Netanyahu accuse les Européens, réunis avec Kerry, de soutenir les Palestiniens
La France travaille sur un texte de consensus qui obtiendrait le soutien des 15 membres du Conseil de sécurité
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé les Européens, réunis lundi soir à Paris avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry, de faire cause commune avec les Palestiniens qui veulent poser un ultimatum à l’ONU.
« J’apprécie beaucoup les efforts du secrétaire d’Etat pour empêcher toute détérioration dans la région », a affirmé M. Netanyahu dans un communiqué.
Mais, a-t-il ajouté, « les tentatives des Palestiniens et de plusieurs pays européens d’imposer des conditions à Israël ne conduiront qu’à une détérioration de la situation régionale et mettront Israël en danger ».
Paris recherche une « solution de rassemblement » dans la course diplomatique engagée à l’Onu autour du conflit israélo-palestinien, a déclaré à l’AFP M. Fabius, juste avant de rencontrer ses homologues.
« Si les Palestiniens déposent (devant l’ONU) le texte qu’ils ont entre les mains, les Américains ont déjà annoncé qu’ils opposeraient leur veto. Et donc d’une part cette résolution ne pourra pas être acceptée, d’autre part il y aura vraisemblablement des mesures de réaction du côté palestinien. Nous ce que nous voulons, c’est qu’on trouve une solution de rassemblement », a-t-il expliqué.
La proposition française appellerait à la reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes, gelées depuis le printemps, sur la base d’une série de grands principes comme la coexistence pacifique d’Israël et d’un Etat palestinien, mais sans fixer de délai pour le retrait des territoires occupés.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a entamé lundi à Rome une rencontre sous tension avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry, après avoir sèchement rejeté tout ultimatum palestinien devant les Nations unies.
La rencontre entre les deux hommes a débuté vers 14H45 (13H45 GMT) à la résidence de l’ambassadeur américain à Rome.
« Nous n’accepterons pas les tentatives visant à nous imposer des mesures unilatérales dans un délai déterminé, alors que l’islamisme radical se propage dans le monde entier », avait déclaré le Premier ministre israélien dans la matinée, avant de s’envoler vers la capitale italienne.
Les Palestiniens ont annoncé dimanche soir leur intention de déposer dès mercredi, via la Jordanie, un projet de résolution devant les Nations unies réclamant le retrait israélien dans un délai de deux ans.
Le secrétaire d’Etat américain multiplie actuellement les entretiens en Europe pour tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Il a ainsi abordé le sujet dimanche soir avec son homologue russe.
Sergueï Lavrov a souligné la nécessité d’éviter que « la situation ne se détériore encore davantage », assurant chercher ce qui pouvait « être fait ensemble pour l’éviter ».
L’annonce des Palestiniens est tombée dans la soirée via une déclaration de Wassel Abou Youssef, un des dirigeants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP): « La direction palestinienne a décidé d’aller devant le Conseil de sécurité mercredi pour qu’il vote le projet (demandant) la fin de l’occupation » israélienne.
Cette initiative risque néanmoins de se heurter à un veto américain. Washington s’oppose à toute mesure unilatérale de la part des Palestiniens visant à obtenir de l’ONU la reconnaissance d’un Etat, jugeant qu’il doit être l’aboutissement de négociations de paix.
« Ce n’est pas la façon dont, je pense, il nous faut appréhender une négociation très compliquée, en imposant une échéance de deux ans », a commenté à ce propos un responsable du Département d’Etat.
« Attaque diplomatique »
M. Netanyahu avait déjà catégoriquement rejeté dimanche l’idée d’un retrait de Cisjordanie et de Jérusalem-Est d’ici à deux ans.
« Nous sommes confrontés à la possibilité d’une attaque diplomatique, autrement dit d’une tentative de nous imposer par des décisions de l’ONU un retrait aux lignes de 1967 dans un délai de deux ans », a-t-il affirmé.
Un tel retour « amènerait les islamistes extrémistes dans les banlieues de Tel Aviv et au cœur de Jérusalem », a-t-il estimé. « Nous le permettrons pas. Nous le rejetterons fermement et de façon responsable. »
Avant sa rencontre avec M. Kerry, le Premier ministre israélien a également rencontré le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.
M. Kerry doit ensuite se rendre à Paris quelques heures lundi en fin d’après-midi pour y retrouver les ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères, ainsi que la nouvelle chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini.
La France a lancé depuis plusieurs semaines des consultations avec Londres et Berlin, puis avec Washington et Amman, pour mettre au point un texte de consensus qui obtiendrait le soutien des 15 membres du Conseil de sécurité.
Ce texte appellerait à la reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes, gelées depuis le printemps, sur la base d’une série de grands principes comme la coexistence pacifique d’Israël et d’un Etat palestinien, mais sans fixer de délai pour le retrait des territoires.
« Dans le contexte d’absence de processus de paix qui nourrit les tensions sur le terrain, il est impératif d’avancer rapidement sur un projet de résolution au conseil de sécurité des Nations unies », a affirmé lundi le porte-parole du Quai d’Orsay.
Selon des sources diplomatiques, Paris essaie de rallier les Palestiniens à un compromis, mais ceux-ci semblent partagés entre ceux qui veulent aller vite, quitte à essuyer un veto américain, et d’autres qui se veulent plus constructifs.
Mais selon le responsable américain, il n’y a pas encore de consensus européen sur ce projet de résolution.
Dans la soirée, M. Kerry doit s’envoler pour Londres, où il doit rencontrer mardi le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat et le secrétaire général de la Ligue Arabe, Nabil El Arabi.