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Pissarro spolié à un juif : l’héritière demande l’arrêt des poursuites

"La bergère rentrant des moutons" est l'objet d'une intense bataille judiciaire entre Léone Meyer, 81 ans et l'université de l'Oklahoma qui l'a reçu en legs en 2000

"Bergère rentrant des moutons", Camille Pissarro, 1886. (Crédit : Domaine public/Wikimedia Commons)
"Bergère rentrant des moutons", Camille Pissarro, 1886. (Crédit : Domaine public/Wikimedia Commons)

Les avocats de l’héritière d’un tableau de Camille Pissarro, spolié par les nazis à ses propriétaires juifs pendant l’Occupation en France, ont demandé mardi à la justice française d’ordonner à une université américaine de renoncer à ses poursuites contre leur cliente.

« La bergère rentrant des moutons » est l’objet d’une intense bataille judiciaire entre Léone Meyer, 81 ans, – une orpheline rescapée de la Shoah, adoptée à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les propriétaires du tableau – et l’université de l’Oklahoma qui l’a reçu en legs en 2000.

La chambre des référés du tribunal judiciaire de Paris fera connaître sa décision le 13 avril. Elle répondra aussi à une autre demande de Mme Meyer concernant la mise sous séquestre du tableau du peintre impressionniste.

Saisie par l’université de l’Oklahoma, la justice américaine a ordonné à Mme Meyer de cesser toutes les procédures entamées en France sous peine de plusieurs millions de dollars de sanctions.

Ne pouvant pas aller à l’encontre d’une décision de justice américaine, les avocats de Mme Meyer ont demandé à leur tour à la justice française d’ordonner à l’université de « se désister » de toutes ses poursuites contre leur cliente.

Selon la justice américaine, Mme Meyer n’a pas respecté un contrat conclu entre elle et l’université en 2016.

Cet accord, aujourd’hui dénoncé par Mme Meyer, reconnaît la propriété de l’héritière sur le tableau spolié mais prévoit que la toile soit exposée pendant cinq ans dans un musée français, avant de faire la navette tous les trois ans entre Paris et l’Oklahoma. L’œuvre, actuellement au musée d’Orsay, devrait ainsi repartir aux États-Unis en juillet.

Une autre clause oblige Mme Meyer à léguer la toile, de son vivant, à un établissement d’art qui s’engage à respecter ces allers-retours perpétuels, sous peine d’être rendue à l’État américain à la mort de l’héritière. Le musée d’Orsay a refusé le don, inquiet du coût de tels allers-retours et des dommages que cela pourrait causer au tableau.

« Un contrat, c’est sacré », a argumenté Me Olivier de Baecque au nom de l’université américaine.

« Une transaction est sacrée mais ce qu’il y a encore de plus sacré, c’est de restituer un bien spolié par la Gestapo », a répliqué Me Ron Soffer, avocat de Mme Meyer.

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