Pedro Sanchez soutient les manifestants anti-Israël
"Evidemment que nous condamnons les terribles attentats du Hamas, que nous exigeons la libération inconditionnelle et urgente de tous les otages aux mains du Hamas", a assuré le socialiste
Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a apporté dimanche son soutien aux dizaines de milliers de personnes qui ont participé la veille aux manifestations anti-Israël dans plusieurs villes d’Espagne.
« Nous aussi, nous sommes avec eux tous et elles toutes », a déclaré M. Sanchez lors d’une convention du Parti socialiste en Galice (nord-ouest), en évoquant les manifestations « dans de nombreuses rues et de nombreux villages d’Espagne (…) pour la reconnaissance de l’État palestinien et la fin de la guerre au Moyen-Orient » sans mentionner les slogans anti-Israël.
Ces manifestations, à l’appel de la plateforme « Réseau de solidarité contre l’occupation de la Palestine » et avec comme mot d’ordre « Arrêtons le génocide en Palestine », ont eu lieu dans plusieurs grandes villes dont Madrid qui a connu la plus forte participation, 25 000 personnes selon le gouvernement.
La position du gouvernement espagnol, coalition des socialistes et d’une plateforme de gauches, très critique envers Israël, avait provoqué en novembre un différend diplomatique.
Israël avait alors rappelé son ambassadrice pour consultations. Cette dernière est revenue à Madrid récemment.
« Evidemment que nous condamnons les terribles attentats du Hamas, que nous exigeons la libération inconditionnelle et urgente de tous les otages aux mains du Hamas », a assuré dimanche M. Sanchez.
« Mais avec la même détermination, nous disons au gouvernement de Netanyahu que les bombardements indiscriminés et la mort de garçons, de filles et de milliers de personnes à Gaza ne sont pas admissibles », a-t-il ajouté.
« Nous demandons un cessez-le-feu permanent, nous voulons que l’aide humanitaire entre à Gaza, nous voulons une conférence internationale de paix et la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ensemble de la communauté internationale », a-t-il prôné.
M. Sanchez a également apporté son soutien au chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, un socialiste espagnol comme lui, présent à la convention en Galice.
« Nous sommes extrêmement fiers » que M. Borrell ait élevé « la voix et le drapeau des droits de l’homme, y compris à Gaza et dans tout le Moyen-Orient », a-t-il déclaré.
Vendredi soir à Valladolid, M. Borrell a notamment déclaré qu' »une solution à deux États doit être imposée de l’extérieur pour ramener la paix. Même si, et j’insiste, Israël réaffirme son refus (de cette solution) et, pour l’empêcher, il est allé jusqu’à créer lui-même le Hamas », a accusé M. Borrell.
« Le Hamas a été financé par le gouvernement israélien pour tenter d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah. Mais si nous n’intervenons pas fermement, la spirale de la haine et de la violence se poursuivra de génération en génération, de funérailles en funérailles », a-t-il ajouté lors d’une allocution en espagnol à l’université de Valladolid, qui lui a décerné un doctorat honoris causa.
Le Hamas avait été créé en décembre 1987 peu après le début de la première Intifada par un groupe d’islamistes se réclamant des Frères musulmans, parmi lesquels l’influent cheikh Ahmad Yassine, qu’Israël assassinera plus tard.
Acronyme en arabe de « Mouvement de la résistance islamique », le Hamas a été notamment fondé pour contrecarrer le Jihad islamique palestinien pro-Iran et rivaliser avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mouvement principalement laïc mené alors par Yasser Arafat.
Vingt ans plus tard, en juin 2007, à la suite d’une quasi-guerre fratricide contre le Fatah, mouvement au cœur de l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, le successeur de Yasser Arafat, le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza.
Au cours des dernières années, la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas et sous restrictions sécuritaires israéliennes et égyptiennes, a reçu une aide de plusieurs millions de dollars de la part du Qatar, ce qui a valu des critiques à Benjamin Netanyahu accusé par des détracteurs d’avoir favorisé le financement de ce mouvement – ce qu’il nie.
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu : Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.