Pour Tamir Hayman, un accord avec l’Iran serait « la moins mauvaise » option
Pour l'ex-chef du renseignement de Tsahal, Téhéran dispose de capacités sans précédent depuis la fin de l’accord. « La réalité d’aujourd’hui est très différente de celle de 2015 »
L’ex-chef du renseignement militaire, Tamir Hayman, a déclaré samedi que le retour à une certaine forme d’accord nucléaire entre l’Iran et les puissances mondiales serait préférable, pour Israël, à une absence d’accord.
S’adressant à la Douzième chaîne, Hayman a indiqué qu’un « cadre d’accords » était l’option « la moins mauvaise » pour Israël à l’heure actuelle, sans davantage de précisions sur ce que cela impliquerait.
Le général à la retraite a noté que l’Iran avait maintenant des capacités bien supérieures dans le domaine nucléaire, bien qu’il soit encore loin d’obtenir une bombe.
« Les faits parlent d’eux-mêmes », a-t-il déclaré à propos des niveaux sans précédent d’uranium hautement enrichi obtenus par l’Iran, ainsi que des progrès réalisés dans d’autres domaines de la recherche nucléaire depuis que l’accord de 2015 est tombé en désuétude.
« En 2015, lors de la signature, nous pensions que c’était un accord problématique, mais la réalité aujourd’hui est très différente de celle de 2015 », a-t-il expliqué.
Interrogé sur le récent assassinat d’un haut commandant militaire iranien à Téhéran, attribué à Israël, Hayman, aujourd’hui directeur général de l’Institute for National Security Studies (INSS) , a déclaré que l’Iran avait reçu le message que l’unité 840, obscure division au sein de la Force Qods du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, constituait un danger pour le régime iranien.
« Les dirigeants iraniens doivent comprendre que les [forces terroristes] qu’ils dirigent, qui mettent en danger la sécurité des Israéliens et d’autres dans le monde entier, sont susceptibles de ramener le conflit sur leur sol », a-t-il expliqué.
Jeudi, le site d’information Walla rapportait qu’un haut responsable du ministère de la Défense avait déclaré à des responsables américains, à l’occasion de réunions à Washington la semaine passée, que l’administration Trump avait commis une erreur en retirant les États-Unis de l’accord nucléaire iranien.
Évoquant les propos de responsables israéliens et américains dont l’identité n’a pas été révélée, l’article indique que le général de brigade Dror Shalom, à la tête du Bureau politico-militaire du ministère, a tenu ces propos lors de discussions avec des responsables des Départements d’État et de la Défense.
Selon certaines sources, les collaborateurs de Biden ont été surpris par les propos de Shalom, en raison de l’objection obstinée du gouvernement israélien à un retour à l’accord de 2015. Le gouvernement israélien fait en effet pression sur l’administration Biden pour qu’elle ne revienne pas à l’accord, dont l’ex-président américain Donald Trump s’était unilatéralement retiré en 2018, avec le soutien enthousiaste du Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu.
Un haut responsable israélien anonyme cité dans l’article aurait déclaré que la position de Shalom était connue de longue date. En 2018, il aurait déjà exprimé ses objections au torpillage de l’accord lors d’une réunion avec Netanyahu.
Ce même responsable israélien témoignant sous couvert d’anonymat aurait ajouté que Shalom aurait dû s’abstenir de s’en ouvrir ainsi aux responsables américains, arguant qu’ils utiliseraient ses propos pour renforcer leur argumentaire en faveur de la réadhésion à l’accord nucléaire.
Selon le site d’information Axios, le ministère de la Défense aurait refusé de commenter ces informations. « Nous ne commentons pas les propos tenus lors de réunions à huis clos », a déclaré un porte-parole du ministère.
Selon le site d’information, le directeur général adjoint du ministère des Affaires étrangères, Joshua Zarka, aux États-Unis au même moment, a délivré le message inverse, plus conforme à la position du gouvernement.
Zarka a ainsi déclaré à des responsables américains, dont l’envoyé spécial américain pour l’Iran, Robert Malley, qu’un accord nucléaire était désormais hors de question, dans la mesure où l’Iran avait fixé comme condition sine qua non la radiation du Corps des gardiens de la révolution islamique de la liste des organisations terroristes étrangères des États-Unis.
Le Premier ministre Naftali Bennett a révélé cette semaine que le président américain Joe Biden avait exclu toute éventualité de radiation de la liste.
Confirmant plus ou moins les propos de Bennett, Malley a déclaré aux sénateurs, lors d’une audience au Congrès mercredi, que les États-Unis rejetteraient « les demandes excédant la portée du JCPOA », acronyme officiel de l’accord. « Nous sommes tout à fait prêts à vivre avec et à y faire face, si c’est le choix de l’Iran. »
Malley a déclaré au panel du Congrès que les perspectives de rétablissement de l’accord nucléaire iranien étaient « au mieux, ténues ».