Nombre élevé de cas : les responsables redoutent la pénurie de protections
Le pays manquerait de millions de gants et combinaisons ; des représentants du gouvernement annoncent que les médecins pourraient bientôt avoir à sélectionner parmi les malades

Le Conseil national de sécurité a averti le gouvernement et le ministère de la Santé qu’Israël pourrait faire face à une pénurie d’équipements de protection nécessaires au personnel médical pour traiter les patients infectés par le virus dès le mois prochain, a rapporté mardi la radio de l’armée.
Le Conseil a déclaré qu’Israël devrait manquer de gants jetables en septembre, de blouses jetables en octobre, et aurait épuisé ses stocks de combinaisons de protection en novembre, selon la radio.
Ces calculs, présentés au gouvernement dimanche, se fondent sur un certain nombre de paramètres, notamment les prévisions du nombre d’infections et la modélisation de la quantité d’équipements de protection individuelle (EPI) utilisée par le personnel hospitalier et les services d’urgence.
Selon le Conseil, Israël a besoin d’un stock de 300 millions de gants, mais n’en a actuellement que 60 millions. En outre, il n’y a que 6 millions de blouses jetables alors que 25 millions seraient nécessaires, et le pays ne possède que 1,5 million de combinaisons de protection alors que les besoins sont évalués à 12 millions.

Selon la radio, les hôpitaux commencent à se préparer trois mois à l’avance pour ne pas se retrouver les mains vides.
Le ministère de la Santé a déclaré qu’il faisait tout son possible pour garantir qu’Israël ne soit pas pris au dépourvu par une pénurie d’équipements.
« Il y a une pénurie mondiale et nous nous efforçons de combler le manque. Nous faisons des efforts d’approvisionnement pour éviter une rupture de stock », a déclaré le ministère de la Santé dans un communiqué.
Des responsables politiques anonymes ont déclaré mardi à la radio de l’armée que le moment approchait où les équipes médicales israéliennes devront commencer à sélectionner, parmi les patients gravement malades, lesquels pourront bénéficier de soins.
« Nous sommes plus proches que jamais de situations où les médecins devront prendre des décisions difficiles, notamment le choix des patients à qui ils donneront la priorité pour l’accès aux machines cœur-poumon », a déclaré un responsable.

Un comité de la Knesset a appris la semaine dernière qu’Israël n’était parvenu à augmenter sa capacité hospitalière que de 19 lits depuis le début de la pandémie de coronavirus.
Selon les données du Centre de recherche et d’information de la Knesset (CRI), en février le pays comptait 16 302 lits au total, et seulement 16 321 en juillet, a rapporté le site d’information Ynet.
Le rapport du CRI a été présenté à la Commission spéciale des pétitions publiques de la Knesset, qui a tenu des discussions sur la surpopulation des hôpitaux pendant la pandémie.
Selon le rapport, au lieu d’augmenter la capacité globale des hôpitaux, des lits pour les patients atteints de coronavirus ont été prélevés dans d’autres services.
La pénurie mondiale d’équipements est évidente depuis le début de la pandémie, l’essentiel de la production étant d’origine asiatique, la Chine produisant environ 50 % des stocks mondiaux de matériel chirurgical.
La pandémie ayant commencé en Chine, le pays a d’abord assuré la distribution sur son propre territoire national. Lorsque les exportations chinoises ont repris, la course à la demande a été effrénée, provoquant d’importantes pénuries.
Au début de la première vague d’infections en Israël, le Département de la production et de l’approvisionnement du ministère de la Défense a été chargé de l’obtention de matériel médical dans un contexte de pénurie mondiale, y compris pour les respirateurs, dont beaucoup se seraient révélés défectueux. Le nombre d’appareils respiratoires fonctionnels dans le pays est inconnu.
Selon un rapport du quotidien Haaretz le mois dernier, une grande partie des EPI achetés à des pays non-spécifiés pour environ 750 millions de shekels (220 millions de dollars), s’est également révélée inférieure aux normes.

Le rapport indique que les responsables ont été contraints d’agir rapidement et d’acheter tout ce qu’ils pouvaient – dont des commandes de masques faciaux, de combinaisons et de couvre-chaussures pour le personnel médical, d’une valeur d’environ 60 millions de shekels (17,6 millions de dollars), auprès de la chaîne Max Stock de magasins « tout à un dollar ».
Il est reproché au gouvernement d’avoir gâché tout avantage possible lors du déclin de la première vague d’infections. Il aurait perdu du temps et raté l’opportunité d’augmenter la capacité du système de santé ainsi que d’améliorer le dépistage du virus et le traçage épidémiologique.
En mai, le quotidien financier Calcalist a rapporté que le ministère de la Santé cherchait à commander 2 000 lits d’hôpitaux supplémentaires et à stocker et moderniser considérablement les unités de soins intensifs d’Israël à hauteur de 1,5 milliard de shekels (441 millions de dollars).
« Nous devons nous préparer à la prochaine vague et proactivement tirer profit du temps dont nous disposons pour nous organiser le mieux possible », a déclaré le directeur général du ministère de la Santé, Moshe Bar Siman-Tov, dans une lettre adressée au conseiller à la sécurité nationale Meir Ben Shabbat.
La semaine dernière, les chefs de deux centres médicaux de Jérusalem ont signalé qu’ils étaient débordés et se trouvaient dans une situation financière désastreuse alors que les infections de coronavirus continuent d’augmenter.
Selon les chiffres du ministère de la Santé publiés lundi matin, parmi les patients atteints de Coronavirus en Israël, 812 sont hospitalisés, parmi eux 381 personnes sont dans un état grave, dont 110 sous respirateur.