Nucléaire: le chef de l’AIEA doit rencontrer le président iranien samedi – diplomate
Le directeur général de l'AIEA veut "relancer le dialogue" après la découverte d'uranium enrichi à 83,7 %, soit juste en deçà des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a prévu de rencontrer samedi le président iranien Ebrahim Raïssi samedi à Téhéran pour « relancer le dialogue », selon une source diplomatique.
L’entretien est prévu « en début de matinée » avant un retour à Vienne, siège de l’instance onusienne, dans la soirée, a-t-elle indiqué mercredi. « Il avait clairement fait savoir ces dernières semaines qu’il ne se rendrait à Téhéran qu’à la condition de pouvoir parler avec le président ».
Devant la détérioration de la coopération, « il veut avoir l’opportunité de redémarrer la relation au plus haut niveau », a ajouté cette source européenne.
Contactée, l’AIEA s’est refusée à tout commentaire.
M. Grossi « arrivera vendredi à Téhéran pour des réunions de haut niveau prévues samedi », a rapporté de son côté l’agence de presse iranienne Fars, sans donner plus de détails.
Cette visite intervient alors que les avancées du programme nucléaire iranien suscitent de fortes inquiétudes.
Or les négociations destinées à ranimer l’accord conclu en 2015 pour limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales sont au point mort depuis l’été 2022.
L’Agence a détecté dans l’usine souterraine de Fordo des particules d’uranium enrichi à 83,7 %, soit juste en deçà des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique, selon un rapport confidentiel consulté mardi par l’AFP.
Cette découverte est survenue après une modification technique au niveau de deux cascades de centrifugeuses – machines utilisées dans le processus d’enrichissement -, que l’Iran n’avait pas signalée au préalable à l’AIEA.
L’instance a demandé « des clarifications » et « les discussions sont toujours en cours » pour déterminer si ce seuil a été atteint accidentellement ou volontairement, selon le rapport.
Rafael Grossi va essayer d’en savoir plus et d’obtenir de l’Iran « un renforcement de l’accès au site et une augmentation du nombre d’inspections », a précisé la source diplomatique.
En fonction des avancées obtenues au cours de ce voyage, les Etats-Unis et l’E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne) décideront ou non de déposer un projet de résolution au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, prévue la semaine prochaine à Vienne.
L’Iran avait déjà fait l’objet d’un rappel à l’ordre lors de la dernière réunion, en novembre 2022, pour son manque de coopération concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés.