Premiers essais d’un test innovant pour détecter le COVID-19
La start-up Scentech Medical va commencer à tester sa technologie basée sur le souffle à l'hôpital Meir, cherchant à identifier l'empreinte génétique du virus en 10 secondes
Une start-up israélienne a démarré cette semaine des tests ayant pour objectif d’identifier l’empreinte génétique du coronavirus pour déterminer si cette dernière pourrait être dépistée par un simple souffle et grâce à une sorte d’appareil similaire aux éthylotests servant à détecter la présence d’alcool dans le sang.
La firme, Scentech Medical, a lancé les premières étapes d’un essai de sa technologie basée sur l’exhalation – qui mélange logiciels et matériels – en coopération avec le centre médical Meir de Kfar Saba.
« Cet éthylotest d’un genre particulier pourrait changer le monde du diagnostic en général et celui du COVID-19 en particulier », a déclaré le docteur Rom Eliaz de Scentech à la Treizième chaîne.
Le docteur Abalil Fadi, du centre médical Meir, a souligné la facilité avec laquelle le test pourra être mené : « Il est non-invasif. Il n’est pas douloureux », a-t-il constaté.
Le test de dépistage au coronavirus nécessite actuellement un échantillon prélevé dans le nez pour collecter du mucus et de la salive. Cet échantillon est alors examiné pour confirmer l’infection – si elle est présente. En cas de prélèvement mal effectué – par des personnels qui ne sont pas, par exemple, formés de manière adéquate – le nombre de faux négatifs peut significativement augmenter.
Scentech Medical a indiqué que si les tests réussissaient, ils pourraient entraîner des résultats en l’espace de dix secondes. La firme a fait savoir qu’elle espérait que sa technologie serait disponible d’ici quelques semaines.
« Dès que nous pourrons nous occuper d’un patient en dix secondes et vérifier s’il est – oui ou non – malade, alors toutes les frontières pourront être rouvertes », a affirmé Eliaz.
« Cela signifiera que le monde pourra revenir à la normale. Et avec ça, tout le reste pourra rouvrir – les stades, les salles de concert, les restaurants… C’est le monde entier qui pourra s’ouvrir », a-t-il ajouté.
Cette technologie aidera à identifier les malades avant même l’apparition des symptômes, ce qui aidera à stopper la propagation de la maladie, espère la firme.
Dans un second temps, l’étude s’élargira à un échantillon plus important – soit à 100 et 200 soldats en bonne santé ou malades au sein de l’armée israélienne – pour valider les résultats obtenus à Meir et pour tester la capacité de la technologie à identifier les patients déjà atteints avec un taux de fiabilité d’au moins 85 %, avait expliqué le docteur Udi Cantor, chirurgien spécialisé dans l’urologie qui est également directeur médical de l’équipe de la start-up, au mois d’avril.
La firme basée à Tel Aviv développait d’ores et déjà cette technologie pour identifier les cancers et les maladies infectieuses par l’analyse du souffle, ceci en cherchant leurs biomarqueurs dans les milliers de gaz différents présents dans chaque exhalation, avait noté Cantor.
La firme était en train d’effectuer des études de démonstration de faisabilité en Israël et aux Etats-Unis lorsque la pandémie de coronavirus a fait son apparition, avait-il déclaré.
La compagnie a donc décidé de voir si la même méthodologie pouvait être utilisée pour détecter le virus, dont la « signature » dans la respiration, ou « biomarqueur », n’a pas encore été déterminée.
Même si Cantor avait préféré rester vague sur la manière dont fonctionne la technologie, il avait indiqué qu’elle se basait sur un mélange de logiciels et de matériels qui permettent l’identification en temps réel des composés chimiques volatiles dans le souffle.
Le processus utilise la chromatographie du gaz, une technique de laboratoire visant à séparer et à analyser les composantes dans le gaz ; la spectrométrie de masse, une technique utilisée pour déterminer les signatures élémentaires des particules et des molécules et un dispositif d’éthylomètre de type ReCIVA.
Ces techniques peuvent analyser les environ 8 000 composants organiques volatiles présents dans le souffle, et qui jouent une part active dans l’élimination des déchets corporels – comme c’est également le cas de l’urine, de la sueur ou des selles, avait dit Cantor.
« Une partie de tout ce qui est éliminé par nos corps se retrouve dans le souffle », avait-il indiqué.
Un grand nombre de ces gaz a une signature connue, avait-il expliqué, mais d’autres, très nombreux eux aussi, restent toutefois inconnus. Et l’idée est d’utiliser un processus d’élimination analytique pour séparer les composants connus et inconnus, puis de resserrer le processus pour découvrir le mystérieux biomarqueur du coronavirus.
Alors que l’épidémie de coronavirus est en recrudescence en Israël, le nombre de tests effectués a augmenté, atteignant le nombre record de 28 136 dans la journée de mercredi.
Le ministère de la Santé prévoirait de durcir les critères pour les dépistages du COVID-19 pour tenter d’alléger la pression sur un système surchargé.
La majorité des porteurs de la maladie sont asymptomatiques ou présentent peu de symptômes, et certains spécialistes précisent que dans la mesure où les personnes affichant des formes asymptomatiques de la maladie peuvent contaminer leur entourage, les tests en masse sont déterminants pour appréhender la véritable propagation du virus – même en cas de levée des restrictions.