Notre orientation politique serait détectable “à nos réactions cérébrales » – étude
Selon une étude israélienne, les différences politiques se voient non seulement dans l’interprétation de la réalité de notre cerveau, mais aussi dans notre perception
Des scientifiques israéliens affirment qu’il est possible de déterminer l’orientation politique d’une personne en scannant son cerveau.
Des chercheurs de l’université de Tel Aviv ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRMf) pour mesurer l’activité cérébrale de plusieurs dizaines de personnes, dont la moitié était de droite et l’autre moitié de gauche.
Ils ont découvert que les réactions cérébrales des participants lorsqu’ils regardaient des émissions politiques permettaient de prédire avec précision s’ils étaient de droite ou de gauche.
Et l’endroit exact où les scientifiques ont constaté les différences est très surprenant : ce n’était pas, comme on aurait pu le croire, dans les régions cérébrales dites supérieures, qui sont responsables de l’interprétation du monde, mais plutôt dans les régions « inférieures », qui fonctionnent à un niveau beaucoup plus basique et primitif.
Les différences entre partisans de la droite et de la gauche ont été détectées dans les zones motrices et somatosensorielles, c’est-à-dire les parties du cerveau qui sont actives lorsque nous bougeons ou ressentons des choses avec nos sens.
« La réaction du cerveau dans ces zones sensorielles primaires suffit à déterminer si une personne est de gauche ou de droite », a déclaré la Dr Yaara Yeshurun, psychologue à l’Université de Toronto, qui a mené l’étude avec sa doctorante Noa Katabi. « On pourrait même le déterminer en examinant la zone du cerveau qui est responsable de la vision ou de l’audition. »
La recherche a été menée juste avant les élections de novembre en Israël sur un échantillon d’électeurs politiquement actifs, et publiée dans l’édition de janvier de la revue à comité de lecture Neuroscience.
Yeshurun a déclaré au Times of Israel que « jusqu’à présent, il était assumé que les différends politiques surviennent lorsque les gens interprètent le monde différemment en utilisant les régions supérieures de leur cerveau, comme le cortex préfrontal », soit à la zone responsable des tâches cognitives complexes.
La réponse du cerveau dans ces zones sensorielles primaires suffit à déterminer si une personne est de gauche ou de droite
« Mais nous voyons des signes de divergences politiques dans des régions très basiques, et je suis convaincue que non seulement les gens ne les interprètent pas de la même manière, mais qu’ils les perçoivent aussi différemment. »
Elle a noté qu’il existe des recherches antérieures sur la façon dont les préférences politiques peuvent être déterminées à partir de scanners cérébraux, mais a déclaré qu’aucune ne l’avait détecté dans les régions du cerveau qui portent sur la détection de base.
Yaara Yeshurun a souligné que la recherche ne permet pas de comprendre comment les cerveaux des personnes ayant des opinions différentes en viennent à se comporter différemment, si c’est si c’est dû au débat inné ou au débat acquis, ou à une combinaison des deux. Mais selon elle, l’étude donne une leçon pratique à tous participant à un débat politique.
« C’est une recherche utile pour comprendre, dans le discours, que ceux du camp politique opposé ne voient pas la même chose que vous », a-t-elle déclaré.
« Ainsi, avant de passer à un dialogue de haut niveau, nous devrions répondre à des questions simples sur ce que nous percevons réellement. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra bâtir un terrain d’entente. »