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Pour l’Iran, la contestation en Irak est un complot contre l’axe Téhéran-Bagdad

Depuis le 1er octobre, les violences opposant protestataires et police ont fait plus de 100 morts et 6 000 blessés en Irak, pour la plupart des manifestants touchés par balles

Des manifestants anti-gouvernement allument un incendie et ferment une rue près de Bagdad, en Irak, pendant une manifestation, le 5 octobre 2019 (Crédit : AP Photo/Hadi Mizban)
Des manifestants anti-gouvernement allument un incendie et ferment une rue près de Bagdad, en Irak, pendant une manifestation, le 5 octobre 2019 (Crédit : AP Photo/Hadi Mizban)

Depuis son déclenchement il y a une semaine, la vague de contestation en Irak est scrutée en Iran, où elle est perçue comme un complot visant à saper les relations entre la République islamique et son voisin.

Après s’être affrontés dans un conflit sans merci entre 1980 et 1988, Téhéran et Bagdad se sont fortement rapprochés depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003 et la chute de Saddam Hussein. L’Iran exerce aujourd’hui une influence grandissante sur son voisin de l’Ouest, via son ascendant sur plusieurs groupes chiites irakiens.

Depuis le 1er octobre, les violences ayant opposé protestataires et forces de l’ordre ont fait plus de 100 morts et 6 000 blessés en Irak, pour la plupart des manifestants touchés par balles, selon des sources médicales.

Né d’appels sur les réseaux sociaux, le mouvement de contestation protestant contre la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics est apparu spontané avant de prendre une tournure plus politique, en appelant à la chute du gouvernement.

Plusieurs sièges de partis ont été incendiés dans le sud, dont certains pro-Iran, selon des correspondants de l’AFP.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des manifestants scandant « Irak libre, Iran dehors », dans un pays où les dirigeants s’accusent mutuellement d’allégeances étrangères, notamment aux grands alliés américain et iranien.

Le chef du Hachd al-Chaabi, puissante coalition paramilitaire dominée par des milices chiites proches de l’Iran, s’est dit prêt lundi à intervenir pour empêcher « un coup d’Etat ou une rébellion », si le gouvernement le lui ordonnait.

« Cœur et âme »

À Téhéran, plusieurs dirigeants ont accusé les « ennemis » de l’Iran d’être à la manœuvre.

« L’Iran et l’Irak sont deux nations dont le coeur et l’âme sont liés (…). Des ennemis cherchent à semer la discorde mais ils ont échoué et leur complot n’aura pas d’effet », a estimé lundi l’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême, dans un message sur Twitter, sans préciser de quels ennemis il parlait.

L’agence officielle Irna a accusé les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et Israël de susciter les manifestations qui se sont multipliées à Bagdad et dans le sud de l’Irak, pour nuire aux liens que l’Iran entretient avec son voisin et avec la Syrie – où Téhéran soutient Damas contre les rebelles.

Des « ennemis tentent de saboter toute ouverture (des relations) entre (l’Iran) et ses voisins », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Ali Rabiei.

La police irakienne asperge les manifestants de gaz lacrymogène pendant une manifestation pour protester contre la corruption, le chômage et le manque de services publics, à Bagdad le 2 octobre 2019. (Crédit : AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

« Nous demandons au peuple irakien de montrer plus de retenue et de chercher des moyens démocratiques et légaux pour obtenir satisfaction à ses revendications », a-t-il ajouté, assurant que la République islamique était « comme toujours (…) prête à se tenir aux côtés » de l’Irak.

Le journal ultraconservateur Kayhan a fait état de « preuves » de l’implication des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite et d’Israël dans ces troubles.

Sans être aussi direct, un éditorialiste du journal réformateur Sharq a suggéré que ces trois pays pourraient être les « mains cachées » derrière ces manifestations.

« Des flèches et des pierres »

Selon l’Iran, ce qui se passe en Irak vise également à perturber le pèlerinage d’Arbaïn, événement religieux majeur auquel ont pris part quelque 1,8 million d’Iraniens en 2018, selon des chiffres officiels.

Des milliers de marcheurs iraniens ont déjà entamé ce grand pèlerinage annuel chiite vers le tombeau de l’imam Hussein à Kerbala, à 110 km au sud de Bagdad, et devant culminer le 17 octobre avec les célébrations d’Arbaïn.

Arbaïn marque la fin du deuil de 40 jours observé par les chiites en mémoire du martyre de l’imam Hussein, petit-fils de Mahomet tué en 680 à Kerbala par les troupes du calife omeyyade Yazid.

« Ils veulent effrayer les gens (…), mais même s’il pleuvait des flèches et des pierres, ceux qui aiment Hussein d’un amour fervent n’auront pas peur », a clamé le général de division Yahya Rahim Safavi, conseiller du guide, cité par l’agence Tasnim.

Jeudi, le ministère des Affaires étrangères iranien a néanmoins demandé « à tous les fidèles croyants iraniens de retarder leur départ en Irak jusqu’à ce que la situation se calme ».

Lundi, le poste-frontière de Khosravi, par lequel transitent des dizaines de milliers de pèlerins en route pour Kerbala, a rouvert après plusieurs jours de fermeture.

Pour l’agence Irna, le fait que des « provocations » aient surgi avant Arbaïn montre que les ennemis de l’Iran « ont peur ».

Chef de l’Autorité judiciaire iranienne, Ebrahim Raïssi a vu dans les événements d’Irak l’œuvre de « séditieux (déterminés) à ébranler et saper l’enthousiasme pour ce grand événement », selon la télévision d’Etat.

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