Polémique après l’interdiction des drapeaux LGBT sur les ambassades américaines
Israël serait l'une des ambassades à s'être vues refuser le droit de hisser le drapeau LGBT pour le Mois des fiertés ; pour Mike Pence, seul le drapeau américain y est autorisé
Pas de drapeau arc-en-ciel sur le mât officiel des ambassades des Etats-Unis pour célébrer le mois de la « fierté homosexuelle »: le département d’Etat a confirmé lundi la décision controversée du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
Les médias américains ont rapporté ces derniers jours que plusieurs missions diplomatiques des Etats-Unis à travers le monde, qui désiraient faire flotter l’étendard LGBT à l’occasion des différentes Gay Pride comme certaines d’entre elles l’ont déjà fait ces dernières années, avaient essuyé un refus de Washington. Elles sont en effet obligées de demander une autorisation pour mettre un autre drapeau que la bannière étoilée américaine sur le mât officiel.
Quatre ambassades se sont ainsi vues refuser le droit d’accrocher le drapeau arc-en-ciel : celles d’Israël, de l’Allemagne, du Brésil et de la Lettonie, comme l’a rapporté le Guardian.
Le vice-président américain, Mike Pence, a défendu mardi la décision du département d’Etat.
« Comme le président l’a dit le soir de notre élection, nous sommes fiers de pouvoir servir tous les Américains », a indiqué Mike Pence à la chaîne NBC News, qui répondait à la question de savoir si cette interdiction contredisait le tweet du président américain célébrant le mois des fiertés.
Mike Pence a précisé que la bannière arc-en-ciel, ou d’autres, n’étaient pas interdits ailleurs dans les ambassades américaines.
Chrétien évangélique, le vice-président est opposé au mariage entre personnes de même sexe. Il a critiqué les mesures destinées à protéger les membres de la communauté LGBTQ contre les discriminations. Il serait également favorable aux thérapies dites de conversion.
« Le secrétaire d’Etat estime que, lorsqu’il s’agit du mât, seul le drapeau américain doit pouvoir y flotter », a dit à la presse la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus, assurant que seul cet emplacement officiel était concerné par l’interdiction.
Pour autant, « le mois de la fierté homosexuelle, qui est en cours, a été célébré à travers le monde par de nombreux employés du département d’Etat et par de nombreuses ambassades », et Mike Pompeo lui-même « respecte la dignité de chaque individu », a-t-elle assuré.
Le sénateur démocrate Ed Markey a dénoncé une « attaque flagrante contre les droits » de la communauté LGBT, appelant l’administration de Donald Trump à « expliquer pourquoi tant de haine » et à revenir sur sa décision. Des défenseurs des droits des homosexuels ont aussi protesté contre cette mesure.
Le département d’Etat avait déjà été critiqué pour avoir décidé de ne plus octroyer de visa américain aux partenaires de diplomates étrangers homosexuels qui s’installent ou vivent aux Etats-Unis, à moins qu’ils se marient.
Les positions de Mike Pompeo sur la question de l’orientation sexuelle sont scrutées à la loupe en raison de déclarations passées très controversées.
Lors de l’audition pour voir sa nomination au département d’Etat confirmée par le Sénat, le républicain et fervent évangélique qui affiche volontiers sa foi chrétienne avait été sommé, sur la base de propos anciens, de dire s’il pensait qu’être homosexuel était « une perversion ».
Mike Pompeo n’avait pas clairement répondu par oui ou non.
« Quand j’étais un homme politique », avant d’avoir des responsabilités au sein de l’administration, « j’avais une idée très claire sur le fait de savoir si le mariage entre deux personnes du même sexe était approprié », avait-il seulement rappelé. « Je m’y tiens », avait-il ajouté, tout en assurant respecter les couples homosexuels.