Oren Hazan, député du Likud, soutient Marine Le Pen
Le législateur s'est fait huer pour le soutien apporté à la candidate à la présidence française malgré la politique israélienne d'évitement du parti du FN
Un législateur véhément – mais au passé entaché par les scandales – du parti du Likud au pouvoir a apporté mercredi son soutien à la candidate d’extrême-droite à la présidence française Marine Le Pen en amont du second tour des élections qui aura lieu dimanche en France.
Cet appui d’Oren Hazan survient malgré une position officielle adoptée en Israël prônant l’évitement de tout contact avec le parti du Front national de Le Pen, qui est accusé d’antisémitisme.
« Madame Le Pen, je vous offre mon soutien pour le débat de ce soir ainsi que lors du second tour de l’élection de dimanche pour la construction de l’avenir de la France », a écrit en français Oren Hazan dans un post paru sur son compte Twitter.
Hazan, qui a fait les gros titres en Israël depuis qu’il est devenu député en 2015 en raison de ses comportements à l’intérieur comme à l’extérieur de la Knesset – il avait été notamment révélé qu’il était consommateur de drogues dures alors qu’il dirigeait un casino en Bulgarie avant de faire sa carrière politique – avait également fait part de son soutien affirmé au candidat à la présidentielle Donald Trump.
Un porte-parole du Likud n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP lui demandant de commenter ce tweet.
Suite à l’annonce de Hazan, la branche francophone du Likud a condamné ce soutien et a demandé aux Israéliens francophones de s’engager auprès du parti pour aider à le faire exclure de la liste de la Knesset lors des prochaines élections primaires de la formation.
« Vous aussi, vous en avez marre d’être représentés par des gens comme Oren Hazan qui nous font honte à tous ? », interroge le post en français tout en ajoutant que « le Likud, la Knesset et le peuple d’Israël méritent mieux que cela ».
Le président Reuven Rivlin a âprement critiqué Le Pen, l’accusant de négationnisme de l’Holocauste.
« Il y a environ deux semaines, une candidate à la présidence française a nié la responsabilité de la France dans la déportation de ses citoyens Juifs dans les camps de concentration et de la mort nazis », a déclaré Rivlin lors d’un événement qui marquait la clôture de Yom HaShoah.
La politique officielle israélienne est de n’avoir aucun contact avec le Front national présidé par Mme Le Pen et accusé d’antisémitisme. Elle a été réaffirmée fin janvier, à la suite de la visite en Israël du numéro trois du FN, Nicolas Bay.
Mme Le Pen a recueilli 3,72% des voix au premier tour de la présidentielle parmi les Français ayant voté en Israël, très loin derrière François Fillon (60,41%) et Emmanuel Macron (30,93%).
Au début du mois d’avril, Le Pen avait indiqué que « s’il y a des gens responsables » de la déportation des Juifs français, « ce sont ceux qui étaient au pouvoir à l’époque. Ce n’est pas la France ».
Le Pen, qui est parvenue au deuxième tour de la course à la présidentielle, a déclaré le 9 avril qu’elle ne pensait « pas que la France est responsable du Vel d’Hiv,” la rafle en 1942 des Juifs qui avaient été parqués dans un vélodrome avant d’être envoyés dans les camps de la mort nazis.
Après avoir abandonné le poste de présidente du FN après le premier tour, le mois dernier, son remplaçant temporaire, Jean-François Jalkh, a été contraint de démissionner peu après suite à la diffusion d’une interview qui datait de 2000 au cours de laquelle il mettait en doute le gazage des Juifs durant la Shoah, tout en qualifiant le négationniste Robert Faurisson de « sérieux ».
Le Pen a également prôné un certain nombre de politiques qui ont causé la consternation parmi les Juifs français, notamment sur le port du couvre-chef religieux, la casheroute et concernant les règles s’appliquant aux citoyens qui ont la double nationalité.
Mercredi dans la soirée, Le Pen a affronté Emmanuel Macron dans le dernier débat électoral en amont du second tour de dimanche et elle a persisté dans son analyse de la rafle du Vel d’Hiv.
A la suite de la victoire de Macron au premier tour le mois dernier, le chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid, a offert son soutien en appelant à voter pour le candidat centriste et l’a qualifié de défenseur du centrisme dans un contexte de populisme croissant à travers l’Occident.
Les agences ont contribué à cet article.