Pourquoi l’envoyée du Habad au Népal a refusé l’honneur de Yom HaAtsmaout
Chani Lifshitz, âgée de 43 ans, ne veut pas "entrer dans la polémique" alors que les responsables du mouvement lui ont interdit d'allumer une torche à la cérémonie
Sur ordre des rabbins du mouvement hassidique Habad-Loubavitch, une membre populaire de la communauté qui gère un centre pour les voyageurs israéliens à Katmandou, au Népal, a refusé l’honneur national d’allumer la torche à la cérémonie de Yom HaAtsmaout en Israël.
Chani Lifshitz, âgée de 43 ans, a été choisie par la ministre de la Culture Miri Regev pour représenter, elle et son mari Chezki, la contribution des Israéliens à l’étranger, pendant la cérémonie qui aura lieu la semaine prochaine.
Pourtant après qu’un tribunal rabbinique du Habad lui a interdit de participer à la cérémonie, Lifshitz a informé Regev jeudi qu’elle refusait cet honneur.
« Cela ne dépend pas de moi !, a-t-elle écrit sur Facebook. On m’a demandé d’annuler ma participation à la cérémonie Yom HaAtsmaout et je ne veux pas entrer dans cette polémique brûlante ».
En remerciant le gouvernement et tous les Israéliens pour leur geste, elle a ajouté : « Je n’aurai peut-être pas l’honneur d’allumer une torche, mais j’ai déjà reçu le plus grand honneur sur cette planète – une vie de mission et de responsabilité mutuelle. Il n’y a pas de plus grand cadeau ! »
Cette année, à cause des restrictions dues au coronavirus, la cérémonie de l’allumage de la torche sera pré-enregistrée mardi. Aucun public ne sera autorisé au cimetière national militaire du mont Herzl où aura lieu la cérémonie. La cérémonie sera diffusée mardi soir, alors que le 72e Yom HaAtsmaout commence.
Mercredi, le cabinet a imposé un confinement pour Yom HaZikaron et Yom HaAtsmaout afin d’empêcher la propagation du virus.

Dans la lettre adressée à Lifshitz par les membres du tribunal rabbinique Habad, les rabbins ont déclaré qu’il était de leur ressort de décider si des membres de la communauté Habad pouvait accepter un tel honneur. Aucune décision sur le sujet ne pouvait être prise à un niveau individuel.
Les rabbins n’ont pas donné de raison spécifique pour ne pas autoriser à Lifshitz à allumer la torche.
Les membres de la communauté en Israël sont mieux intégrés dans la société en général que ceux d’autres sectes ultra-orthodoxes. Ils font leur service militaire, soutiennent l’État, mais ils ont néanmoins un rapport méfiant vis-à-vis de Yom HaAtsmaout et continuent à éviter de participer aux autres cérémonies de l’Etat en respect des décisions de leur chef spirituel défunt, le rabbin Menachem Mendel Schneerson.

(Hadas Parush/Flash90
Schneerson aurait aussi eu un problème avec la formulation de la cérémonie de l’allumage de la torche, « Pour la gloire de l’Etat d’Israël », préférant plutôt faire référence à Israël comme le foyer juif.
En 2011, un autre membre de la communauté, le rabbin Shimon Rosenberg, a reçu l’honneur d’allumer une torche. La fille et le gendre de Rosenberg, Gavriel et Rivka Holtzberg (la meilleure amie de Lifshiftz), s’occupaient de la maison Habbad de Bombai. Ils ont été assassinés dans les attaques terroristes de 2008 dans la ville. Leur fils, Moshe, a pu s’enfuir de la scène du massacre avec sa nourrice et a ensuite été élevé par son grand-père.

Malgré l’ordre des rabbins de refuser de participer à la cérémonie, Rosenberg y est quand même allé, mais il a improvisé en disant : « Pour la gloire de l’Etat de la terre d’Israël ».
Le mouvement Habad Loubavitch dirige des centaines d’établissements dans le monde qui offrent des services religieux aux Juifs et Israéliens à l’étranger.
La maison Habad de Katmandou dirigée par Lifshit est l’une des plus populaires. Elle accueille des milliers de voyageurs israéliens qui ont terminé leur service militaire. On pense qu’elle accueille le plus grand Seder de Pessah au monde.