Netanyahu promet d’aider les entreprises après l’effondrement d’une banque hi-tech US
Après la faillite de la Silicon Valley Bank, le ministre des Finances Smotrich a dit qu'il allait former une équipe chargée d'en examiner les conséquences pour les firmes en Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a indiqué samedi qu’il était en contact avec des personnalités de premier plan du secteur technologique suite à l’effondrement de la Silicon Valley Bank aux États-Unis.
Netanyahu, qui devait faire son retour en Israël après un déplacement à Rome, a ajouté qu’il restait attentif à la question et qu’il rencontrerait, une fois rentré, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, le ministre de l’Économie Nir Barkat et le gouverneur de la Banque d’Israël Amir Yaron.
« Si c’est nécessaire, et parce que nous assumons une responsabilité à l’égard des compagnies et des employés du secteur technologique en Israël, nous prendrons des initiatives pour venir en aide aux entreprises israéliennes dont les opérations se concentrent en Israël de manière à ce qu’elles puissent traverser cette crise de liquidités », a-t-il affirmé dans un communiqué.
Il a ajouté que l’économie israélienne « est forte et stable et c’est ce qui s’exprime encore une fois dans le cadre de cette crise ».
Smotrich a ajouté qu’il allait former une équipe particulière pour examiner les conséquences potentielles, en Israël, de cet effondrement de la banque. Elle comprendra le directeur-général du Trésor et des responsables de la Banque d’Israël, de l’Autorité des titres et de l’Autorité de l’innovation.
Selon Smotrich, l’équipe entrera en contact avec des firmes technologiques et avec des institutions financières en Israël et aux États-Unis. Il a juré de trouver des solutions pour les entreprises si c’est nécessaire.
« L’État d’Israël se tiendra aux côtés de l’industrie technologique locale et l’aidera à traverser cette crise », a écrit Smotrich sur Twitter.
Les régulateurs ont saisi les actifs de la Silicon Valley Bank dans la journée de vendredi – c’est la plus grosse faillite connue par une institution financière américaine depuis le plus fort de la crise financière, il y a presque 15 ans.
La Silicon Valley Bank, la 16e banque la plus importante aux États-Unis, a fait faillite après que ses clients se sont empressés de retirer leurs fonds, cette semaine, très inquiets de la santé financière de l’institution. C’est la plus grosse faillite bancaire de toute l’Histoire américaine après l’effondrement de Washington Mutual en 2008.
La banque a servi en majorité les entrepreneurs hi-tech et les firmes soutenues par des fonds de capital-risque. Elle a travaillé avec certains des noms les plus connus de l’industrie.
« C’est un événement dramatique pour les start-ups, un événement s’apparentant à une possible extinction », a commenté Garry Tan, directeur-général de Y Combinator, un incubateur de start-ups qui a lancé Airbnb, DoorDash et Dropbox et qui avait mis en relation, dans le passé, des centaines d’entrepreneurs avec la banque.
« J’ai littéralement entendu des centaines de nos entrepreneurs demander de l’aide et demander comment ils pourront traverser cette épreuve. Ils interrogent : ‘Faudra-t-il que je licencie mes employés ?’, » a-t-il dit.
Il semble y avoir peu de chance que le chaos se propage dans le secteur bancaire plus largement, comme ça avait été le cas dans les mois qui avaient mené à la Grande récession. Les plus grandes banques – celles qui sont le plus susceptibles d’entraîner un effondrement économique – présentent des bilans sains et elles disposent de nombreux capitaux.
Presque la moitié des entreprises technologiques et de soins de santé américaines qui sont entrées en Bourse, l’année dernière, après avoir obtenu leurs premiers financements de la part de sociétés de fonds de capital-risque étaient des clientes de la Silicon Valley Bank, selon le site internet de la Banque.
La banque se vantait également de ses liens avec de grandes entreprises du secteur hi-tech comme Shopify, ZipRecruiter et avec l’une des plus importantes sociétés de capital-risque, Andreessen Horowitz.
Tan a estimé que presque un tiers des start-ups évoluant au sein de l’incubateur Y Combinator ne seront pas en mesure de verser des salaires le mois prochain si elles sont dans l’impossibilité d’accéder à leur argent.
Le fournisseur internet Roku fait partie des victimes de l’effondrement de l’institution financière. Il a fait savoir, vendredi, qu’environ 26 % de ses liquidités – 487 millions de dollars – avaient été déposés à la Silicon Valley Bank.
Roku a noté que ses dépôts de fonds au sein de SVB étaient largement non garantis et qu’il était difficile de dire « dans quelle mesure » le fournisseur internet sera capable de les récupérer.
Dans le cadre de leur saisie des actifs de l’institution, les régulateurs des banques de Californie et la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) ont déposé les avoirs de la banque dans une institution qui vient tout juste d’être créée – la Deposit Insurance Bank of Santa Clara. Cette banque commencera à verser les dépôts de fonds qui étaient garantis dès lundi. Ensuite, la FDIC et les régulateurs de Californie prévoient de vendre le reste des actifs de la Banque pour tenter de dédommager les autres clients.
Il y a eu un malaise dans le secteur bancaire pendant toute la semaine, le prix des actions baissant de deux chiffres. L’information portant sur les difficultés rencontrées par la Silicon Valley Bank a ensuite entraîné une nouvelle baisse des actions de toutes les institutions financières, vendredi.
Cette faillite est survenue à une vitesse incroyable. Ainsi, certains analystes de l’industrie laissaient encore entendre, vendredi, que la banque était une bonne compagnie et un investissement avisé. De leur côté, les cadres de la Silicon Valley Bank s’efforcent de lever des capitaux et de trouver de nouveaux investisseurs encore. Toutefois, l’échange des actions de la banque, en Bourse, a été interrompu en raison de l’instabilité extrême.
La FDIC avait pris l’initiative de fermer administrativement la banque peu avant midi. Fait remarquable, l’agence n’avait pas attendu la fermeture du marché, ce qui est l’approche habituelle. Elle n’est pas parvenue en réalité à retrouver immédiatement un acheteur pour les avoirs de la banque, ce qui signale la rapidité à laquelle les clients de la banque ont pu retirer leurs fonds.
La Maison Blanche a fait savoir que la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, « surveille étroitement » la situation en cours. L’administration a cherché à rassurer le public sur l’état de santé général du système bancaire, qui est beaucoup plus sain que pendant la Grande récession.
« Notre système bancaire est fondamentalement différent de ce qu’il était il y a une décennie, vous savez », a commenté Cecilia Rouse, présidente du Conseil des consultants économiques de la Maison Blanche. « Les réformes qui ont été mises en place offrent vraiment cette résilience à laquelle nous voulons assister ».
En 2007, la plus grande crise financière depuis la Grande dépression avait déferlé sur tout le globe après le krach des prêts immobiliers hypothécaires à risque, les subprimes, des prêts qui étaient consentis à des foyers modestes. La panique qui s’était emparée de Wall Street avait entraîné la disparition de Lehman Brothers, une firme fondée en 1847. Parce que les banques majeures étaient largement exposées les unes aux autres, un effondrement en cascade avait eu lieu dans le système financier du monde entier, entraînant des millions de chômeurs.
Au moment de sa faillite, la Silicon Valley Bank, dont le siège est à Santa Clara, en Californie, comptait 209 milliards d’avoirs au total, a fait savoir la FDIC. Il est difficile de dire combien de dépôts étaient supérieurs à la limite de garantie qui est de 250 000 dollars, mais des rapports montrent qu’un grand nombre de comptes dépassaient ce montant.
La banque avait annoncé jeudi son plan de soulever une somme de 1,75 milliard de dollars afin de renforcer son positionnement en matière de capital. En réaction, les investisseurs avaient quitté le navire en toute hâte et les actions avaient plongé de 60 %. Elles avaient encore chuté davantage, vendredi, avant l’ouverture du Nasdaq où les actions de la banque sont échangées.
Comme son nom l’implique, la Silicon Valley Bank était un conduit financier majeur entre le secteur de la hi-tech, les start-ups et les employés du milieu. Dans le passé, si un fondateur de start-up voulait trouver de nouveaux investisseurs ou entrer en Bourse, il était considéré comme souhaitable d’entretenir une relation avec la banque.
Créée en 1983 par Bill Biggerstaff et par Robert Medearis pendant une partie de poker, la banque s’était appuyée sur ses origines ancrées dans la Silicon Valley pour devenir un pilier de l’industrie de la technologie.
Les liens de la Silicon Valley Bank au secteur de la hi-tech ont finalement ajouté à ses difficultés. Les actions du secteur ont été durement frappées au cours des 18 derniers mois après une forte croissance pendant la pandémie et les licenciements sont devenus nombreux dans l’industrie. Les fonds de capital-risque ont essuyé des pertes de leurs côtés.
De plus, la banque a été durement frappée par la lutte menée par la Federal Reserve contre l’inflation et par une série agressive de hausse des taux d’intérêt pour calmer l’économie.
Alors que la Fed a élevé son taux directeur, la valeur des actions qui sont pourtant généralement stables avait commencé à chuter. Ce qui n’est pas un problème en soi – mais lorsque les clients des banques ressentent de l’anxiété et qu’ils commencent à retirer leurs fonds, les établissements bancaires doivent parfois vendre ces titres avant qu’ils ne soient arrivés à maturité pour couvrir les pertes.
Et c’est très exactement ce qui est arrivé à la Silicon Valley Bank, qui a dû vendre 21 milliards de dollars d’actifs hautement liquides pour couvrir les retraits soudains, avec une perte de 1,8 milliard de dollars sur cette vente.