Odeh : les ‘magouilles’ de Netanyahu ont mené à la suspension des députés arabes
Le dirigeant de la Liste arabe unie a vaguement sous entendu que les 3 députés n'auraient pas dû rencontrer les familles des terroristes
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
Le dirigeant de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, a accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu de « magouille politique » pour la suspension des trois députés arabes qui ont été sanctionnés pour avoir rencontré les familles des terroristes.
Mais il a aussi laissé entendre que ses collègues ont peut-être commis une erreur en se rendant à la réunion et en se référant aux terroristes, qui ont tous été tués en menant des attaques, comme des martyrs.
Les législateurs ont été suspendus par la Commission d’Ethique de la Knesset lundi ? Hanin Zoabi et Basel Ghattas ont été suspendus pour quatre mois et Jamal Zahalka a été sanctionné avec une suspension de deux mois. Les trois députés sont des membres du parti Balad, l’un des trois partis récemment qui se sont réunis sous la Liste de Odeh.
Netanyahu, a déclaré Odeh dans un discours mardi au Jerusalem Press Club, voit la minorité arabe comme une menace – non pas sur le caractère juif de l’Etat d’Israël mais sur le contrôle du Premier ministre sur le gouvernement.
Le leader de la Liste arabe unie a ajouté que Netanyahu s’est rendu compte de l’étendu de la force politique de la minorité arabe, entre autres, quand il a remporté l’élection législative de 1996 avec seulement 30 000 votes plus que Shimon Peres.
« Il comprend que les Arabes ont le pouvoir de changer le résultat d’une élection », a précisé Odeh, ajoutant que « si nous [les Arabes] étions une force légitime alors qu’il aurait à convaincre les 70 % de la population juive à garder son régime ».
Une décision imprudente ?
Sans condamner clairement la réunion de mardi dernier, Odeh a laissé entendre que cela avait été peut-être malavisé dans une perspective politique.
» »l y a certains cas qui nécessitent une approche réfléchie », a expliqué Odeh. « Ceci est une chose importante dans la vie politique. Au moins pour que certains acteurs qui attendent au tournant n’en profitent pas ».
Le leader de la Liste arabe unie, qui a précisé qu’il n’avait pas été invité à rencontrer les familles des terroristes, a fermement soutenu la position de son parti qui affirme qu’aucun des trois députés n’étaient là pour légitimer le terrorisme. Au contraire, a-t-il dit, la réunion était un acte humanitaire pour aider les familles à négocier les conditions fixées par les autorités israéliennes pour la restitution des dépouilles de leurs enfants.
Israël garde parfois les corps des terroristes tués lors d’attaques menées contre des Israéliens et les rend après que les familles acceptent d’organiser des funérailles discrètes. La mesure vise à empêcher les grandes manifestations qui pourraient conduire à des émeutes incitant à la haine et à la violence.
Le coeur de la controverse sur la réunion avec les familles des terroristes, selon Odeh, était de savoir si les députés arabes avaient observé une minute de silence pour les terroristes.
Faisant écho aux explications données par Zahalka, Odeh a déclaré qu’il n’y avait eu aucune minute de silence en guise de soutien aux terroristes. Au contraire, les députés arabes sont restés silencieux pendant la lecture de la prière de fatiha, qui a fait valoir Odeh, est récitée par les Musulmans pour tous les gens qui sont morts, que vous soyez d’accord ou non avec leurs actions.
En plus de la minute de silence, cependant, certaines personnes ayant critiqué la réunion ont déclaré que les députés arabes ont parlé des terroristes comme des martyrs. Bien que Zahalka a nié cela. Les deux autres membres de la Knesset qui étaient présents lors de la réunion continuent à appeler ouvertement les terroristes des martyrs – Ghattas dans une interview sur la Dixième chaîne et Zoabi sur sa page Facebook officielle.
Lorsque le Times of Israel a demandé au chef de la Liste arabe unie s’il pouvait se référer à des terroristes morts comme des martyrs, Odeh a déclaré qu’il ne pourrait jamais utiliser un tel terme pour des terroristes.
« Peut-être que certaines personnes dans mon parti ont utilisé ce mot [martyr]. Mais je ne l’ai jamais fait, et vous ne m’entendrez jamais utiliser ce mot ».
Odeh a décrit la suspension des trois députés en faisant une analogie à des événements survenus dans l’histoire grecque antique. « Le parlement athénien s’est effondré lorsque les membres du Parlement ont eu le pouvoir de suspendre d’autres membres », a-t-il rappelé. « C’est le travail du peuple de choisir leurs dirigeants. Et ce sont les gens qui doivent décider de les expulser ».