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Procès de Netanyahu: l’ancien directeur de l’info de Walla à la barre des témoins

Baruch Shay a raconté que les articles étaient envoyés au sommet de la hiérarchie; qu'ils étaient approuvés, modifiés ou abandonnés ; il a évoqué les pressions de ses patrons

L'ancien directeur de l'information du site  Walla, Baruch Shay, arrive pour une audience du procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Cour de district de Jérusalem, le 10 juillet 2023. (Crédit :  Yonatan Sindel/Flash90)
L'ancien directeur de l'information du site Walla, Baruch Shay, arrive pour une audience du procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Cour de district de Jérusalem, le 10 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’ancien directeur de l’information, au sein du site Walla, a témoigné lundi devant la Cour de district de Jérusalem dans le cadre du procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu, un procès qui est actuellement en cours. Il a raconté les interventions présumées du Premier ministre ou de ses proches dans la couverture médiatique du site, des interventions qui avaient eu lieu aux environs de 2015.

Le témoignage apporté par Baruch Shay est lié à l’Affaire 4000. Dans ce dossier, également connu sous le nom d’affaire Bezeq-Walla, Netanyahu est accusé d’avoir bénéficié de manière illicite et lucrative des intérêts commerciaux de l’actionnaire majoritaire de Bezeq, Shaul Elovitch, en échange d’une couverture positive sur le site web d’information Walla, propriété d’Elovitch. Il est ainsi soupçonné d’avoir abusé de ses pouvoirs lorsqu’il était à la fois Premier ministre et ministre des Communications de 2014 à 2017.

Netanyahu doit aussi répondre de pots-de-vin, de fraude et d’abus de confiance dans ce dossier.

« Les demandes des patrons pendant la période des élections de 2015 sont devenues plus fréquentes », a déclaré Shay à la barre des témoins. « D’abord, ils ont demandé à réexaminer des choses après la correction des articles, puis ça a été avant. Les sujets qui étaient au centre de ces réexamens étaient liés à Bezeq, à la famille de Netanyahu et à ses acversaires politiques ».

Shay a déclaré que dans de tels cas de figure, « les articles étaient habituellement envoyés à l’ancien rédacteur en chef de Walla, Avi Alkalay. D’abord, ils étaient soumis pour approbation ; ensuite, c’était pour procéder à des changements et il y a même eu des cas où des articles ont été jetés à la poubelle ».

Shay a indiqué que ces interventions visaient notamment « à apporter une couverture médiatique positive d’un côté et à empêcher une couverture négative de l’autre. Parfois, des articles qui ne suivaient pas la ligne désirée étaient publiés et cela pouvait mécontenter. On nous demandait alors de changer les titres et on le faisait parfois. »

Des pressions étaient exercées « par texto, par appel téléphonique. La pression était incessante tant que le problème n’était pas résolu. Quand il y avait un tel incident, ça pouvait durer une heure, une journée, deux jours. Parfois, il s’agissait de l’utilisation de photos ou de la couverture d’événements impliquant la famille Netanyahu. »

La procureure Judith Tirosh arrive pour une audience lors du procès du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Cour de district de Jérusalem, le 10 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Shay a indiqué que ces interventions le mettaient mal à l’aise et il a regretté « une mauvaise conduite ».

« Des décisions journalistiques qui auraient dû être prises de manière professionnelle ont été influencées par des politiciens, de l’extérieur… Ça a entraîné un malaise. J’ai pris des vacances au moins deux fois et ces interventions ont figuré parmi les causes de mon départ du site d’information ».

Shay a ajouté que des pressions étaient exercées en interne, le sommant de ne pas refuser les demandes qui pouvaient être faites.

« Il y a des gens au-dessus de moi. Si je veux avancer dans ma carrière, on me dit : ‘Aidez-moi là-dessus, je vous aiderai en retour sur autre chose’. »

Shay, qui travaille actuellement pour la chaîne publique Kan, a raconté se souvenir en particulier « qu’une semaine ou deux avant les élections », le journaliste politique du site d’information s’était présenté avec un article au sujet de l’implication, dans le scrutin, de Yair Netanyahu, le fils du Premier ministre. « C’était exclusif, personne n’était au courant et je lui ai demandé d’approfondir la chose… Un article a été écrit ; il devait sortir le vendredi matin et Alkalay, à ce moment-là, m’a demandé de pouvoir le lire. Je lui ai envoyé et il a demandé à ce qu’il ne sorte pas. C’est ce que nous avons fait ».

Shay a noté qu’il n’avait jamais eu le sentiment que l’acquiescement aux demandes soumises était motivé par des intérêts idéologiques ou politiques. « Il s’agissait majoritairement d’intérêts économiques », a-t-il précisé.

Il s’est souvenu qu’il lui avait été demandé, à une occasion, d’envoyer un photographe pour couvrir la rencontre entre Sara Netanyahu, l’épouse du Premier ministre, et des soldats seuls, auxquels elle devait remettre une donation. « C’était une demande inhabituelle… Je ne pensais pas que ce soit un événement intéressant », a commenté Shay. « Il y a eu des allées et venues et si je me souviens bien, nous n’avons envoyé personne mais nous avons reçu un texte écrit par Avi Alklalay que nous avons placé sur une page intérieure, à un moment moins agité. C’était un compromis parce que la seule chose qui les intéressait, c’était d’avoir un lien qui pouvait être transféré ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse Sara lors de la cérémonie du 75e anniversaire du Jour de l’Indépendance, organisée au Mont Herzl, à Jérusalem, le 25 avril 2023. (Crédit : Kobi Gideon / GPO)

Il a évoqué un autre cas où le directeur-général de Walla de l’époque, Ilan Yeshua, lui avait demandé d’utiliser des propos tenus par Sara Netanyahu dans un article commémorant les soldats disparus lors du premier anniversaire de la guerre qui avait eu lieu en 2014 dans la bande de Gaza. « Je me rappelle qu’il m’avait dit : ‘Écoutez, cela me répugne de devoir vous en parler dans ces circonstances mais trouvez une photo, aidez-moi ».

« Je lui ai répondu qu’un article était déjà prêt. Nous avons finalement trouvé un compromis et nous avons mis une photo de madame Netanyahu à un endroit discret », a-t-il expliqué.

Shay a confirmé un témoignage antérieur qui avait fait état d’une querelle entraînée par un entretien qui avait été accordé au site par Netanyahu, une interview dont le Premier ministre était insatisfait. « J’ai compris qu’il y avait eu des plaintes sur la manière de poser les questions et qu’il y avait eu des tentatives visant à mettre l’entretien au rebut. J’avais parlé à mes patrons et je leur avais dit que si l’interview n’était pas publiée, alors je présenterais ma démission ».

Dans son propre témoignage devant le tribunal, en 2021, Yeshua avait indiqué qu’il avait finalement accepté que l’entretien soit modifié par les proches de Netanyahu sans que le bureau d’information, ni le journaliste à l’origine de l’entretien, n’en aient connaissance.

L’ancien PDG du site Walla, Ilan Yeshua, arrive pour son témoignage dans l’affaire contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans son procès sur des allégations de corruption, de fraude et d’abus de confiance, au tribunal de district de Jérusalem, le 7 juin 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le témoignage de Shay a lieu quelques jours après la fin du passage d’Arnon Milchan à la barre des témoins dans deux autres dossiers impliquant le Premier ministre, connus sous le nom d’Affaire 1000 et d’Affaire 2000.

Dans l’Affaire 1000, le Premier ministre et sa famille sont accusés d’avoir reçu des cadeaux de luxe de la part de riches bienfaiteurs en échange de faveurs qu’il aurait octroyées à ces derniers. Dans l’Affaire 2000, le Premier ministre est accusé de fraude et d’abus de confiance pour avoir prétendument tenté de conclure un accord avec l’éditeur du journal Yedioth Ahronoth afin que Netanyahu bénéficie d’une couverture médiatique plus positive en échange d’une législation qui aurait limité le distribution d’un quotidien rival, Israel Hayom.

Netanyahu, de son côté, n’a cessé de clamer son innocence, affirmant que les accusations à son encontre résultent d’une chasse aux sorcières lancée par la police et par le parquet.

Le procès de Netanyahu a commencé il y a trois ans et, compte-tenu du rythme de la procédure – avec de potentiels appels – il ne devrait pas se terminer avant 2028 ou 2029.

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