Israël en guerre - Jour 343

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Prier pour trois garçons dont la détresse touche chacun d’entre nous

Malgré la routine, aucun Israélien ne peut minimiser l’impact de cet enlèvement dans sa vie quotidienne

Les parents des trois garçons enlevés  Gil-ad Shaar, Eyal Yifrach et Naftali Fraenkel (Crédit : Flash 90)
Les parents des trois garçons enlevés Gil-ad Shaar, Eyal Yifrach et Naftali Fraenkel (Crédit : Flash 90)

Karnei Shomron, Cisjordanie – Quatre jours depuis le début des recherches des trois adolescents israéliens enlevés, je viens d’assister à une séance de prière en groupe dédiée à leur retour.

Des dizaines de femmes se sont réunies pour lire des psaumes invoquant la miséricorde divine avant le début de notre étude de textes du matin. Nos voix ont sangloté alors que nous priions pour le retour des garçons à la maison, même si la plupart d’entre nous ne connaissaient pas les familles personnellement.

Je suis rentrée chez moi pour retrouver ma fille, une adolescente qui a environ le même âge que deux des garçons et qui se prépare à accomplir certaines mitsvot [commandements de la Torah] avec d’autres filles, spécialement par rapport à ce qui se passe. Mon fils, lui, est rentré de l’école et a immédiatement couru pour participer avec les jeunes de la communauté à des prières spéciales pour le retour des captifs.

Il est incroyable de voir comment le rythme de nos vies et de nos horaires quotidiens a commencé à tourner rapidement autour de ces trois adolescents qui ont été enlevés par des terroristes palestiniens dans la région du Gush Etzion.

Depuis l’enlèvement de Gil-ad Shaar, Eyal Yifrach et Naftali Frankel, nous regardons tous les informations sur le web, plus tôt et plus souvent, sur ​​nos ordinateurs au travail ou sur nos smartphones. Même mes enfants les plus jeunes sont venus de l’école et, en allumant la télé, ont mis directement la chaîne d’informations à la place de Nickelodeon, leur chaîne habituelle [dédiée aux enfants]. Et pourtant, c’est plutôt Bob l’éponge qui nous ferait du bien en ce moment.

Je ne dors pas bien depuis qu’on a appris que ces garçons ont été enlevés. Et il est clair pour moi que c’est à peu près la même chose pour mes voisins et pour mes amis ici en Israël. Nous demandons à chacun les dernières infos, que ce soit au supermarché, à la salle de sport, ou au moment du ramassage scolaire.

Nous parlons de nos craintes autour de la table de Shabbat ou à la makolet [épicerie]. Nous maudissons leurs ravisseurs alors que nous allons récupérer nos enfants après la piscine ou à la sortie de la bibliothèque.

Nous vivons et respirons à l’unisson de leur captivité, tout en vaquant à nos vies quotidiennes. C’est comme ça.

Un des aspects du quotidien de la vie ici, c’est que les habitants de ma communauté, située dans le nord de la Cisjordanie à mi-chemin entre Qalqilya et Naplouse, continuent à faire du « tremp », de l’auto-stop, pour se déplacer.

Certains dans les médias israéliens ont dépeint cela comme un phénomène lié aux gens des implantations. Celui qui fait de l’auto-stop peut, d’une certaine façon, montrer que toute cette terre lui appartient et qu’en même temps, il appartient aussi à une grande fraternité avec tous les Israéliens.

Mais, en fait, pour la plupart de nos enfants, le « tremping » est simplement un moyen de se rendre d’un endroit à un autre sans devoir attendre des heures des bus qui circulent de manière peu fréquente et qui n’arrivent pas toujours. Et cela se produit non seulement en Cisjordanie mais dans de nombreuses régions de la périphérie d’Israël.

Après un shabbat assez anxieux où chacun pensait au sort des garçons dans un coin de sa tête, ma fille aînée nous a quittés pour retourner à son appartement d’Ashkelon, dans le sud, où elle effectue sa deuxième année de service national. Elle a fait du
« tremp » à la gare de Rosh Haayin dans le centre d’Israël.

Mon mari et moi ne permettont pas à mes autres enfants de faire du « tremp ». Cependant, ma fille aînée, qui a près de 20 ans, est une adulte qui doit prendre ses propres décisions. Elle n’était pas la seule à décider de continuer à en faire.

Pour moi, l’endroit où les garçons ont été enlevés détient également une symbolique forte. Ma fille aînée a effectué sa première année de service national dans plusieurs communautés du Gush Etzion. Chaque jeudi soir et pendant un an, elle se tenait au même carrefour où les trois garçons ont été enlevés pour pouvoir rentrer à la maison. Cela aurait pu être elle…

Aujourd’hui, les adolescents kidnappés sont les fils de chacun d’entre nous. Nous attendons, nous prions, nous pleurons. Nous essayons de soutenir comme nous le pouvons leurs mères courageuses qui chacune, nous a parlé par médias interposés. Elles nous ont aussi montré leurs visages illuminés par l’espoir et la foi que leurs fils reviendront à la maison.

Et nous prions pour que nos enfants soient en sécurité. J’étais au téléphone dimanche soir avec ma fille à Ashkelon quand elle a entendu l’interception de deux roquettes tirées de la bande de Gaza par le Dôme de fer [le système anti-missile israélien].

Je l’avais appelée parce que l’alerte de l’application « Code rouge » sur mon smartphone s’était mise à sonner. Je voulais m’assurer qu’elle s’était réfugiée dans la cage d’escalier de son immeuble parce que celui-ci n’est pas équipé d’un abri anti-bombes.

J’ai mis l’application sur mon téléphone, qui m’alarme en temps réel… Cette volonté obsessionnelle de savoir si oui ou non elle est en sécurité en tout temps… Mais il est clair en fin de compte que nous ne pouvons jamais être vraiment sûrs.

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