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Pour expier ses propos antisémites, Cannon accepte d’être l’“agneau sacrificiel”

Dans une conversation en ligne avec une organisation juive, le comédien indique que ses excuses ne sont qu’un début. Il révèle que son arrière-grand-père était un rabbin séfarade

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Nick Cannon s'exprime lors d'une conversation sur Zoom organisée par l'American Jewish Committee, le 10 août 2020. (Capture d'écran/Zoom)
Nick Cannon s'exprime lors d'une conversation sur Zoom organisée par l'American Jewish Committee, le 10 août 2020. (Capture d'écran/Zoom)

New York – L’icône médiatique Nick Cannon a déclaré lundi qu’il acceptait d’être « l’agneau sacrificiel » du monde du divertissement, une façon de faire amende honorable suite aux retombées des propos tenus lors d’un podcast qui lui ont valu de nombreuses critiques, ses remarques ayant été largement été considérées comme antisémites.

Lors d’une conversation en ligne initiée par l’American Jewish Committee (AJC), Cannon a rapporté la façon dont ses collègues et amis se sont tournés vers lui pour proposer de le défendre publiquement, ce qu’il a refusé, alors qu’il s’était retrouvé sous le feu des critiques le mois dernier.

« Voilà ce que je leur ai répondu : d’abord nous allons assainir l’atmosphère, et demander pardon, puis au travers de notre influence, avec les mots justes et une terminologie correcte, on parlera de la façon dont nous pouvons opérer de
concert », a dit Cannon.

Le comédien, rappeur et animateur TV a reconnu qu’il avait « déclenché nombre de sonnettes d’alarme douloureuses », avec ses commentaires émis dans le podcast « Cannon’s Class ».

Dans l’épisode de juin, qui a provoqué son renvoi de ViacomCBS, Cannon a soutenu que le peuple d’Afro-Américains sont les « vrais Hébreux » et que les Juifs ont usurpé cette identité, arguant que le discours contre les Juifs ne pouvait pas être considéré comme antisémite ou même haineux.

Cannon a également repris des théories de conspiration antisémites concernant les Rothschild, le système bancaire centralisé, les treize familles, les lignées du sang qui contrôlent tout y compris en dehors de l’Amérique », et il a fait l’éloge du leader antisémite de la Nation of Islam, Louis Farrakhan.

Quelques jours plus tard Cannon a présenté des excuses dans une série de messages postés sur Twitter, en déclarant que ses mots « ont renforcé les pires stéréotypes d’un peuple fier et magnifique et qu’il se sentait honteux de la façon naïve et mal informée dont ces mots lui ont été inspiré ».

Lors de la Conversation du lundi sur Zoom, qu’il a nouée avec le rabbin Noam Marans de l’AJC, Cannon a ajouté que ses excuses initiales constituaient un
« pas, car la demande de pardon est un processus ».

Une partie de ce processus a consisté pour lui à s’éduquer lui-même au sujet de l’histoire et la culture juive et à parler à des leaders de la communauté juive, a-t-il dit.

Le rabbin Noam Marans, de l’American Jewish Committee – AJC, (à gauche) et Nick Cannon, discutent lors d’une conversation sur Zoom, le 10 août 2020. (Capture d’écran/YouTube)

Il a indiqué que l’AJC lui avait envoyé beaucoup de documentation, qui l’ont amené à réaliser à quel point des remarques similaires à celles qu’il a tenues, ont été « utilisées pour faire de la propagande pendant la Shoah ».

Au cours des dernières semaines, Cannon a confié avoir participé à une visite de la communauté ultra-orthodoxe organisée par le mouvement Habad Loubavitch, dans le quartier de Crown Heights à Brooklyn, lui permettant de faire l’expérience d’un repas de Shabbat le vendredi soir. Il a même observé le jeûne du jour de Tisha BeAv, à la fin du mois passé et pris le temps d’analyser le livre de Bari Weiss, l’ancienne rédactrice du New York Times, « Comment combattre l’antisémitisme ».

Il a aussi mentionné le fait d’avoir parlé à l’ancienne star du NBA, Amare Stoudemire, qui réside désormais en Israël, au sujet de la création de centres communautaires pour des groupes d’Afro Américains et des Juifs marginalisés.

Lors d’une séance de questions-réponses, Cannon a été prié de dénoncer l’influence de Farrakhan. L’animateur TV a expliqué que s’il condamnait toute la rhétorique haineuse que le leader de la Nation of Islam utilisait, « Dieu ne lui a pas donné le pouvoir de rejeter ou de condamner quiconque ». « Dans notre communauté, (Farrakhan) est un leader. Il a organisé le plus grand rassemblement du monde pour la paix », a-t-il indiqué, faisant référence à la Marche du Million pour les droits civiques qui s’est tenue en 1995 à Washington.

Sur cette photo du 16 octobre 1995, un écran vidéo montre le leader de la Nation de l’Islam Louis Farrakhan s’exprimant lors de la Million Man March à Washington. Le Capitole est visible en arrière-plan. Deux décennies plus tard, la marche organisée par Farrakhan, qui a attiré des centaines de milliers de personnes, reste une référence culturelle. (AP Photo/Steve Helber)

« Je ne peux pas être tenu responsable pour ce que d’autres ont fait, » a-t-il poursuivi. « Nous devons dénoncer la haine ou la démagogie, mais nous ne sommes pas en position de mettre dehors qui que ce soit ».

Cependant, a-t-il ajouté plus tard, si l’objectif à atteindre est d’abattre les murs et les barrières communautaires, et de nous rapprocher, je serai cet agneau
sacrificiel ».

Farrakhan, 87 ans, est connu pour sa rhétorique antisémite et homophobe. Il a fait l’éloge de Hitler, a accusé les Juifs de contrôler le gouvernement américain et a fait campagne contre ce qu’il a appelé « La Synagogue de Satan ».

Mais il est aussi connu pour avoir donné un élan à l’activisme des Afro-Américains, pour avoir organisé des programmes de service social dans des quartiers noirs défavorisés et pour avoir défendu l’autonomie des Afro Américains, après avoir organisé la Marche du Million, qui a mobilisé des centaines de milliers de Noirs à Washington.

Évoquant l’état des relations entre Juifs et Afro Américains, Cannon a révélé que son « arrière-grand-père était un rabbin séfarade ».

« Donc quand les choses ont chauffé, et que le public et le monde extérieur m’ont pris en faute, cela a atteint ma maison, et ma famille de plein fouet, car je suis un Noir avec de la famille juive du côté de ma mère », a-t-il dit.

Nick Cannon (à droite) et Richard « Professor Griff » Griffin, l’ancien membre de Public Enemy, discutent lors d’un épisode de « Cannon’s Class » sorti en juillet 2020. (Capture d’écran/YouTube)

Cannon a souligné le rôle que les leaders de la communauté juive ont joué dans le mouvement pour les droits civiques et ajouté qu’il était nécessaire que la communauté juive soit également partie prenante des mouvements de 2020.

Il a reconnu que les deux communautés
« partagent l’oppression » mais a ajouté qu’il n’était pas nécessaire de créer les Olympiades de l’oppression. « Galvanisons notre énergie positive et notre compassion pour l’utiliser comme moyen de défense contre la haine ».

La personnalité médiatique a poursuivi en mettant en garde contre les médias qui ont tendance à fabriquer des sensations autour de la souffrance des deux communautés, avec des hashtags, ce qui selon lui ne fait que dévaloriser les enjeux.

Réagissant sur Twitter, alors que la conversation en direct se déroulait, un nombre d’activistes ont mis en avant l’absence de voix juive noires dans la discussion, alors que Cannon leur demandait de monter en puissance.

«.@NickCannon, Juifs Noirs et d’autres Juifs de Couleur se sont manifestés. Il est temps que d’autres peuples montent en puissance et se mettent à vraiment écouter ce qui a a été dit pendant tout ce temps » a tweeté MaNishtana, un activiste rabbin dont le vrai nom est Shais Rishon

Revenant sur les efforts déployés par Marans pour pousser Cannon à dénoncer publiquement Farrakhan, Rishon a écrit : « Je demanderais à l’AJC de comprendre que lorsque des Juifs Blancs continuent à exiger des excuses forcées, cela ne fait que renforcer le cliché antisémite selon lequel les Juifs Blancs ne peuvent être critiqués, et cela engendre aussi plus de ressentiment ».

« Vous souhaitez toujours que les gens dénoncent le peuple afro-américain pour ses propos antisémites. Cependant votre silence quand des Juifs se montrent racistes se fait remarquer quotidiennement », a pour sa part tweeté Koach Frazier, un étudiant rabbinique noir et co-fondateur de Tzedek Lab, un réseau d’activistes juifs.

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