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« Nouvelle ère » en Syrie pour les rebelles annonçant la « fuite » du tyran Bachar al-Assad

Les rebelles syriens ont annoncé dimanche avoir pris la prison de Sednaya à Damas et libéré les détenus de cet établissement pénitentiaire symbole des pires exactions des forces d'Assad

Un panneau d'affichage portant une photo du président syrien Bashar El-Assad et un drapeau national déchirés par des combattants anti-gouvernementaux dans la ville d'Alep, le 30 novembre 2024. (Crédit : Omar Haj Kadour / AFP)
Un panneau d'affichage portant une photo du président syrien Bashar El-Assad et un drapeau national déchirés par des combattants anti-gouvernementaux dans la ville d'Alep, le 30 novembre 2024. (Crédit : Omar Haj Kadour / AFP)

Des groupes rebelles ont annoncé dimanche dans une allocution à la télévision publique syrienne la chute du « tyran » Bachar al-Assad, assurant avoir libéré tous les prisonniers « injustement » détenus, appelant citoyens et combattants à préserver les propriétés de l’Etat.

Neuf personnes sont apparues à l’écran de la télévision publique. L’une d’elles a lu un communiqué imputé à la « cellule des opérations pour la libération de Damas », qui annonce « la libération de la ville de Damas, la chute du tyran Bachar al-Assad, la libération de tous les prisonniers injustement (détenus) dans les prisons du régime ».

Les rebelles syriens ont ainsi annoncé dimanche avoir pris la prison de Sednaya à Damas et libéré les détenus de cet établissement pénitentiaire symbole des pires exactions des forces d’Assad.

« Fin de la tyrannie à la prison de Sednaya », a ainsi résumé sur Telegram le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham. « Les portes de la prison de Sednaya, connue comme étant ‘l’abattoir humain’, ont été ouvertes pour les milliers de détenus », a confirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a précisé par ailleurs que l’armée syrienne et les forces de sécurité avaient elles quitté l’aéroport de Damas face à l’avancée des forces rebelles sur la capitale qu’ils ont réussi à conquérir.

Diab Serriya, partenaire fondateur de l’Association des détenus et des disparus de la prison de Sednaya (ADMSP), regarde un écran d’ordinateur affichant une page sur la prison hébergée par le site Internet d’Amnesty International lors d’un entretien dans son bureau à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, le 11 août 2022. (Crédit : OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Selon des sources de l’ONG basée en Grande-Bretagne, l’ordre a été donné aux officiers et aux soldats des forces gouvernementales de se retirer de l’aéroport international de Damas, tandis que des habitants de la capitale ont déclaré à l’AFP avoir entendu des coups de feu dans la ville.

Un important commandant de la coalition rebelle en Syrie, Hassan Abdel Ghani, a de son côté affirmé que les forces rebelles avaient libéré plus de
3 500 prisonniers de la prison centrale. « Nos forces (…) ont réussi à libérer plus de 3 500 prisonniers de la prison (…) de Homs », a déclaré le chef rebelle sur Telegram, après avoir déclaré que « le processus d’avancée et de ratissage des quartiers de la ville est actuellement en cours ».

Le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes, coalition dominée par des combattants kurdes, a salué un moment « historique » vécu par les Syriens avec la chute du dictateur arrivé au pouvoir il y a près d’un quart de siècle.

« Nous vivons en Syrie des instants historiques en étant témoin de la chute du régime dictatorial à Damas », a annoncé dans un communiqué le commandant Mazloum Abdi. « Ce changement est une opportunité pour construire une nouvelle Syrie fondée sur la démocratie et la justice, qui garantit les droits de tous les Syriens », a-t-il ajouté.

Mazloum Abdi en 2019 (Crédit : domaine public)

Le commandant de Hayat Tahrir al-Sham, qui dirige l’offensive des rebelles ayant pénétré dans la capitale syrienne, a appelé dimanche ses combattants à ne pas s’approcher des institutions publiques à Damas, qui restent sous contrôle de l’ex-Premier ministre jusqu’à une « passation officielle ».

« A toutes les forces militaires dans la ville de Damas, il est totalement interdit de s’approcher des institutions publiques, qui resteront sous le contrôle de l’ancien Premier ministre jusqu’à la passation officielle », selon un communiqué d’Abou Mohammad al-Jolani, qui a commencé à utiliser son vrai nom Ahmed al-Chareh. « Il est également interdit de tirer en l’air », a-t-il ajouté dans le communiqué partagé sur la chaîne Telegram de la coalition rebelle.

Abou Mohammad al-Jolani (au centre), chef de Hayat Tahrir al-Sham, un groupe armé dirigé par l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, lors d’une conférence de presse dans la région de Bab al Hawa, le 12 mars 2024. (Crédit : OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Des dizaines de Syriens rassemblés dans le centre de Damas dimanche ont renversé et piétiné une statue du père du président Bachar al-Assad, Hafez, selon des images de l’AFPTV.

Hafez al-Assad était à la tête de la Syrie de 1971 jusqu’à sa mort en 2000, instaurant un régime brutal et liberticide, avant l’arrivée au pouvoir de son fils Bachar.

Selon des témoins contactés par l’AFP, quelques dizaines de personnes ont rallié la place des Omeyyades, dans le centre de Damas, pour célébrer la chute du clan Assad au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle, dans un pays morcelé par une guerre civile meurtrière depuis 2011.

« On attendait ce jour depuis longtemps », a indiqué Amer Batha, joint au téléphone par l’AFP depuis la place des Omeyyades, dans un pays dirigé d’une main de fer par un pouvoir qui réprimait toute dissidence et étouffait les libertés publiques.

« Je n’arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant », lâche ce Syrien qui fond en larmes: « C’est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie ».

« La Syrie est à nous, elle n’est pas à la famille Assad », ont scandé des hommes armés des groupes rebelles circulant dans certaines rues de Damas, tirant en l’air en signe de joie.

Les soldats du régime se débarrassaient eux à la hâte de l’uniforme militaire de l’armée syrienne, en sortant du siège de l’état-major sur la place des Omeyyades, ont raconté à l’AFP des habitants.

Illustrant la débandade qui a accompagné l’offensive fulgurante des rebelles dans la capitale, les locaux abritant la télévision et la radio publiques ont été abandonnés par les fonctionnaires, selon un ancien employé.

A des kilomètres de là, dans le pittoresque vieux Damas où vivent de nombreuses familles chrétiennes, de jeunes syriens dans les allées étroites scandaient « le peuple syrien est uni », un message se voulant rassurant à destination des minorités d’un pays multi-confessionnel, déchiré par 13 années d’une guerre civile meurtrière et dévastatrice.

Dans un autre quartier, à Chaghour, des femmes aux balcons poussaient des cris de joie, d’autres jetaient du riz au passage de combattants armés.

« Je n’arrive pas à croire qu’à partir d’aujourd’hui je n’aurai plus peur », confie à l’AFP Ilham Basatina, fervente quinquagénaire juchée sur son balcon à Chaghour.

« Aujourd’hui notre joie est immense, mais elle ne sera complète que quand le criminel sera jugé », lâche-t-elle en référence à Assad.

Avant le lever du jour, la capitale a été secouée par cinq fortes déflagrations d’origine inconnue, probablement des tirs d’artillerie ou des explosions dans des entrepôts de munitions, selon un soldat en cavale, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

« Notre supérieur direct nous a informé qu’il fallait nous retirer et rentrer chez nous », raconte-t-il à l’AFP : « On a compris que tout était fini. »

Sur les réseaux sociaux, journalistes, employés de la fonction publique et parlementaires se sont empressés de changer leur photo de profil, choisissant d’y arborer le drapeau de l’opposition. « Ce n’est pas la faute des journalistes et des médias syriens », a justifié le rédacteur en chef du quotidien progouvernemental Al-Watan, Waddad Abd Rabbo. « Tous, nous ne faisions qu’exécuter les ordres et publier les informations qu’ils nous envoyaient », en allusion aux autorités.

Ces rebelles qui dans les rues de Damas, en treillis militaire, s’agenouillaient pour embrasser le sol dans l’émotion ou prier. D’autres se prenaient en photos, les tirs nourris des armes à feu retentissant sans discontinuer.

Un haut responsable des Emirats arabes unis a lui exhorté dimanche les Syriens à travailler ensemble pour éviter « le chaos », dans la première réaction d’un pays arabe à la chute d’Assad. « Nous espérons voir les Syriens travailler ensemble et ne pas assister à un nouvel épisode de chaos », a déclaré Anwar Gargash, conseiller du président des Emirats arabes unis devant la conférence Manama Dialogue à Bahreïn, qui a esquivé une question lui demandant si Assad s’était réfugié aux Émirats arabes unis, estimant qu’il s’agit d’un « détail de l’histoire », sans répondre.

Des rumeurs ont circulé indiquant qu’Assad pourrait s’être réfugier aux Émirats, où sa famille élargie possède des biens à Dubaï. Les données de suivi des vols ont montré que des jets privés se déplaçaient hier entre Damas, en Syrie, et les Émirats arabes unis.

Anwar Gargash s’est exprimé dans le cadre du dialogue de Manama, organisé par l’International Institute of Strategic Studies.

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