Pegasus/Police : Plusieurs ex-directeurs généraux de ministère réclament une enquête
Shai Babad, Keren Terner et Emi Palmor demandent la suppression du matériel obtenu ; le contrôleur de l'État examinera également les réclamations

Trois anciens directeurs généraux de cabinets ministériels, qui, selon un article explosif du journal Calcalist, ont tous vu leurs téléphones piratés par la police israélienne, ont demandé mardi au gouvernement l’ouverture d’une enquête d’État relative à ces graves allégations.
L’ancien directeur du ministère des Finances, Shai Babad, l’ancienne directrice du ministère des Transports, Keren Terner Eyal, et l’ancienne directrice du ministère de la Justice, Emi Palmor, figuraient parmi les personnes nommées dans l’article de Calcalist alléguant que la police avait utilisé le logiciel espion Pegasus du groupe NSO, sans approbation judiciaire, pour pirater les téléphones de responsables gouvernementaux, maires, militants, journalistes, et membres de la famille ainsi que des conseillers de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu.
L’article mentionnait également l’homme d’affaires Rami Levy, Ilan Yeshua, l’ancien PDG de Walla, actuellement un témoin de premier plan dans le procès contre Netanyahu, la mairesse de Netanya, Miriam Feirberg, Avner Netanyahu, le fils de l’ancien Premier ministre, les dirigeants de manifestations israélo-éthiopiennes contre la police, et bien d’autres.
Dans une lettre adressée au Premier ministre Naftali Bennett, au ministre de la Justice Gideon Saar, au ministre de la Sécurité publique Omer Barlev et à la procureure générale nouvellement nommée Gali Baharav-Miara, les anciens directeurs généraux déplorent des « sentiments d’insulte, d’humiliation et d’impuissance face aux droits fondamentaux si sévèrement piétinés », et ont appelé à ce que tous les documents obtenus à partir de leurs téléphones soient immédiatement supprimés.
« Au vu de la gravité de l’affaire, il vous est demandé, conformément à vos pouvoirs, d’agir comme suit : établir une commission d’enquête d’État, » lit-on dans la lettre.
« Les éléments et les informations en possession de la police doivent être détruits immédiatement », ont-ils poursuivi. « Nous exigeons l’exécution immédiate d’une ordonnance du tribunal interdisant toute possession, utilisation, traitement, transfert, publication, navigation, divulgation, etc. Veuillez demander une explication détaillée immédiate pour savoir si la police a effectivement utilisé des logiciels espions ou tout autre acte de recherche ou écoute électronique de nos téléphones. »
Leur lettre fait suite à des appels similaires lancés lundi par des ministres et des législateurs exigeant également la mise en place d’une enquête de l’État pour examiner les plaintes.
Dans une interview accordée à la Douzième chaîne lundi, Palmor a souligné qu’il n’y avait aucune raison légitime concevable pour qu’elle ait été ciblée, et a déclaré qu’elle était horrifiée par les informations. « Je n’ai jamais fait l’objet d’une enquête. Personne autour de moi n’a jamais fait l’objet d’une enquête. Ni personnellement, ni familiale, ni professionnellement. Je n’ai pas le début d’une notion… d’un lien avec toute enquête », a-t-elle insisté.

En tant que directrice générale du ministère de la Justice, Palmor rappelle : « J’étais en charge de 7 000 personnes… y compris le ministère public… J’ai été chargée de présider le panel qui s’est penché sur le racisme contre les Israéliens d’origine éthiopienne et a vérifié le comportement de la police, de l’accusation et du PID. Que voulez-vous, il était nécessaire d’émettre des critiques et de suggérer un plan d’action, qui a ensuite été approuvé par le gouvernement, afin de modifier le comportement de la police. L’idée que ces choses…… s’avèrent être le début d’une raison [pour que je sois ciblée] ? Très effrayant. J’étais sous le choc [quand j’ai lu le journal] », a-t-elle ajouté. « L’idée que des officiers de police supérieurs avec qui je suis en contact sachent des choses personnelles à mon sujet… est une pensée très désagréable… J’espère vraiment que ce n’est pas vrai. Nous n’avons pas d’autre police. »
Babad a déclaré à la radio de l’armée que si les affirmations s’avèrent être vraies, « c’est un triste jour pour la démocratie israélienne. Il s’agit d’une violation grave de la vie privée et des agents de l’Etat. » Babad a déclaré qu’il ne s’attendait jamais à être suivi ou espionné, « et certainement pas par la police ».

Mardi également, le contrôleur de l’État Matanyahu Englman a déclaré que si les allégations de logiciels espions étaient vraies, l’activité constituait « un piétinement des valeurs de démocratie et de vie privée ».
S’exprimant lors d’une conférence organisée par l’hebdomadaire israélien B’Sheva, l’organisme de surveillance de l’État a déclaré que son bureau examinait l’utilisation présumée du logiciel espion, ainsi que le comportement du bureau du procureur de l’État et du ministère de la Justice.