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Pakistan/blasphème: une centaine d’arrestations après le lynchage d’un Sri-lankais

Des vidéos macabres montrent des participants qui ne font aucun effort pour cacher leur visage et vont même jusqu'à prendre des selfies devant le corps en feu

Nilushi Dissanayake, l'épouse du directeur d'usine sri-lankais qui a été battu à mort et immolé par une foule au Pakistan, tient la photo de remise des diplômes de son mari à sa résidence à Ganemulla près de Colombo, le 5 décembre 2021. (Crédit : Ishara S. KODIKARA / AFP )
Nilushi Dissanayake, l'épouse du directeur d'usine sri-lankais qui a été battu à mort et immolé par une foule au Pakistan, tient la photo de remise des diplômes de son mari à sa résidence à Ganemulla près de Colombo, le 5 décembre 2021. (Crédit : Ishara S. KODIKARA / AFP )

Plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées dans l’est du Pakistan après le meurtre d’un directeur d’usine sri-lankais battu à mort et immolé par le feu par une foule qui l’accusait de blasphème, ont annoncé samedi des responsables locaux.

Ce meurtre sauvage, documenté par des vidéos relayées par les réseaux sociaux, a choqué le Premier ministre Imran Khan, qui a évoqué un « jour de honte pour le Pakistan ».

La question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où des allégations souvent non prouvées d’offense à l’islam ont plusieurs fois provoqué des lynchages meurtriers ces dernières années.

Les accusations de blasphème sont régulièrement utilisées comme prétexte dans des disputes qui n’ont au départ rien à voir avec la religion, selon les organisations de défense des droits de l’Homme.

Le Premier ministre pakistanais Imran Khan s’adresse à la cérémonie de pose de la première pierre du corridor de Kartarpur à Kartarpur, le 28 novembre 2018. (Arif Ali/AFP.)

Le meurtre a eu lieu vendredi à Sialkot, dans la province du Pendjab, à environ 200 km au sud-est de la capitale Islamabad, après la diffusion de rumeurs indiquant que le directeur d’usine s’est rendu « coupable de blasphème », selon la police.

« Une rumeur s’est répandue dans l’usine selon laquelle le responsable avait déchiré une affiche religieuse et l’avait jetée dans une poubelle », a déclaré à l’AFP Zulfiqar Ali, un officier de police local.

Jusqu’à 120 personnes, dont l’un des principaux suspects, ont été arrêtées à la suite du meurtre, a indiqué à l’AFP Khurram Shehzad, un porte-parole de la police.

Selon Tahir Ashrafi, représentant spécial du Premier ministre pour l’harmonie entre les religions, les ouvriers de l’usine s’étaient plaint avant le meurtre de la trop grande sévérité du responsable.

« Les experts de la police enquêtent sur l’affaire, explorant plusieurs pistes, dont la possibilité que des employés de l’usine aient utilisé l’excuse de la religion pour se venger contre le responsable », a confié M. Ashrafi.

De macabres vidéos diffusées sur Twitter montrent la victime frappée par des individus, dont certains hurlent des slogans dénonçant le blasphème. D’autres images laissent ensuite apparaître son corps entièrement brûlé devant une foule de plusieurs dizaines d’hommes. Nombreux sont ceux qui ne font aucun effort pour cacher leur visage et vont même jusqu’à prendre des selfies devant le corps en feu.

Selon Hassan Khawar, un porte-parole des autorités provinciales du Pendjab, entre 800 et 900 personnes – dont certains armés de bâtons – se sont acharnées sur le corps de la victime.

Celui-ci a été autopsié, et va être livré à l’ambassade sri-lankaise à Islamabad, a-t-il précisé à la presse.

« La foule regardait tout cela en silence, et personne n’a tenté de lui porter secours », a déclaré à l’AFP Malik Naseem Awan, un avocat de Sialkot, en se disant profondément choqué.

Presque tous les partis politiques et religieux, ainsi que la puissante armée, ont condamné le meurtre.

Un responsable pakistanais a indiqué à l’AFP qu’Islamabad avait assuré aux diplomates sri-lankais que « tous ceux qui sont impliqués dans ce crime haineux » seraient « traduits en justice ».

Les violences liées à des affaires de blasphème, régulièrement instrumentalisées par des groupes extrémistes islamistes influents, font régulièrement l’actualité au Pakistan.

Dimanche dernier dans le nord-ouest du pays, des milliers de personnes, qui voulaient que la police leur livre un homme accusé d’avoir brûlé un Coran, avaient incendié un commissariat.

En avril 2017, toujours dans le nord-ouest, une foule en colère avait lynché à mort un étudiant, Mashal Khan, accusé d’avoir posté sur internet des messages blasphématoires.

En 2014, un couple de chrétiens en conflit avec un responsable de leur usine y avaient été lynchés puis brûlés dans un four après avoir été faussement accusés d’avoir profané un Coran.

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