Présidentielle au Liban : le candidat Moawad dénonce la mainmise du Hezbollah
Le chef du "Mouvement de l'indépendance" a fustigé "l'alignement du Liban sur l'axe iranien" et affirme que le parti chiite cherche à imposer un candidat "soumis" à ses conditions

Le principal candidat à l’élection présidentielle au Liban, Michel Moawad, a appelé mercredi à davantage de soutiens au sein du Parlement à sa candidature, dénonçant la mainmise du groupe terroriste du Hezbollah sur le pays.
Le chef du « Mouvement de l’indépendance » est le candidat qui a réuni jusqu’à présent le plus grand nombre de votes, mais n’a toujours pas le nombre de voix requis pour être élu.
Le Parlement est profondément divisé entre le camp du Hezbollah et celui de ses adversaires, qui n’ont pas de claire majorité. L’Assemblée compte également des députés centristes ou issus du mouvement de contestation qui réclame le départ d’une classe politique accusée de corruption et d’incompétence.
Le mandat du président Michel Aoun expire le 31 octobre et le pays, qui s’enfonce dans une profonde crise économique, se dirige vers une vacance du pouvoir.
« Pour changer le rapport de forces, il faut d’abord réunir l’opposition, car nous sommes divisés », reconnait M. Moawad, 50 ans.
Dénonçant « la mainmise du Hezbollah sur le système libanais » et « l’alignement du Liban sur l’axe iranien », il affirme que le parti chiite cherche à imposer un candidat « soumis » à ses conditions.

Le groupe terroriste du Hezbollah, qui dispose d’un redoutable bras armé, a appelé les parties politiques à s’entendre sur un candidat de compromis.
Mais « un candidat de compromis est un candidat qui se soumettrait aux politiques régionales et intérieures du Hezbollah, et accepterait donc qu’il n’y ait pas de souveraineté », insiste M. Moawad, dans une allusion à la puissance militaire du Hezbollah.
« Le Liban aujourd’hui est en danger existentiel, l’Etat est en train de disparaître, les gens en train de s’appauvrir et de quitter » le pays, estime M. Moawad.
Proche de Washington, Michel Moawad est le fils du premier président de l’après-guerre civile René Moawad, assassiné en 1989, 17 jours après son élection. Sa famille accuse la Syrie, qui dominait à l’époque le Liban, de l’avoir assassiné.
Interrogé sur les risques qu’il prend dans un pays où les assassinats politiques sont légion, le candidat affirme réaliser qu’il fait « face à des partis, parfois des Etats, qui n’hésitent pas à assassiner des gens, quand ces gens prouvent qu’ils peuvent faire un changement. »