Netanyahu promet des routes de contournement pour les implantations mais…
Le Premier ministre affirme que des fonds seront trouvés même s'il doit piocher dans tous les ministères mais certains chefs d'implantations l'accusent de faire des promesses vides
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis dimanche de paver de nouvelles routes de contournement pour les habitants d’implantations en Cisjordanie, même si cela devait impliquer de réunir les fonds nécessaires à partir des budgets de l’ensemble des ministères.
S’exprimant lors d’une réunion avec les ministres de son parti du Likud, Netanyahu a promis de promouvoir un plan de construction de ces routes dans les meilleurs délais, a indiqué au Times of Israël un responsable proche du Premier ministre.
Le responsable a ajouté que Netanyahu avait dit aux ministres qu’il avait l’intention de réaliser ce projet même si cela devait aboutir à des coupes budgétaires dans d’autres bureaux gouvernementaux.
Ces propos viendraient répondre aux critiques lancées par des ministres du Likud et des dirigeants d’implantations sur ce qu’ils avaient perçu comme des constructions insuffisantes en Cisjordanie.
Tous ceux qui étaient présents lors de cette réunion de dimanche ne se sont pas satisfaits de cette promesse.
« Il y a 10 milliards de shekels dont l’Etat ne fait pas usage. Les routes de contournement sont une affaire de vies qui pourront être sauvées. Il y a un moyen de résoudre cela et il faut que nous le fassions », a estimé la ministre de l’Egalité sociale Gila Gamliel.
Le responsable du Bureau du Premier ministre présent lors de la rencontre a indiqué que Netanyahu n’avait pas répondu à Gamliel.
Les routes de contournement ont été arrêtées sur la liste des projets de construction qui devraient être avancés mardi et mercredi par le sous-comité de planification de l’Administration civile – l’instance du ministère de la Défense autorisant les constructions en Cisjordanie.
Ces routes de contournement permettent de créer des routes séparées pour les Israéliens et pour les Palestiniens en Cisjordanie. Les résidents d’implantations disent que ces routes font partie intégrante de leur sécurité, citant des attaques terroristes commises sur des axes traversant les villages palestiniens. Ils affirment également qu’elles profiteront à tous les habitants de Cisjordanie – Juifs et Arabes de la même façon – en réduisant la circulation.
Mais les opposants à ces routes les qualifient de discriminatoires et disent qu’elles mèneront à l’établissement d’avants-postes illégaux au bord de ces nouveaux axes routiers, qui seront parfois élaborés sur des terres privées palestiniennes.
Tandis que les dirigeants d’implantations réclament d’une seule voix depuis des années la construction de ces routes, les réponses à la promesse de Netanyahu s’avèrent mitigées.
Le directeur du Conseil régional de Binyamin et président sortant du Conseil de Yesha, organisation-cadre du mouvement pro-implantations, a salué Netanyahu dans une déclaration faite dimanche.
« Nous sommes heureux que le Premier ministre place la question des routes de contournement en Judée et Samarie sur son agenda. De plus, nous notons que la question de ces routes est un problème stratégique qui impacte notre capacité à développer des implantations à travers la Judée et la Samarie » a-t-il ajouté, se référant à la Cisjordanie par son nom biblique.
Mais le chef du Conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, n’a pas voulu pour sa part prendre Netanyahu au mot. Déjà la semaine dernière, Dagan avait critiqué le Premier ministre en raison de ce qu’il avait considéré comme un nombre insuffisant d’approbations d’unités de logement par l’Administration civile, et sa déclaration en réaction à l’engagement pris par Netanyahu ce dimanche s’est voulu sur le même ton.
« Je suis désolé, mais il y a certaines personnes qui tentent de nous mener par le bout du nez », a-t-il estimé.
« On nous a promis des routes de contournement à maintes reprises. On nous fait des promesses. On ne nous fait pas de routes. Le Premier ministre doit s’engager et prendre une date claire et imminente pour ces routes de contournement. La sécurité des habitants de Judée et de Samarie ne doit pas être abandonnée », a dit Dagan.
Le chef du Conseil de Samarie n’a pas été le seul à attaquer Netanyahu depuis la droite de l’échiquier politique dimanche en ce qui concerne les constructions au-delà de la Ligne verte.
Le législateur du parti HaBayit HaYehudi Bezalel Smotrich a expliqué que l’avancée des constructions dans les implantations en Cisjordanie avait ralenti sous la présidence de Donald Trump, en comparaison avec l’époque de gouvernance de son prédécesseur Barack Obama.
« Nous sommes arrivés à une situation pire sous l’administration Trump que sous l’administration Obama », s’est exclamé Smotrich au micro de la radio israélienne.
Ses propos sont venus répondre à la publication par l’Administration civile de l’ordre du jour des sessions de mardi et mercredi, au cours desquelles l’instance se penchera sur les plans approximativement 2 000 nouvelles unités de logement.
Un quart des 1 200 habitations qui devraient obtenir une approbation finale entrent dans le cadre des projets définis pour les évacués des avants-postes illégaux d’Ulpana (à Beit El), de Migron et d’Amona, qui ont été détruits respectivement en juin 2012, septembre 2012 et février 2017, après que la Haute cour de justice a estimé qu’ils avaient été érigés sur des terres privées palestiniennes.
De plus, une instance séparée du ministère de la Défense devrait faire avancer la planification de 31 unités de logements au sein de l’implantation juive de Hébron, lundi. Ce serait la première approbation donnée en faveur de cette implantation controversée en 12 ans. La municipalité palestinienne de la ville devrait se tourner vers la Haute-cour concernant cette expansion, affirmant que les habitants d’implantation n’ont pas le droit de faire construire dans le secteur désigné.
Plus de la moitié des unités de logement prévus seraient construits hors de ce qu’on appelle les « blocs d’implantation » qu’Israël s’est juré de conserver dans le cadre d’un accord futur par le biais d’échanges de terres avec les Palestiniens.
Répondant au nombre de constructions avancé la semaine dernière, Dargan avait âprement critiqué Netanyahu et son gouvernement. « Nous devons dire la vérité. L’empereur est nu », avait-il commenté dans un communiqué, qualifiant Netanyahu de malhonnête après avoir renoncé à tenir des promesses antérieures faites aux chefs d’implantation de promouvoir plus de 3 000 habitations.
Un responsable du bureau du Premier ministre avait rejeté cette critique et offert des chiffres différents pour les plans présentés.
« Selon l’agenda publié par le conseil pour la planification, ce sont 3 736 unités de logement qui seront approuvées à différents stades de planification et de construction », avait répondu mardi dernier le responsable.
Il avait ensuite affirmé que les approbations de construction pour l’année 2017 devraient multiplier par quatre le chiffre de celles de l’année dernière.
« Ceux qui affirment que ce n’est pas une amélioration significative trompent l’opinion publique. Ceux qui pensent que les considérations politiques ne devraient pas être prises en compte se trompent. Personne ne travaille davantage en faveur des implantations avec sagesse et détermination que le Premier ministre Benjamin Netanyahu », avait maintenu le responsable.