parole au Times of Israel.
L’aide de la GHF représente environ la moitié de l’aide qui entre chaque jour à Gaza, l’autre moitié provenant en grande partie d’organisations soutenues par l’ONU. On ne sait pas si cette dernière moitié a été suspendue, alors que l’aide de l’ONU serait davantage exposée au pillage. Un porte-parole de l’ONU n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
Des images diffusées par les médias palestiniens ont montré que l’aide humanitaire continuait d’être distribuée à partir de camions à Gaza-City, dans le nord de la bande de Gaza. Selon les informations reçues, les camions avaient atteint leur destination et leur cargaison était distribuée par des clans locaux et des « comités de sécurité », tous deux opérant sous l’autorité du Hamas.
توزيع المساعدات الإنسانية على المواطنين في مدينة غزة بعد إدخالها وتأمينها من قبل العشائر ولجان التأمين أمس. pic.twitter.com/0WFl1ndc2c
— شبكة فلسطين للحوار (@paldf) June 26, 2025
Le GHF ne dispose pas de centre de distribution d’aide dans le nord de Gaza, contrairement au sud et au centre.
Israël accuse depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, le groupe terroriste palestinien du Hamas de détourner l’aide humanitaire, de la stocker et de la revendre à des prix exorbitants. Ce jour-là, le Hamas avait lancé son invasion dans le sud d’Israël, perpétrant un véritable pogrom au cours duquel les terroristes du groupe ont assassiné plus de 1 200 personnes et en ont kidnappé 251 pour les emmener en otage dans la bande de Gaza.
Les Nations unies (ONU) et plusieurs organisations humanitaires ont à plusieurs reprises mis en garde contre des pénuries alimentaires critiques à Gaza et le risque imminent de famine.
Israël avait déjà suspendu l’acheminement de l’aide par le passé, accusant le Hamas de détourner les livraisons. Le mois dernier, une nouvelle organisation, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, a ouvert quatre centres de distribution destinés à livrer directement l’aide aux habitants de Gaza, dans le but d’empêcher le Hamas de s’emparer des marchandises.
Dans le nord, la distribution de l’aide est principalement assurée par des organisations humanitaires opérant sous l’égide de l’ONU, comme le Programme alimentaire mondial (PAM).
Dans le sud et le centre de la bande de Gaza, les opérations de la GHF ont été ponctuées par des fusillades meurtrières, alors que des centaines de milliers de Palestiniens tentaient d’atteindre les centres de distribution. Tsahal ne gère pas ces centres, mais assure la sécurité des routes d’accès. Israël a reconnu que, dans certains cas, des soldats ont ouvert le feu lorsque des Palestiniens s’approchaient de leurs positions. L’armée accuse le Hamas de provoquer délibérément des incidents violents aux abords des centres de distribution.
Jeudi, les autorités sanitaires contrôlées par le Hamas ont indiqué que trois personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines blessées alors qu’elles attendaient l’arrivée de camions d’aide de l’ONU le long d’une route principale dans le centre de la bande de Gaza.
L’ONU et les principales organisations humanitaires ont refusé de coopérer avec la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soupçonnée d’avoir été créée pour servir des objectifs militaires israéliens.
La GHF a commencé ses opérations à Gaza après près de trois mois de blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, à la suite de l’effondrement du dernier accord de cessez-le-feu et d’échange d’otages contre des prisonniers sécuritaires palestiniens avec le Hamas début mars.

Par ailleurs, les autorités sanitaires du Hamas accusent Israël d’avoir causé la mort d’au moins 21 Palestiniens dans la bande de Gaza ce jeudi, alors que des médiateurs tentent de relancer les négociations entre Israël et le Hamas en vue d’un nouveau cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre.
Selon ces autorités, une frappe aérienne israélienne aurait tué au moins neuf personnes dans une école servant de refuge à des familles déplacées dans la banlieue de Sheikh Radwan, à Gaza-City. Une autre frappe aurait tué neuf personnes à proximité d’un campement de tentes à Khan Younès, dans le sud de l’enclave.
Trois autres personnes auraient été tuées par des tirs israéliens et des dizaines d’autres blessées alors qu’elles attendaient des camions d’aide de l’ONU le long d’une route principale dans le centre de Gaza, selon les secouristes. Il s’agirait du dernier incident meurtrier survenu aux points de distribution de l’aide.
L’armée israélienne n’a pas encore commenté ces informations. Israël affirme que ses opérations visent à éliminer les terroristes qui se dissimulent au sein de la population civile de Gaza.