Peu d’amendes distribuées lors des grandes prières haredim, selon les chiffres
Seulement 171 amendes ont été distribuées pour violations du confinement lors des prières ultra-orthodoxes dans le pays - dont une seule à Jérusalem
Moins de 200 amendes sanctionnant les rassemblements de prière massifs au sein de la population haredi – interdits par les mesures mises en place dans le cadre du confinement national entraîné par le coronavirus – ont été distribuées dans tout le pays, malgré de nombreuses informations faisant état d’importants regroupements des fidèles ultra-orthodoxes, selon des données transmises à la Knesset par la police israélienne.
Toutes, à l’exception d’une seule, ont été distribuées hors de Jérusalem, qui est pourtant le cœur des mouvements ultra-orthodoxes ayant refusé d’obéir aux restrictions – ce qui interroge encore davantage.
Au même moment, la police a distribué des milliers d’amendes aux manifestants qui réclamaient la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu, à Tel Aviv et à Jérusalem, selon les données rendues publiques lundi.
Ces chiffres sont publiés alors que des informations ont laissé entendre que la police se serait abstenue, à dessein, de faire appliquer le confinement dans les secteurs ultra-orthodoxes. La semaine dernière, Haaretz avait fait savoir que les forces de l’ordre, à Jérusalem, avaient discrètement convenu avec les institutions religieuses du quartier de Mea Sharim de détourner le regard des rassemblements massifs qui avaient eu lieu pendant la fête de Souccot, d’une durée d’une semaine. La police a démenti cette accusation.
En tout, seulement 171 amendes ont donc été distribuées dans tout le pays lors d’offices de prière qui contrevenaient aux restrictions induites par l’épidémie de coronavirus, et alors même que les rassemblements ultra-orthodoxes, qui ont souvent eu lieu sans respect du port du masque et de la distanciation sociale, ont dominé l’actualité pendant Souccot et la fête de Simhat Torah.
Une seule amende a été imposée à Jérusalem et seulement 21 dans le district de la police de Judée et Samarie – qui comprend les implantations ultra-orthodoxes majeures de Modiin Illit et Beitar Ilit, ont révélé les données.
La communauté ultra-orthodoxe a été marquée par un taux d’infection au coronavirus disproportionnellement élevé. Une évaluation rendue publique la semaine dernière a montré que le taux d’infection au sein de cette population particulière était d’environ trois fois plus élevé que la moyenne nationale.
Dans un enregistrement diffusé la semaine dernière par la Douzième chaîne, le chef de la police de Modiin Ilit, Tzahi Halfon, déclare aux responsables ultra-orthodoxes qu’ils ont peu de raison de s’inquiéter d’éventuelles interventions policières visant à faire respecter les directives.
« Vous savez que je ne viens pas fouiller les synagogues ici » pour garantir que les règles interdisant les prières en espace clos sont respectées, dit Halfon. « Je n’ai pas envoyé de patrouilles à Yom Kippour… Je ne suis pas venu hier. »
Pendant Souccot, 165 amendes ont été distribuées à des personnes qui se trouvaient dans une Soucca, sans respecter les directives, à Tel Aviv. Mais à Jérusalem, une ville bien plus religieuse, seules 40 amendes sont venues sanctionner ce délit.
En tout, 53 514 amendes ont été distribuées à des Israéliens qui se trouvaient dans un espace public sans y être autorisé selon les directives, et 24 227 ont sanctionné le non-respect du port du masque. 1 238 ont puni l’ouverture illégale d’une entreprise – une violation passible d’une amende de 5 000 shekels dans ce cas.
La police israélienne a fait savoir – un fait notable – qu’aucune amende n’avait été remise pour « incapacité à conserver la distanciation sociale de deux mètres ». Des manifestants anti-Netanyahu avaient confié à Haaretz avoir écopé d’une telle amende, même quand la police n’était pas encore autorisée à les distribuer.
Ces données ont été soumises par les forces de l’ordre aux membres d’une commission de la Knesset, lors d’une réunion consacrée à la conduite des agents au cours de la vague récente de manifestations anti-Netanyahu.
La police n’avait pas répondu à une demande de réactions de notre part sur la mise en œuvre des règles de confinement au moment de l’écriture de cet article.
Le Times of Israël avait antérieurement demandé à un porte-parole de la police de pouvoir consulter les données qui ont finalement été transmises à la Knesset, une demande qui avait été rejetée. Il avait été par ailleurs répondu au journal que les forces de l’ordre n’avaient pas de statistiques en leur possession sur les violations des règles du confinement.
Le deuxième confinement du pays a interdit aux Israéliens de s’éloigner de plus d’un kilomètre de leurs habitations pour se rendre à une manifestation, bien que des milliers de personnes se soient réunies à Tel Aviv à plusieurs occasions avant de défiler dans la ville côtière.
La police a peiné à faire appliquer les règles et certains agents ont été accusés de recourir à une force excessive en tentant de disperser les manifestants contrevenant aux restrictions.
La police n’a pas envoyé de représentant – un fait rare – à la Knesset pour répondre aux questions des membres de la commission. Ofer Shelah, député de Yesh Atid, a dénoncé des « pressions politiques » exercées sur la police, en particulier au vu de l’absence depuis deux ans d’un commissaire en titre dûment nommé.
« Nous avions invité par écrit le commissaire par intérim de la police nationale [Motti Cohen], son adjoint, ainsi que les chefs des polices de Tel Aviv et de Jérusalem. Je voudrais dire que nous aurions pu les assigner à comparaître devant nous, mais nous avons choisi de ne pas leur manquer de respect », a ajouté Shelah.
« Il est apparu hier, dans nos conversations, que ces hommes étaient inquiets – et ils ne sont pas des lâches – à l’idée de venir témoigner devant la commission », a-t-il poursuivi.