Israël en guerre - Jour 364

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Netanyahu à Athènes pour signer l’accord sur le gazoduc Eastmed

Long de 1 872 km, l'EastMed doit permettre d'acheminer entre 9 et 11 MDS de m3 de gaz naturel par an depuis les réserves offshores au large de Chypre et d'Israël vers l'Europe

Le Premier ministre Benjamen Netanyahu (au centre), le ministre Yuval Steinitz (à gauche), et Sara Netanyahu, à l'aéroport international Ben Gurion avant le départ pour Athènes, le 2 janvier 2020. (Haim Zach / GPO)
Le Premier ministre Benjamen Netanyahu (au centre), le ministre Yuval Steinitz (à gauche), et Sara Netanyahu, à l'aéroport international Ben Gurion avant le départ pour Athènes, le 2 janvier 2020. (Haim Zach / GPO)

Athènes, Chypre et Jérusalem s’apprêtent à signer jeudi dans la capitale grecque un accord sur le gazoduc EastMed, un projet d’importance géopolitique dans la Méditerranée orientale où l’exploitation d’hydrocarbures alimente actuellement les tensions avec la Turquie.

A la suite des entretiens prévus jeudi entre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le président chypriote, Nicos Anastasiades et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, les trois dirigeants vont solennellement signer cet accord « inter-étatique » à 16H30 GMT (18H30 heure locale).

L’objectif est de faire de trois pays un maillon important de la chaîne d’approvisionnement énergétique de l’Europe mais aussi d’afficher leur détermination face aux revendications d’Ankara, qui convoite les gisements énergétiques de la région.

En quittant Israël jeudi matin avec son ministre de l’Energie Yuval Steinitz, Benjamin Netanyahu a souligné, dans un communiqué, que « l’alliance des trois pays » revêtait « une énorme importance pour l’avenir énergétique d’Israël » et « pour la stabilité dans la région ».

Ce gazoduc « révolutionne l’image énergétique d’Israël », a-t-il indiqué.

« Nous allons participer à un sommet très important avec le président de Chypre et le nouveau Premier ministre grec. Nous avons établi une alliance en Méditerranée orientale, une alliance qui est d’une grande importance tant pour l’avenir énergétique de l’État d’Israël et sa transformation en puissance énergétique, que pour la stabilité régionale », a-t-il poursuivi.

« Le gazoduc que nous allons maintenant faire avancer, sur lequel le ministre Steinitz travaille depuis de nombreuses années, est ce qui va provoquer une révolution dans le paysage énergétique israélien. Non seulement nous allons faire baisser le prix du gaz et, plus tard, celui de l’électricité, mais cela va aussi permettre de verser des centaines de milliards dans les caisses de l’État au profit des citoyens israéliens, y compris les personnes âgées et les enfants, ainsi que des services de santé et des services sociaux. C’est fantastique et c’est ce qui nous occupe. Nous donnons une impulsion au gaz et à toutes les autres grandes réalisations que nous avons apportées et que nous continuerons à apporter à l’État d’Israël dans les années à venir », a-t-il souligné.

« De plus, nous savons que notre région est tourmentée ; il s’y passe des choses très, très graves. Nous sommes en alerte et nous surveillons la situation. Nous sommes en contact permanent avec notre grand ami les États-Unis, dont la conversation que j’ai eue hier après-midi. Je tiens à préciser une chose : nous soutenons pleinement toutes les mesures prises par les États-Unis ainsi que leur droit à se défendre et à défendre leurs citoyens ».

De son côté, le ministre grec de l’Energie et de l’Environnement Kostis Hatzidakis a affirmé sur la chaîne de télévision grecque Antena, que le pipeline était « un projet de paix et de coopération dans la Méditerranée orientale (…) en dépit des menaces turques ».

Gaz israélien vers l’Europe

D’une longueur de 1 872 km, l’EastMed, dont la plus grande partie sera sous-marine, doit permettre d’acheminer entre 9 et 11 milliards de m3 de gaz naturel par an depuis les réserves offshores au large de Chypre et d’Israël vers la Grèce, ainsi que vers l’Italie et d’autres pays du sud-est de l’Europe grâce aux gazoducs Poseïdon et IGB.

L’origine du projet remonte à l’an 2013 : à l’époque la Depa (société publique grecque de gaz naturel) avait inscrit ce projet sur la liste « des ouvrages d’intérêt commun » de l’Union européenne (UE) ayant ainsi bénéficié de ses fonds européens pour couvrir une partie des travaux préparatoires.

Le coût du gazoduc jusqu’en Italie est actuellement estimé à 6 milliards d’euros.

Un pré-accord sera signé jeudi après-midi au ministère grec de l’Environnement et de l’Energie entre la Depa et le consortium israélo-américain Energean Oil&Gas, qui exploite l’important gisement gazier de Leviathan en Israël.

Pour Athènes et Nicosie, « l’accélération des procédures concernant le projet EastMed est un moyen pour Athènes de contrer les tentatives de la Turquie voisine visant à empêcher le projet », a commenté mercredi le quotidien grec économique Kathimerini.

Car la découverte ces dernières années de gigantesques gisements gaziers en Méditerranée orientale attise la convoitise des pays de la zone.

Pressions turques

Les réserves de gaz et de pétrole au large de Chypre ont déclenché une dispute avec la Turquie dont l’armée occupe le tiers nord de ce pays, membre de l’UE.

Chypre a signé début novembre son premier accord d’exploitation de gaz avec un consortium regroupant les sociétés anglo-néerlandaise Shell, l’américaine Noble et l’israélienne Delek.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’exprime lors de la 74e Assemblée générale de l’ONU à New York, le 26 septembre 2019. (Crédit : Don Emmert / AFP))

Mais Ankara, qui conteste le droit de Chypre de mener toute exploration et exploitation des ressources énergétiques, s’est livrée à une démonstration de force ces derniers mois en envoyant des navires de forage dans la Zone économique exclusive (ZEE) de Chypre malgré des avertissements de Washington et de l’UE. Cette dernière a adopté une série de mesures politiques et financières pour sanctionner la poursuite de ces forages.

Défiant ces avertissements et pour mieux renforcer sa position dans la région, Ankara a signé fin novembre un accord maritime controversé avec le gouvernement libyen d’union (GNA).

« Avec cet accord, nous avons augmenté au maximum le territoire sur lequel nous avons autorité. Nous pouvons mener des activités d’exploration conjointes », a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, lors d’une interview à la télévision publique turque TRT le 9 décembre.

Cet accord, qui délimite les frontières maritimes entre les deux pays, a été vivement condamné par plusieurs pays, dont Chypre et la Grèce, voisins de la Turquie.

Athènes a qualifié cet accord de « perturbateur » pour la paix et la stabilité dans la région et appelé le 10 décembre les Nations unies à le condamner en soulignant qu’il viole le droit maritime international et les droits souverains de la Grèce et d’autres pays ».

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