Qatar Airways réclame 5 milliards de dollars de dédommagements à ses voisins
L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont fermé leurs espaces aériens à la compagnie qatarie depuis trois ans
Qatar Airways a demandé mercredi à l’Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis, à Bahreïn et à l’Egypte, 5 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros) de dédommagements pour lui avoir fermé leurs espaces aériens depuis trois ans.
Ces restrictions de survol imposées à la compagnie nationale du Qatar font partie d’une série de mesures prises par les quatre pays en juin 2017, afin de faire pression sur Doha pour son soutien présumé aux mouvements terroristes islamistes radicaux et à l’Iran, ce que la Qatar nie.
La compagnie de Doha cherche à obtenir des dédommagements de ces pays « pour leurs actions consistant à écarter Qatar Airways de leur marché et à l’empêcher d’utiliser leurs espaces aériens », a-t-elle précisé dans un communiqué.
« Ces mesures visaient spécifiquement Qatar Airways, avec pour objectif de mettre fin aux opérations de Qatar Airways (dans les quatre pays), de détruire la valeur des investissements de la compagnie aérienne et de causer des dommages importants au réseau mondial d’opérations de Qatar Airways », a-t-elle souligné.
La semaine dernière, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l’ONU basée à La Haye, s’est prononcée en faveur du Qatar, estimant que l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) était compétente pour régler un différend sur le survol des espaces aériens.
Les juges de la CIJ ont « rejeté à l’unanimité » une requête des quatre pays contre une décision favorable au Qatar prise en 2018 par l’OACI.
Doha s’est félicité de cette décision et avait annoncé son intention de porter l’affaire devant les tribunaux d’arbitrage international.
Mais les Emirats arabes unis ont fait savoir qu’ils allaient maintenant saisir l’OACI pour lui demander de « soutenir le droit de fermer leur espace aérien aux avions qataris ».
« La décision de la CIJ était technique et se limitait aux questions de procédure et à la compétence pour régler le différend. Elle n’a pas tenu compte du bien-fondé de l’affaire », ont estimé les Emirats dans un communiqué.
Une crise qui persiste
Outre la fermeture de leur espace aérien au Qatar, les quatre pays arabes ont également rompu les liens diplomatiques et économiques avec Doha.
Pour mettre fin au boycott, ces pays avaient formulé une liste de 13 demandes au Qatar, parmi lesquelles la fermeture de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, jugée hostile à leurs intérêts.
Mais Doha a rejeté ces exigences, estimant qu’elles constituaient une atteinte à sa souveraineté nationale.
En dépit de la décision de la CIJ qui apparaît comme un revers pour les quatre pays, ces derniers restent sur une position ferme face au Qatar.
Toutes les tentatives de médiations dans ce conflit, notamment celle du Koweït, n’ont pas abouti.
De même, les appels de Washington à régler la crise qui divise les pays du Golfe pour leur permettre de mieux faire face à l’Iran, n’ont pas reçu d’écho favorable.
« Après plus de trois ans d’efforts pour résoudre la crise à l’amiable et par le dialogue n’ayant donné aucun résultat, nous avons pris la décision de demander des arbitrages et de poursuivre tous les recours judiciaires pour protéger nos droits et obtenir une pleine compensation pour les violations », a déclaré le directeur général de Qatar Airways, Akbar Al-Baker, dans le communiqué.
La compagnie du Qatar est le deuxième plus grand transporteur aérien du Moyen-Orient après Emirates, compagnie basée à Dubaï, et exploite une flotte moderne de 250 appareils.
Le blocus a allongé ses routes et augmenté ses frais d’exploitation, ce qui a creusé ses pertes. Depuis le début du blocus aérien, le transporteur national du Qatar a enregistré des pertes estimée à des centaines de millions de dollars.
La pandémie de Covid-19 a aggravé les difficultés de la compagnie qui a annoncé qu’elle allait licencier des pilotes étrangers et réduire le salaire d’autres pour compenser l’effondrement de son activité.