Netanyahu s’excuse après ses propos sur le « gène mizrahi »
Le Premier ministre s'est excusé sur Twitter après que les critiques ont qualifié ses commentaires de racistes
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est excusé vendredi après une controverse suscitée par des propos considérés comme offensants envers les Juifs d’origine moyen-orientale.
Durant une rencontre des chefs des partis de la coalition jeudi, Moshe Kahlon, le ministre des Finances — qui est d’origine libyenne – a demandé à Netanyahu pourquoi il demandait un report de six mois de l’ouverture prévue au mois d’avril de la nouvelle télévision d’état, ce à quoi le Premier ministre a répondu « mes gènes de mizrahi ont réagi », semblant attribuer cette décision imprudente à ce stéréotype.
Mizrahi est un mot hébreu signifiant « oriental ». Il est utilisé pour se référer aux Juifs dont les familles sont originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du nord, contrairement aux Juifs ashkénazes européens.
Après une controverse qui a balayé toute la classe politique, Netanyahu s’est excusé vendredi sur Twitter.
« Je m’excuse pour mes propos d’hier. Je n’avais pas l’intention de blesser qui que ce soit », a-t-il dit.
« Je suis lié de tout mon cœur avec tous les groupes ethniques d’Israël, et j’admire leurs contributions formidables au patrimoine de notre nation et à la construction de notre terre », a ajouté le Premier ministre.
Avant cette excuse, un certain nombre de députés avait critiqué Netanyahu pour ses commentaires.
« Ce n’est pas un gène mizrahi, c’est un gène raciste », a indiqué le député Amir Peretz (Union sioniste), qui est né au Maroc.
« Il ne fait aucun doute que nous parlons ici d’arrogance, de désengagement », a-t-il déclaré à la radio militaire lors d’un entretien accordé vendredi, ajoutant que « le Premier ministre devrait demander des excuses parce ces propos frisent le racisme. »
Oren Hazan, député du Likud, a également demandé des excuses de la part de Netanyahu, écrivant sur son compte Twitter que « si vous aviez vraiment [le gène mizrahi ; …] vous ne l’insulteriez pas ».
Le député Miki Rosenthal (Union sioniste) a critiqué la ministre de la culture Miri Regev, qui est d’origine marocaine, pour son silence face à la remarque de Netanyahu, soulignant qu’elle avait dans le passé âprement condamné des propos offensants envers les Juifs mizrahis.
« C’est ce à quoi ressemble l’hypocrisie : dix minutes après le discours des ‘adorateur d’amulettes’ prononcé par [Yair] Garbuz sur la place [Rabin], Miri Regev a très justement émis un communiqué dénonçant le racisme et de l’arrogance en direction de la presse », a-t-il ajouté, en référence à une allocution faite en 2015 par Yair Garbuz, qui avait été très largement critiquée pour être offensante envers les Juifs mizrahis.
Les tensions entre les Juifs mizrahis et ashkénazes remontent aux premiers jours de l’indépendance israélienne. Arrivant de pays arabophones du Moyen Orient et d’Afrique du nord après la création d’Israël en 1948, de nombreux migrants mizrahis avaient été envoyés dans des camps de transit, des taudis, et largement mis à l’écart par les dirigeants européens du Parti travailliste.
La répartition exacte de la population est difficile à calculer car les mariages mixtes sont dorénavant très communs. Mais les Juifs mizrahis, ou d’origine mizrahie, constituent environ la moitié de la population juive israélienne.
Ils se sont longtemps plaints de discrimination des élites d’origine européenne, qui ont traditionnellement dominé le gouvernement, les institutions militaires et commerciales.
Les plaintes ont diminué, comme une partie de la domination subie, mais certaines failles persistent. Il n’y a jamais eu de Premier ministre mizrahi, par exemple. Les Mizrahis dépassent de loin le nombre d’Ashkénazes en prison – et sont largement moins nombreux dans les universités. Ils sont également généralement plus pauvres que les Juifs d’origine européenne.
Des agences ont contribué à cet article.