Netanyahu pourrait se voir interdire de choisir le nouveau chef de la police
Le procureur général a conseillé au ministre de la Sécurité intérieure de le consulter au sujet d’un possible conflit d’intérêt
Le procureur général Avichai Mandelblit a laissé entendre que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est visé par une enquête, pourrait se voir interdire de choisir le prochain chef de la police.
Dans une lettre envoyée au ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, dont le ministère supervise la police, Mandelblit a dit qu’on lui a présenté des arguments juridiques soutenant que Netanyahu – et n’importe quel autre ministre visé par une enquête – ne devrait pas pouvoir traiter cette question à cause du conflit d’intérêt.
Tout en refusant de donner son opinion juridique, le procureur général a dit à Erdan : « Je demande qu’avant que vous ne commenciez à traiter cette question vous me contactiez afin que je puisse examiner les aspects du conflit d’intérêt lié aux députés qui sont visés par une enquête de police et que je puisse vous conseiller en conséquence ».
Le message du procureur général intervient sur fond de rumeurs et d’informations selon lesquelles Netanyahu essayerait de remplacer le Commissaire de Police Roni Alsheich.
Netanyahu aurait tenu des rencontres secrètes avec le chef de la police du district de Jérusalem Yoram Halevi dans le dos d’Alsheich, alimentant encore plus la spéculation que le chef de la police israélienne ne restera pas en poste une année de plus.
Selon les médias israéliens, Netanyahu a contacté Halevi par le biais d’un intermédiaire et l’a aussi rencontré à plusieurs reprises, sans qu’Alsheich ni Erdan ne soient au courant.
Halevi est considéré comme un candidat très sérieux à la succession d’Alsheich, qui, selon certaines informations, ne serait peut-être pas reconduit pour une quatrième année au terme de son mandat de trois ans en décembre.
Alsheich n’aurait pas apprécié que Netanyahu et Halevi s’entretiennent avec cet intermédiaire qui est, selon Hadashot TV, une figure politique, et a demandé qu’ils y mettent un terme.
« Je ne permettrai pas que quiconque donne des ordres qui ne passent pas pas la police d’Israël », aurait dit Alsheich, cité par le quotidien Haaretz, à des associés.
Netanyahu et Halevi ont nié les accusations.
Des sources de la police citées par Hadashot ont dit que des associés d’Halevi pensaient qu’Alsheich cherchait à saborder sa candidature afin de s’assurer une quatrième année en fonction.
« Alsheich mène un assassinat ciblé afin de présenter [Halevi] comme le larbin de Netanyahu », auraient dit les sources citées, alors que le programme rapportait des affirmations selon lesquelles Netanyahu soutiendrait la candidature d’Halevi en échange de sa bienveillance à l’égard du Premier ministre dans la série d’enquêtes pour corruption qui visent Netanyahu.
La police a nié toute tension entre les deux chefs.
« La Police israélienne réfute toutes les affirmations concernant des conflits ou toutes autres affirmations concernant la nature des relations entre des responsables haut gradés… Nous assistons à nouveau à de la désinformation prétendument en provenance du chef de la police ou de ses ‘associés’ », a déclaré la police.
Le reportage de jeudi est intervenu au milieu de tensions entre Netanyahu et Alsheich, que le Premier ministre a accusé d’avoir fait fuiter des informations à la presse et de mener une « chasse aux sorcières » contre lui.
Alors que le rumeurs vont bon train concernant son avenir, Alsheich a été cité le mois dernier comme ayant déclaré qu’il n’allait pas compromettre ses valeurs pour conserver le poste.
Le mandat actuel d’Alsheich doit s’achever le 3 décembre. A ce moment, on s’attend à ce que la police ait terminé son enquête et envoyé ses conclusions au procureur d’état sur toutes les affaires impliquant Netanyahu, si bien que le départ d’Alscheich n’aurait aucun impact sur le résultat de l’enquête. En février, la police a recommandé que Netanyahu soit poursuivi pour corruption, fraude et abus de confiance dans les Affaires 1000 et 2000.
En mars, Netanyahu a dit que les officiels du maintien de l’ordre subissaient des pressions pour poursuivre des enquêtes judiciaires contre lui.
Dans l’Affaire 1000, Netanyahu et sa femme sont soupçonnés d’avoir reçu des cadeaux illicites pour un montant d’environ un million de shekels de la part du producteur hollywoodien Arnon Milchan et du propriétaire australien James Packer en échange de certains avantages.
L’Affaire 2000 implique un accord de compromis présumé passé entre Netanyahu et le directeur de la publication du journal Yedioth Ahronoth, Arnon Mozes, qui aurait vu le Premier ministre affaiblir par le biais d’une législation un quotidien rival, Israel Hayom, propriété de Sheldon Adelson, en échange d’une couverture médiatique de ses actions plus favorable.
Netanyahu a également été interrogé dans le cadre de l’affaire 4000. Benjamin Netanyahu est soupçonné d’avoir favorisé le passage d’une loi qui bénéficierait à Shaul Elovitch, propriétaire de Bezeq, en échange d’une couverture médiatique flatteuse de la part de son site d’information Walla.
L’affaire 3000 concerne la corruption présumée dans l’achat de plusieurs milliards de shekels de sous-marins et d’autres navires de la marine à un constructeur naval allemand. Il y a des suspicions que des fonctionnaires aient été soudoyés pour influencer l’achat de quatre bateaux de patrouille et trois sous-marins Dolphin de ThyssenKrupp pour un montant total de 2 milliards d’euros, malgré l’opposition du ministère de la Défense. La police a assuré que Netanyahu n’est pas suspect dans l’affaire 3000, mais un certain nombre de ses proches le sont.
Netanyahu a nié toute malversation dans les différents dossiers.