Nucléaire : les différences entre les feuilles de route française et américaine
La feuille de route de Paris, que le Times of Israël a pu obtenir, révèle notamment des écarts à propos de la levée des sanctions
La feuille de route du gouvernement français sur l’accord-cadre iranien, qui n’a pas été rendue publique par Paris mais qui a été obtenue par le Times of Israel, affirme que l’Iran pourra introduire progressivement l’utilisation de centrifugeuses avancées pour enrichir de l’uranium après 12 ans, à la différence des paramètres officiels américains, qui ne font pas état d’une telle disposition.
L’utilisation des centrifugeuses les plus avancées, les centrifugeuses IR-2 et IR-4, qui, d’après la feuille de route française, seront autorisés, permettrait à l’Iran d’accumuler plus rapidement l’uranium hautement enrichi nécessaire pour fabriquer des armes nucléaires. Ce qui lui permettra d’obtenir la bombe nucléaire plus rapidement.
La feuille de route française précise également que l’Iran sera autorisé à continuer à effectuer des recherches et à développer les centrifugeuses IR-4, IR-5, IR-6 et IR-8.
La République islamique peut enrichir de l’uranium à une vitesse 20 fois supérieure à la centrifugeuse IR-1 que celle que l’Iran utilise actuellement. Les détails américains à ce sujet sont moins précis.
Les différences entre les textes rédigés par Paris et Washington s’étendent également sur la question de l’inspection et de la supervision des activités de l’Iran.
Le document français indique que l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, sera en mesure de visiter un site suspect en Iran – le soi-disant accès « n’importe où, n’importe quand » – alors que le document américain donne moins de détails.
Les deux documents diffèrent également sur la terminologie en ce qui concerne l’ampleur et le calendrier de la levée des sanctions une fois que l’accord prendra effet.
Depuis que l’accord-cadre a été annoncé la semaine dernière, les différentes parties ont établi des comptes-rendus parfois très divergents de ce qui a été convenu, provoquant des controverses et des critiques sur un accord que le président Barack Obama a salué comme étant « une entente historique » tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en garde contre le fait qu’il était « très mauvais » et qu’il ouvrait le chemin de l’Iran vers la bombe.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a publié vendredi sa propre feuille de route, qui est extrêmement différente des paramètres officiels américains et du document français étudié par The Times of Israel.
Les six divergences importantes entre les documents américain et iranien, certains d’entre eux faisant partie du cœur même de l’accord-cadre annoncé à Lausanne en Suisse jeudi dernier, ont été mis en évidence par un expert israélien samedi.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a revendiqué samedi, en vertu de l’accord, le droit de l’Iran à continuer à travailler sur plusieurs centrifugeuses IR-8.
« Certains ont déclaré que l’Iran n’a pas le droit d’avoir de recherche et de développement, mais nous avons maintenant le droit de développer l’IR-8, qui est 20 fois plus performante que l’IR-1 », a-t-il dit, enthousiaste.
Le gouvernement israélien a publié lundi une série de demandes visant à transformer l’accord non signé en un cadre beaucoup plus raisonnable dont la signature est prévue pour la date limite du 30 juin, et a posé dix questions clés sur les termes de l’accord, dont plusieurs sont liées aux différences entre les comptes-rendus de ce qui s’est décidé à Lausanne.
Quelques heures plus tard, dans deux entretiens accordés à des chaînes de télévision israéliennes, Ben Rhodes, l’un des conseillers d’Obama, a réfuté l’idée que l’accord final serait nettement plus strict que les termes de l’accord-cadre, déclarant que l’accord dans sa forme actuelle répond aux « objectifs fondamentaux » des Etats-Unis.
« Nous sommes persuadés que c’est le meilleur accord qui aurait pu émerger de ces négociations », a déclaré Rhodes.