Netanyahu « sera condamné… s’il est jugé », dit l’ancien chef de la police
Dans une interview, Roni Alsheich s'inquiète de savoir si le Premier ministre parviendra à s'octroyer l'immunité et espère qu'il démissionnera avant qu'un verdict ne soit émis

L’ancien commissaire de la police israélienne Roni Alsheich, qui a supervisé les enquêtes de corruption sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a dit au cours d’une interview être convaincu que le Premier ministre serait condamné, à moins qu’il ne parvienne à faire adopter une loi lui accordant l’immunité pendant la durée de son mandat.
Ses commentaires surviennent près de deux ans après la fin du mandat d’Alsheich, et avant la publication de son livre.
Dans l’interview avec le journal Yedioth Ahronoth, Alsheich répond à une question concernant une éventuelle condamnation de Netanyahu à la lumière des preuves recueillies.
« Toute la question est de savoir s’il ira ou non au tribunal », a répondu Alsheich. « Tout peut arriver. Peut-être aura-t-il l’immunité, je ne sais pas. »
En tant que chef de la police israélienne, Alsheich a supervisé les enquêtes policières sur Netanyahu, qui se sont soldées avec un acte d’accusation contre le Premier ministre pour corruption, fraude et abus de confiance. Son procès a commencé cette année, mais les témoignages ne seront présentés au tribunal qu’en janvier 2021.
« S’il est jugé, je pense qu’il sera condamné », a déclaré Alsheich. « Si nous ne pensions pas avoir une grosse probabilité qu’il soit condamné, personne n’aurait pris ce risque », a-t-il déclaré.
Alsheich dit qu’il espère que Netanyahu démissionnera bien avant l’annonce du verdict, car sans cela, « ce pays paiera un prix catastrophique ».

L’interview complète devait être publiée ce vendredi, et un extrait est sorti mercredi.
Dans l’extrait, Alsheich affirme qu’il soutient ses accusations selon lesquelles les principaux enquêteurs dans les affaires sur Netanyahu – ainsi que leurs familles et leurs voisins – avaient été harcelés, et il nie les allégations selon lesquelles la police aurait utilisé des tactiques illégitimes contre des suspects pour les convaincre de témoigner contre Netanyahu.
Alsheich a quitté son poste en décembre 2018, lorsque Gilad Erdan, alors ministre de la Sécurité publique, a refusé de prolonger son mandat de trois ans d’une année supplémentaire, habituellement accordée.
La police est dirigée depuis par un commissaire temporaire, Motti Cohen, en raison d’une profonde crise politique, suivie de la crise du coronavirus, et de désaccords entre Netanyahu et son rival devenu partenaire Benny Gantz en ce qui concerne les nominations des hauts responsables des forces de l’ordre.
Le mandat d’Alsheich a été marqué par des querelles publiques avec Netanyahu et d’autres hauts responsables politiques.
Le Premier ministre, qui avait orchestré la nomination d’Alsheich à son poste, n’a pas caché son aversion pour le chef de la police, en l’accusant de divulguer à la presse des informations issues des enquêtes, et de mener une « chasse aux sorcières ».
Après avoir mis fin au mandat d’Alsheich, Erdan voulait le remplacer par Moshe Edri, mais ce dernier a retiré sa candidature dû à scandale général au sujet de son comportement. Cohen est depuis à la direction.
Son mandat temporaire devrait expirer le 30 septembre, mais Amir Ohana, ministre de la Sécurité publique, devrait soumettre aux ministres une demande de prolongation dans les semaines à venir.

Cohen aurait déclaré jeudi aux forces de l’ordre qu’il resterait vraisemblablement à son poste comme chef temporaire de la police jusqu’à nouvel ordre.
« En raison de la situation politique… il semble qu’aucun commissaire permanent ne sera nommé à la police dans un avenir proche », a-t-il déclaré aux chefs de district, selon les médias Walla et Maariv. « Je continuerai à diriger [la] police en tant que chef temporaire jusqu’à ce qu’une décision différente soit prise. »
Lundi soir, la Knesset a donné son approbation finale à un projet de loi reportant la date limite pour l’adoption d’un budget d’État, mettant fin à une impasse politique liée au budget. Dans la pratique, le différend concernait également la question des nominations de hauts responsables de la loi et l’ordre – comme le chef de la police et les procureurs de l’État – et l’équilibre de pouvoir dans une coalition dysfonctionnelle.
Malgré les demandes antérieures du Likud, le projet de loi final approuvé par le plénum de la Knesset lundi soir ne comprenait pas de clause pour la formation d’un panel concerné par les nominations des hauts dirigeants. Netanyahu a été accusé de tenter d’organiser la nomination de hauts responsables juridiques qui lui seraient indulgents pendant son procès de corruption criminelle. Le Premier ministre dément avoir fait de tels projets.
En réponse à une requête de la Cour suprême visant à l’empêcher de traiter des nominations judiciaires en raison des accusations de corruption contre lui, Netanyahu a annoncé mercredi qu’il ne participerait pas aux nominations des responsables du ministère de la Justice ou à celle du commissaire de police.