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Ostracisé par les pays du Golfe, le Qatar vise l’autosuffisance alimentaire

Le petit pays du Golfe fait face à un embargo économique imposé par certains de ses voisins en raison d'accusations de "terrorisme" et de rapprochement avec l'Iran

Un employé ramasse des poivrons dans une serre dans la ferme d'Al Wabar, dans la municipalité d'Al Shahania à 40 km de Doha, le 5 avril 2019. (Crédit : Mustafa Mounes / AFP)
Un employé ramasse des poivrons dans une serre dans la ferme d'Al Wabar, dans la municipalité d'Al Shahania à 40 km de Doha, le 5 avril 2019. (Crédit : Mustafa Mounes / AFP)

Entouré par ce qui était autrefois un désert aride du Qatar, Nezar Al Atawneh ramasse une courge spaghetti géante et la soulève pour évaluer son poids.

« Celle-ci doit peser au moins huit kilos », proclame-t-il fièrement.

M. Atawneh, directeur des opérations de la Qatarat Agricultural Development Company (QADCO), joue aux devinettes au milieu d’un champ de courges prêtes à être récoltées dans la municipalité d’Al Daayen, à 40 kilomètres au nord de la capitale Doha.

Les champs sont une nouveauté dans ce petit pays du Golfe où le paysage est principalement constitué de dunes de sable, où l’eau est rare et où les températures estivales atteignent 50 degrés Celsius.

Nezar al-Atawneh, directeur des opérations de la Qatarat Agricultural Development Company (QADCO) ramasse une courge spaghetti à la ferme Umm Qarn Farm dans la municipalité d’Al Daayen au Qatar, le 5 avril 2019. (Crédit : Mustafa Mounes / AFP)

Mais depuis juin 2017, le Qatar, qui importait l’essentiel de sa nourriture, donne la priorité à la production alimentaire locale en réponse à un embargo économique imposé par certains de ses voisins.

Il y a deux ans, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont brusquement rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar et ont interrompu les liaisons aériennes, maritimes et terrestres avec ce riche émirat gazier de 2,7 millions d’habitants en raison d’accusations de « terrorisme » et de rapprochement avec l’Iran.

« Depuis le blocus, nous travaillons 24 heures sur 24. Nous avons remis en état de vastes étendues de terrain et augmenté la production », déclare Thawad Mohd Al Kuwari, directeur général de QADCO.

Thawab Mohd Al-Kuwari, directeur général de QADCO, le 5,avril 2019. (Crédit : Mustafa Mounes / AFP)

« L’eau: un gros problème »

Dans les jours ayant suivi l’entrée en vigueur de l’embargo, les rayons des supermarchés se sont vidés car les habitants du Qatar craignaient des pénuries alimentaires si les voies d’importation étaient bloquées.

Doha a réagi rapidement en mobilisant notamment sa grande compagnie aérienne Qatar Airways pour transporter de la nourriture à partir de pays amis comme la Turquie, l’Iran et le Maroc.

Mais le coût du fret aérien a mis en évidence l’importance de la production alimentaire locale.

Nezar al-Atawneh, directeur des opérations de la Qatarat Agricultural Development Company (QADCO) inspecte les concombres )à la ferme Umm Qarn Farm dans la municipalité d’Al Daayen au Qatar, le 5 avril 2019. (Crédit : Mustafa Mounes / AFP)

La production de QADCO, propriété de l’ex-premier ministre Abdallah ben Khalifa Al Thani, a presque triplé depuis le début de la crise. D’une base quotidienne de sept à neuf tonnes de légumes, « nous atteignons maintenant 25-30 tonnes » pendant la haute saison en dépit des conditions climatiques, indique le directeur général de la compagnie.

« Le Qatar a des conditions très dures: températures élevées, humidité élevée. Il n’est pas facile de surmonter ces défis, il faut donc avoir des techniques et des pratiques agricoles spéciales », explique M. Atawneh en marchant entre des rangées de tomates mûres.

La création d’une parcelle de terre arable prend environ un an de préparation. Il faut d’abord briser la couche rocheuse, creuser le sable, puis recueillir l’argile avant de la mélanger à des résidus organiques pour rendre le sol suffisamment fertile pour les cultures.

Il faut aussi installer des kilomètres de tuyaux noirs pour l’irrigation. « L’eau est un gros problème, elle a une salinité élevée » et nécessite un traitement, dit M. Atawneh qui est ingénieur.

« Le blocus nous a aidés »

Le Qatar dépend principalement des puits et de l’eau souterraine, ainsi que du dessalement. Lorsqu’il n’inspecte pas les cultures de ce projet de 650 hectares, M. Atawneh expérimente de nouvelles semences, des techniques de culture et des mesures d’économie d’eau.

Il s’enorgueillit aussi de cultiver des « légumes propres » en utilisant le moins d’agents chimiques possible, les rendant « semi-biologiques », dit-il en cueillant un concombre dans une serre climatisée.

Les agriculteurs ont dû investir massivement, QADCO à elle seule ayant investi 5,5 millions de dollars pour étendre ses activités afin de soutenir l’effort d’autosuffisance du pays.

Une ruche dans la ferme d’Al Wabar du QADCO, dans la municipalité d’Al Shahania à 40 km de Doha, le 5 avril 2019. (Crédit : Mustafa Mounes / AFP)

L’entreprise espère augmenter le nombre de serres et de champs arables d’environ 50 % d’ici début 2020.

M. Kuwari admet que le coût de l’agriculture « est très élevé ici ». « Personne n’aime perdre de l’argent, dit-il, ajoutant que son entreprise est rentable.

Selon le ministère de l’Agriculture, près d’un quart des légumes vendus localement sont maintenant d’origine locale, contre seulement 12% en 2016.

Le Qatar espère être autosuffisant à 70 % d’ici 2023 et un département de la sécurité alimentaire a été créé au sein du gouvernement pour atteindre cet objectif.

L’émirat a bâti des industries laitières et avicoles à partir de zéro, passant de l’importation de 98 % de ses besoins à la recherche d’une entrée sur le marché de l’exportation.

QADCO a étudié la possibilité d’exporter des fruits et légumes à des clients potentiels en Ukraine et en Russie mais, pour l’instant, les autorités ne le permettent pas car la priorité est donnée à l’autosuffisance, concept nouveau que Doha a dû adopter à grands frais.

« Le blocus nous a tellement aidés », souligne le directeur général de QADCO. « Cela a aidé notre pays et nos dirigeants à se concentrer sur leur propre population ».

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