Plus de 50 % des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza en dépression – étude
Selon la Banque mondiale, qui appelle à une solution "holistique", le conflit et le chômage ont un impact considérable sur la santé mentale
Une étude publiée vendredi par la Banque mondiale révèle que plus de la moitié de la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza présente des symptômes de dépression.
L’étude, présentée à Ramallah en mars, indique que 50 % des résidents palestiniens de Cisjordanie et 71 % des habitants de Gaza (58 % de tous les Palestiniens des territoires) présentent des symptômes compatibles avec la dépression. En outre, 7 % des adultes palestiniens ont été dépistés positifs au syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
L’étude attribue ces conditions à « des vulnérabilités qui se chevauchent et des traumatismes cumulés sur la population palestinienne », en raison de « décennies d’exposition au conflit, de restrictions sur les mouvements et de mauvaises conditions de vie », en particulier pour les habitants de Gaza.
Les données de l’étude, intitulée « Palestinian Psychological Conditions Survey (PPCS) », ont été recueillies auprès de 5 876 personnes au cours de l’année 2022.
L’étude montre que si la dépression, l’anxiété et le SSPT sont directement liés à des événements traumatisants – 65 % des habitants de Gaza et 35 % des habitants de Cisjordanie ont déclaré avoir été exposés à un événement traumatisant au cours des 12 mois précédents – ils sont également corrélés à la privation économique et à la « perte du sens de l’action » due à un taux de chômage élevé.
À la fin de l’année 2022, le taux de chômage moyen pour l’ensemble des Palestiniens était de 24 %, avec une forte disparité entre la Cisjordanie (13 %) et Gaza (45 %). Le taux de chômage des jeunes était particulièrement élevé dans la bande de Gaza, avec près de 70 %.
Les données ont montré une corrélation claire entre le chômage et le risque de dépression, et entre l’insécurité alimentaire et la détresse psychologique, selon les chercheurs. Elles indiquent également que les personnes présentant une comorbidité, telle qu’une maladie chronique (19 % des personnes interrogées) ou un handicap (2 % des personnes interrogées), présentent des niveaux plus élevés de symptômes de dépression et de stress post-traumatique.
Le rapport suggère que la crise de la santé mentale palestinienne devrait être abordée avec une « approche holistique », visant à « renforcer le capital humain » en combinant l’aide financière avec des services psychosociaux, l’emploi des jeunes et la thérapie cognitivo-comportementale, et en ciblant des sous-groupes spécifiques qui sont plus vulnérables.
L’étude a été réalisée par la Banque mondiale en collaboration avec le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS) et les organisations allemandes à but non lucratif « International Security and Development Center » (ISDC) et « Zentrum Überleben ».
Une évaluation plus approfondie de l’impact des facteurs de santé mentale sur la productivité et la croissance économique en Cisjordanie et à Gaza devrait être publiée début 2024.