Zohar Palti sur la question nucléaire iranienne
L'ex-haut responsable explique que l’Iran n'a jamais été aussi près du seuil nucléaire militaire et qu'Israël doit l'attaquer, sans nécessairement attendre le feu vert américain
L’ancien haut responsable de la défense et du renseignement du Mossad a dit samedi que l’Iran était sur le point de produire de l’uranium de qualité militaire, et qu’Israël avait les moyens d’endommager les installations du programme nucléaire iranien, même sans le soutien des États-Unis.
Zohar Palti, qui fut chef du bureau politico-militaire du ministère de la Défense et directeur du renseignement du Mossad, a expliqué qu’il ne faudrait plus que quelques jours -tout au plus quelques semaines – avant que Téhéran ne parvienne à enrichir de l’uranium aux niveaux militaires nécessaires à la production d’armes nucléaires.
L’Iran « n’est jamais allé aussi loin en matière d’enrichissement d’uranium », a déclaré Palti au correspondant politique du Times of Israel, Tal Schneider, lors d’un événement à Ramat HaSharon.
« C’est désormais une question de jours ou de semaines avant qu’ils ne parviennent à enrichir de l’uranium à 90 %, soit la qualité militaire », a-t-il déclaré.
Les médias d’État iraniens ont annoncé le mois dernier que les chercheurs avaient commencé à produire de l’uranium enrichi à 60 % dans la centrale nucléaire souterraine de Fordo, comme le fait l’usine de Natanz depuis 2019.
L’enrichissement à 60 % est le dernier pas avant l’obtention d’une qualité militaire de 90 %.
Les experts de la non-prolifération répètent depuis quelques mois que l’Iran dispose désormais de suffisamment d’uranium enrichi à 60 % pour l’utiliser comme combustible pour une bombe nucléaire au moins.
Palti a précisé qu’un enrichissement de ce niveau « ne signifiait pas pour autant qu’ils pouvaient immédiatement construire une arme nucléaire.
« Mais c’est évidemment un très mauvais signe, et nous n’en avons jamais été aussi proches », a-t-il assuré.
Il s’agissait des premiers propos publics de Palti, qui a pris sa retraite, il y a quelques mois, après 40 ans passés dans les hautes sphères de la sécurité israélienne, depuis son départ.
Palti a ajouté qu’Israël avait la capacité militaire pour attaquer les centrales nucléaires iraniennes, et qu’il n’avait pas nécessairement besoin d’attendre le feu vert américain, mais qu’il devrait « décider » s’il était prêt à assumer la responsabilité d’un tel geste.
« Je n’insinue pas qu’Israël est capable, je dis qu’il l’est », a-t-il martelé, tout en soulignant l’importance de la coordination avec Washington.
« L’une des choses que les Américains apprécient le plus est notre capacité à prendre nos propres décisions, à assurer notre sécurité », a-t-il ajouté, évoquant les frappes israéliennes sur les installations nucléaires en Syrie et en Irak, menées sans le soutien actif des Etats-Unis.
Palti a noté que l’atmosphère politique actuelle, particulièrement houleuse, n’était pas propice à ce qu’Israël envisage un scénario de guerre.
« Si ce scénario se réalise au final… Ce ne sera pas une question de politique ou de religion. Le Liban possède plus de 100 000 roquettes et l’Iran, des missiles guidés de précision. Le front intérieur israélien en souffrira… Israël devra présenter un front uni », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que les décideurs politiques ne pouvaient pas se permettre de traiter le sujet iranien comme s’il était déconnecté des autres questions de sécurité régionale.
« L’Iran n’est pas une question isolée », a affirmé Palti.
« Tout est lié. Impossible d’avancer sur la question iranienne sans remarquer ce qui se passe dans notre région, en Cisjordanie, sur la question du maintien du statu quo sur le mont du Temple ou de la protection des droits des minorités. »
Palti a mis en garde contre l’exacerbation des tensions sur le mont du Temple, affirmant que la relation d’Israël avec la Jordanie était son atout stratégique majeur.
« La sécurité nationale de chacun des pays est étroitement liée », a-t-il affirmé. Il est dans l’intérêt de l’État d’Israël « que la Jordanie soit forte et inébranlable. Nous avons un système de sécurité solide et sérieux. Le prochain chef d’état-major de Tsahal, Herzl Halevy, expliquera aux ministres ce qui est en jeu et ce que signifie la violation du statu quo sur le mont du Temple. »
Il a estimé que « le nouveau Premier ministre, Benjamin Netanyahu, ne toucherait pas au statu quo sur le mont du Temple ».