« Pas de cessez-le-feu tant que le Hezbollah ne remettra pas ses armes » – député libanais
Nadim Gemayel insiste sur la responsabilité individuelle du Hezbollah dans la guerre en cours au Liban et dénonce le fait que c'est « le peuple libanais qui en paie le prix »
Dans une interview accordée le 9 octobre 2024 à la chaîne de télévision libanaise LBC, fondée par les Forces libanaises chrétiennes pendant la guerre civile, et traduite par MEMRI, le député Nadim Gemayel a déclaré que le Hezbollah récoltait ce qu’il avait semé.
Gemayel est membre du parti de droite chrétien Kataeb, fondé par son grand-père Pierre Gemayel et aujourd’hui dirigé par son cousin Samy Gemayel. Son parti soutient la démilitarisation du Hezbollah, seule milice à n’avoir pas déposé les armes à la fin de la guerre civile.
Gemayel a, par ailleurs, rappelé que la guerre en cours au Liban « n’est pas entre le Liban et Israël. C’est entre le Hezbollah et Israël. Le Liban n’a rien à voir avec cette opération, mais le peuple libanais en paie le prix ».
Lors de l’interview, il a déclaré que « malheureusement, le Hezbollah récolte aujourd’hui ce qu’il a semé ces 20 dernières années. Le Hezbollah nous a menacés, tués, détruits et a toujours essayé de pousser la société libanaise dans son ensemble. Le Hezbollah n’a laissé personne s’exprimer librement et n’a pas laissé l’État se remettre sur pied ».
Répondant à l’argument du Hezbollah qui justifie ses actions contre Israël par « l’équilibre » des forces en présence dans la région, Nadim Gemayel interroge : « Où est l’équilibre de la terreur ? Leur a-t-il permis de défendre le Liban ? A-t-il empêché le Liban d’être détruit comme nous le voyons aujourd’hui ? L’équilibre de la terreur a-t-il protégé les chiites eux-mêmes ? Leurs armes n’ont défendu aucun Libanais, aucun chiite, ni même Hassan Nasrallah lui-même. Où est Hassan Nasrallah aujourd’hui ? Ces armes, cet équilibre de la terreur, ont-ils réussi à le protéger ? Où est-il aujourd’hui ? ».
Nasrallah a été éliminé par Israël le 27 septembre dernier.
Le député a également posé la condition de la démilitarisation du Hezbollah comme pré-requis à un cessez-le-feu avec Israël. « Il n’y aura pas de cessez-le-feu tant que le Hezbollah ne remettra pas ses armes », a-t-il affirmé.
« Toutes les analyses et ce que nous avons vu à Gaza montrent clairement que ces gens [Israël] ne plaisantent pas. Nous avons vu ce qu’ils font. Quelqu’un a-t-il imaginé, avant le 26 septembre, qu’ils étaient prêts à tuer Hassan Nasrallah ? Certainement pas. Ces gens ne jouent pas à des jeux. La destruction qu’ils sèment est évidente. Ils n’ont pas joué à Gaza, et ils nous ont dit que la même chose nous arriverait », a-t-il poursuivi.
Il a conclu l’interview en indiquant faire « une distinction entre le Liban et le Hezbollah, car c’est le Hezbollah qui a décidé… Personne n’a forcé le Hezbollah à se battre en Syrie, personne ne l’a forcé à aller entraîner [les Houthis] au Yémen, et personne ne l’a forcé à déclencher une guerre [avec Israël] le 8 octobre. Qui les a forcés ? Ils se sont mis eux-mêmes dans cette crise, et ils doivent en assumer la responsabilité. Ils ne doivent pas penser, ne serait-ce qu’une seconde, à venir nous voir pour nous demander d’assumer cette responsabilité. Nous ne résoudrons pas la crise pour le Hezbollah. Pour résoudre sa crise aujourd’hui, le Hezbollah doit remettre ses armes ».