La décapitation d’un otage français suscite l’émotion à travers le monde
Le président François Hollande avait rejeté l'ultimatum de 24h des djihadistes du Jund al-Khilafa
La décapitation d’un otage français en Algérie par un groupe lié à l’organisation État islamique (EI) a suscité mercredi une vive émotion à travers le monde, de Paris à Washington en passant par Bruxelles et Alger.
Un groupe jihadiste ayant enlevé dimanche un guide français de haute montagne en Algérie, Hervé Gourdel, 55 ans, a diffusé mercredi une vidéo intitulée « Message de sang pour le gouvernement français », montrant sa décapitation.
Ce groupe, Jund al-Khilafa, avait menacé lundi de tuer l’otage si la France ne renonçait pas « sous 24 heures » à ses frappes aériennes en Irak, un ultimatum rejeté mardi le président français François Hollande.
Mercredi, Hollande a condamné depuis New York le « lâche » et « odieux » assassinat de M.Gourdel, soulignant qu’il renforçait sa « détermination » à lutter contre cette organisation.
« Notre compatriote Hervé Gourdel a été assassiné par un groupe terroriste lâchement, cruellement honteusement », a déclaré le chef de l’État français, en déplacement aux Etats-Unis à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le visage fermé, il a déploré « un crime odieux dont les auteurs devront être châtiés ».
La France « vit une épreuve » mais « ne cède jamais devant le chantage », a ensuite rappelé le président français devant l’Assemblée générale de l’ONU.
Le Premier ministre français Manuel Valls a aussi réagi sur le réseau social Twitter : « Effroi devant la barbarie. Soutien de la Nation tout entière à la famille d’Hervé Gourdel. La France ne cèdera jamais », a-t-il écrit.
Les réactions se sont aussi multipliées à droite comme à gauche de l’échiquier politique français mercredi. Au Parlement, la classe politique a serré les rangs pour soutenir l’engagement de la France en Irak contre les jihadistes de l’EI, juste avant l’annonce de l’exécution.
A Nice (sud), devant l’immeuble où habitait Gourdel, des proches, des voisins et des passants étaient épouvantés. Les drapeaux étaient en berne dans la commune mercredi.
« J’étais très inquiet, ça fait deux jours que je pleure. Je craignais que ce groupe jihadiste nouveau veuille marquer le coup », a déclaré Patrick, un voisin et ami d’Hervé Gourdel. « Le gouvernement n’avait pas besoin d’afficher ses positions comme ça », a-t-il estimé.
Washington a exprimé sa solidarité avec la France
De son côté, l’Union européenne a condamné un « assassinat barbare », se disant « plus que jamais unie » pour soutenir la lutte contre les « groupes terroristes ».
« L’assassinat barbare du citoyen français Hervé Gourdel est un affront aux valeurs et aux droits universellement reconnus », a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
Aux Etats-Unis, le président américain Barack Obama a exprimé la solidarité de son pays avec la France.
« Nous sommes avec vous et avec le peuple français alors que vous faites face à une terrible perte, et que vous êtes debout contre la terreur pour défendre la liberté », a déclaré, s’adressant au président français François Hollande, M.Obama lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la lutte contre le phénomène des djihadistes étrangers.
Le gouvernement algérien a lui aussi dénoncé l’assassinat comme un acte « odieux » et « abject ».
« Dès l’enlèvement (dimanche) du ressortissant français, les autorités algériennes ont mobilisé toutes les énergies et tous les moyens humains et matériels pour libérer l’otage », a indiqué le gouvernement dans un communiqué.
Alger a réitéré sa « détermination à poursuivre (sa) lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, et à garantir la protection et la sécurité de tous les ressortissants étrangers présents sur son territoire ».
Le Conseil français du culte musulman sous le choc
L’instance de représentation de la première communauté musulmane d’Europe, le Conseil français du culte musulman (CFCM),s’est dite mercredi « horrifiée » après l’annonce de la décapitation d’un otage français enlevé en Algérie, dénonçant un « crime barbare ».
« Le CFCM est horrifié par l’annonce dramatique (selon laquelle) notre compatriote Hervé Gourdel vient d’être odieusement exécuté par ses ravisseurs », écrit dans un communiqué l’organisation, qui représente quelque cinq millions de mulsulmans.
Dans son texte, lu par téléphone à l’AFP, « le CFCM s’associe à la douleur de la famille et à l’ensemble de la Nation devant un tel crime qui ne mérite qu’un châtiment exemplaire par la justice de Dieu et celle des hommes ».
Le Conseil, présidé par le recteur de la Grande mosquée de Paris (liée à l’Algérie) Dalil Boubakeur, espère « de tous ses vœux » que « soit mis fin à ces actes barbares par une solidarité entre toutes les nations », poursuit-il.
« Je suis dans une colère noire, j’ai la rage contre ces criminels, ces assassins d’une organisation qu’on peut appeler Daesh, Etat islamique, qui n’a rien à voir avec l’islam ni aucune religion », a confié à l’AFP un des responsables du CFCM, Abdallah Zekri.