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Pologne : campagne antisémite en 1968, tensions avec Israël aujourd’hui

"On construit à nouveau l'image de la Pologne assiégée par des ennemis, et les ennemis sont les Juifs qui nous veulent du mal," a déclaré l'ancien opposant Adam Michnik

Adam Michnik, un dissident éminent de l'ère communiste dorénavant rédacteur en chef de la Gazeta Wyborcza, le journal libéral majeur en Pologne, à son bureau le 23 février 2018 à Varsovie (Crédit :  AFP PHOTO / JANEK SKARZYNSKI
Adam Michnik, un dissident éminent de l'ère communiste dorénavant rédacteur en chef de la Gazeta Wyborcza, le journal libéral majeur en Pologne, à son bureau le 23 février 2018 à Varsovie (Crédit : AFP PHOTO / JANEK SKARZYNSKI

Le 50e anniversaire de la violente campagne antisémite de 1968 en Pologne arrive au moment où Varsovie affronte une crise dans ses relations avec Israël et les organisations juives, sur la mémoire de la Shoah.

La situation d’aujourd’hui est fondamentalement différente, mais il reste un dénominateur commun : la présence, dans certains milieux polonais, de pulsions antisémites que l’on espérait enterrées à jamais.

En 1968, la chasse aux « sionistes » était due essentiellement aux jeunes apparatchiks nationalistes du parti communiste qui convoitaient les postes de leurs supérieurs, souvent Juifs. La campagne avait été lancée par le pouvoir communiste, ses services de sécurité et ses médias.

En 2018, les dirigeants conservateurs polonais se trouvent accusés de vouloir nier l’Holocauste, en raison de leur loi sur la Shoah, destinée, selon eux à défendre l’image de la Pologne. Or, des responsables israéliens y ont vu une tentative d’empêcher qu’on évoque la participation de certains Polonais aux crimes contre les Juifs.

« Aujourd’hui, ce n’est pas la même chose », dit à l’AFP l’ancien opposant Adam Michnik, historien et rédacteur en chef du journal de centre gauche Gazeta Wyborcza.

« Il y a des similitudes, certes. On construit à nouveau l’image de la Pologne assiégée par des ennemis, et les ennemis sont les Juifs qui nous veulent du mal. »

« Un doigt d’honneur à Bruxelles »

« Il y a bien le discours de la droite nationaliste qui reprend par moments des mots d’ordre antisémites, mais c’est marginal. »

« Dans la loi sur la Shoah il n’y avait pas d’intention antisémite », poursuit Michnik. « Il s’agissait de tout autre chose, de montrer que la Pologne n’est plus à genoux, de faire un doigt d’honneur à Bruxelles et surtout aux Ukrainiens ».

A LIRE : Texte intégral de la loi polonaise controversée sur la Shoah

En 1968, une première impulsion était venue de Moscou, les dirigeants soviétiques s’étant sentis humiliés par la victoire israélienne sur leurs alliés arabes dans la « guerre des six jours » de juin 1967.

Du coup, les « sionistes » potentiels, autrement dit les Juifs au sein de l’appareil, favorables à Israël, étaient devenus l’objet de représailles, ce qui convenait parfaitement aux communistes nationalistes groupés autour de l’ambitieux ministre de l’Intérieur Mieczyslaw Moczar.

Le chef du PC polonais, Wladyslaw Gomulka, marié à une femme d’origine juive, n’était pas antisémite mais il jouait sa survie et souhaitait lui aussi se débarrasser des hauts cadres du parti, ex-staliniens et souvent Juifs, qui avaient provoqué sa mise à l’écart en 1948.

Le groupe nationaliste a cherché à convaincre Gomulka que la révolte étudiante était conduite par des enfants de « sionistes » en vue.

Gomulka a prononcé alors un « discours terrible », pense aujourd’hui l’un des dirigeants communistes de l’époque, Jozef Tejchma.

« Il a réveillé l’antisémitisme. La campagne a commencé, on cherchait les coupables de la crise économique, des difficultés, des conflits sociaux, et les coupables c’étaient eux, les autres, les Juifs et non la mauvaise politique sociale et économique », explique Tejchma à l’AFP.

La purge lancée d’abord au sein du parti unique par les services de sécurité a été relayée par des articles d’une rare brutalité dans la presse et des attaques venues spontanément du public, des lettres anonymes souvent motivées par le ressentiment, non tant à l’égard des Juifs que des nouvelles élites communistes au niveau de vie très supérieur à celui des classes populaires.

Dans le système communiste, être chassé du parti était suivi à court terme du licenciement, surtout pour ceux qui occupaient des postes dirigeants.

Au total, au moins douze mille Juifs polonais ont quitté le pays, en principe à destination d’Israël, mais en fait le plus souvent pour commencer une nouvelle vie en Occident.

Après la chute du communisme, tous les gouvernements polonais ont cherché à entretenir d’excellentes relations avec Israël.

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