Netanyahu sur la solution à 2 États : ce sera comme « le Costa Rica ou le Yémen »?
À Bruxelles, le Premier ministre a expliqué à ses homologues européens qu'ils "gâtent" les Palestiniens, et que Trump, en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, "leur a dit la vérité"
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait part lundi de ses doutes quant à la viabilité d’un état palestinien lundi, durant sa rencontre avec les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne. Quant on lui a demandé s’il soutenait toujours la solution à deux États, il a répondu en leur demandant quel genre d’état serait le second état, « le Costa Rica ou le Yémen ? »
Le Premier ministre s’est adressé aux journalistes à bord de son Boeing, quelques minutes avant le décollage depuis Bruxelles, affirmant que les Palestiniens ont été « gâtés » par les Européens, tandis que le président américain Donald Trump, en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël la semaine dernière, « leur a dit la vérité », a-t-il ajouté.
« J’ai parlé aux ministres des Affaires étrangères de presque tous les 28 Etats membres de l’Union européenne. Ce fut respectueux des deux côtés », a rapporté Netanyahu.
Il a expliqué qu’il était temps d’engager des discussions réalistes sur la direction que prend la région, et a ajouté la tourmente actuelle au Moyen-Orient est due à une bataille entre «la modernité et le début du médiévisme », a-t-il déclaré.
Netanyahu a déclaré qu’il s’opposait à deux idées fausses, d’une part que le conflit israélo-palestinien était au cœur des problèmes au Moyen-Orient et que les implantations sont au cœur du conflit israélo-palestinien.
« Je leur ai demandé si quelqu’un y croyait », a-t-il dit, se référant à l’idée que le conflit israélo-palestinien était la raison des troubles de la région.
« Le pauvre homme qui s’est immolé par le feu en Tunisie s’est-il vraiment soucié de savoir si Abu Mazen et moi-même négociions et concluions un accord ? », a-t-il demandé de façon rhétorique.
« L’argument selon lequel les implantations sont au cœur de notre conflit n’est pas recevable. L’opposition au sionisme a commencé avant les implantations et elle continue après leur démantèlement », a-t-il dit.
Il a assuré que son raisonnement avait été largement accepté par les ministres européens.
Netanyahu a déclaré que lorsque la question du soutien à la solution à 2 États s’est posée, il a répliqué en demandant aux ministres quel genre d’état serait le second état, « le Costa Rica ou le Yémen ? ». Le Costa Rica évoque une démocratie stable en Amérique centrale, tandis que le Yémen est une anarchie.
Le Premier ministre a ajouté qu’il a expliqué qu’Israël insiste sur l’application de mesures de sécurité strictes et sur la reconnaissance d’Israël comme un Etat juif par les Palestiniens, a-t-il dit, ajoutant que le refus de reconnaître un Etat-nation pour le peuple juif dans toutes ses frontières était la source du conflit israélo-palestinien.
« Il est temps de dire ces choses », a déclaré Netanyahu aux journalistes quelques minutes avant son départ. « J’ai dit que sans aborder la racine du conflit, nous n’évoluerions pas. J’ai demandé [aux ministres des affaires étrangères de l’UE] : Combien de fois avez-vous parlé des implantations ? Et combien de fois avez-vous dit aux Palestiniens de reconnaître Israël comme un Etat juif ? »
Les Palestiniens ont été « gâtés » par les Européens, tandis que le président américain Donald Trump, « leur a dit la vérité », a-t-il ajouté.
Netanyahu a ajouté que les Européens lui avaient demandé s’il était prêt à prendre des mesures ou avoir des gestes concrets pour relancer le processus de paix. « J’ai dit que nous le faisions déjà », a-t-il dit, faisant référence aux projets d’infrastructure destinés à améliorer la qualité de vie des résidents de Cisjordanie.
Netanyahu a assuré que tous les intervenants ont condamné le terrorisme contre Israël, ajoutant que cela était dû à sa déclaration samedi soir, au cours de laquelle il accusait l’Europe d’ « hypocrisie » et de « double langage » après avoir condamné la reconnaissance de Trump pour Jérusalem mais pas condamné les tirs sur Israël depuis Gaza.
Netanyahu a également déclaré avoir dit aux ministres de l’Union européenne qu’il ne fallait pas soutenir les ONG anti-sionistes qui promeuvent le terrorisme.
« Je leur ai promis une liste appropriée d’ONG qui font cela », a-t-il dit. Il n’a pas mentionné Breaking the Silence ou B’Tselem dans la conversation.
Plus tôt cette semaine, les assistants de Netanyahu ont qualifié Bruxelles de « repaire de lions », mais Netanyahu a déclaré qu’il n’avait ressenti aucune hostilité lors de sa visite. « Je me sentais comme un lion », plaisanta-t-il.