Paris : Smotrich ne participera finalement pas à un rassemblement pro-Israël
Malgré les nombreuses pressions et menaces, le rassemblement organisé par « Israël is forever » à la veille de la rencontre France-Israël à Paris est maintenu, mais en l'absence de Smotrich, a assuré le préfet de police Laurent Nuñez
Le gala organisé à l’initiative de « Israël is forever » devrait bien avoir lieu à Paris le 13 novembre prochain, mais en l’absence du ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich, qui était initialement annoncé.
Des associations, des syndicats et des partis de gauche français avaient dénoncé l’organisation de ce gala, fustigeant tout particulièrement la présence annoncée du ministre d’extrême-droite qui incarne, selon elles,
« la figure du sionisme religieux le plus fanatique » mais aussi « racisme et haine ».
« Aujourd’hui, comment comprendre qu’il soit autorisé à appeler à la haine, à faire l’apologie d’actes criminels sur le territoire français, ce qu’il ne manquera pas de faire, chacun le sait, à partir du moment où il sera autorisé à venir en France », avaient écrit ces six organisations (France Palestine Solidarité, le Mrap, la LDH, la FIDH, la CGT, la FSU et Solidaires) dans un communiqué datant du 7 novembre dernier.
La France avait dénoncé en mars 2023 les propos « irresponsables » du ministre des Finances israélien qui avait nié l’existence des Palestiniens en tant qu’individus comme en tant que peuple lors d’une soirée organisée par un groupuscule radical sioniste à Paris.
Fin octobre, la diplomatie française s’était dite « choquée » par les appels à recoloniser Gaza formulées par des ministres israéliens dont Smotrich.
Les groupes de pression pro-palestiniens avaient alors demandé au préfet de police de Paris d’interdire le gala organisé par « Israël is forever ».
Ils avaient été soutenus par des responsables politiques du parti d’extrême-gauche La France insoumise s’étaient joints à l’appel des organisations pro-palestiniennes. Le député Thomas Portes avait décrit l’événement comme « une honte ». Il avait lui demandé au préfet de police de « prendre les mesures nécessaires » face à la conférence.
L’eurodéputée Rima Hassan avait, elle, appelé les « Parisiens et Parisiennes » à agir en déclarant : « Ce gala ne doit pas se tenir ! Mobilisez-vous ! »
Alors que le gouvernement israélien exécute un génocide à Gaza, je demande au préfet de police de Paris d’interdire le « Gala d’Israel is Forever », prévu à Paris le 13 novembre en présence du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich qui trouve moral de laisser mourrir… pic.twitter.com/eNySTU12HX
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) October 16, 2024
Mais malgré ces appels, Laurent Nuñez avait donné son accord initial à la tenue du gala. Saisi par la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient EuroPalestine pour obtenir une annulation de la décision du préfet de police, le tribunal administratif de Paris a jugé samedi 9 novembre qu’il n’y avait pas lieu de l’interdire.
« Constatant que l’existence d’une menace caractérisée et imminente n’est pas établie, le juge des référés considère que les conditions ne sont pas remplies pour qu’il puisse ordonner à l’autorité investie du pouvoir de police d’interdire le gala », écrit notamment le tribunal administratif.
Interrogé dimanche sur BFMTV après que la décision du tribunal ait été rendue publique, Laurent Nuñez a estimé qu’il n’avait « pas de raison » d’interdire le gala.
Il a précisé que le gala réunit « à peine quelques centaines de personnes » et « se tient chaque année », ajoutant qu’il ferait en sorte que le rassemblement « se tienne dans un lieu qui ne pose pas de problème en termes de troubles à l’ordre public ».
Laurent Nuñez a de plus affirmé que Smotrich ne ferait pas le déplacement. « Je comprends que finalement, il ne sera pas là », a-t-il dit.
Le gala, qui est présenté par ses organisateurs comme « la mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël », devrait par ailleurs se tenir à la veille d’un match de football France-Israël sous haute tension après les violences subies par les supporters israéliens à Amsterdam en marge d’une rencontre sportive.
Les autorités israéliennes ont appelé dimanche les supporters à éviter de se rendre au match à Paris, tandis que le président français Emmanuel Macron a lui annoncé qu’il y assisterait pour « envoyer un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables qui ont suivi le match à Amsterdam cette semaine ».
Un total de 4 000 policiers et gendarmes seront mobilisés jeudi pour ce match à « haut risque » au Stade de France, a par ailleurs annoncé dimanche le préfet de police de Paris.
Malgré les menaces contre les organisations juives et les soutiens d’Israël, le mouvement sioniste Betar, qui dispose de nombreuses branches dans le monde et qui compte dans ses rangs des membres radicaux, prévoit de se rassembler mercredi à Paris et jeudi au match de football aux côtés du Mouvement des Étudiants Juifs Français (MEJF).
« Nous sommes scandalisés par ce qui s’est passé à Amsterdam et par la réaction des gouvernements », a affirmé le président de l’organisation parapluie du Betar mondial, Yigal Brand, cité dans un communiqué du mouvement.
« Nous sommes de fiers sionistes et n’avons pas à nous excuser », a-t-il déclaré.