Quand 38 soldates brisent le plafond de verre
20 ans après l’arrêt « Miller contre ministère de la Défense », Tsahal veut davantage de femmes dans ses cockpits
Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel
Cela fait désormais 20 ans qu’Alice Miller a franchi « le mur du genre » en adressant une requête à la Cour suprême faisant valoir son droit à être enrôlée au sein de l’école de pilotage de l’Armée de l’air israélienne. Depuis cette date, ce sont 38 femmes qui sont devenues des pilotes, a rapporté l’hebdomadaire de l’armée BaMahané.
La moitié des diplômées de la prestigieuse école sont des aviatrices de combat – avec 16 navigatrices de combat, 3 pilotes de combat, 7 pilotes d’hélicoptères, et 12 pilotes de fret, dont une commandante d’escadron adjoint.
Le ministère de la Défense et Tsahal avaient d’abord rejeté la demande d’Alice Miller de pouvoir être enrôlée en 1993 « non pas parce qu’elle est une femme », avait écrit le Major Général Herzl Bodinger, qui commandait l’armée de l’air à l’époque, dans une déclaration sous serment, « mais principalement parce que la durée prévue du service [et du devoir de réserviste] est incompatible avec les conditions préalables de l’armée pour un tel entraînement ».
Cette même année, le président Ezer Weizmann, un ancien commandant de la force aérienne, s’était montré beaucoup plus franc sur la question de l’égalité et du genre. « Meidele ! » aurait-il dit à Miller [en utilisant un mot yiddish pour « jeune femme »]. « Avez-vous jamais vu un homme coudre une paire de chaussettes ? » Et Weizman d’affirmer que « les femmes sont incapables de résister aux pressions exercées sur un pilote de chasse ».
La Cour a donné tort au ministère et à l’armée. Elle a jugé dans une décision de 3 contre 2 que « fermer le cours d’aviation aux femmes viole leur dignité et les dégrade ».
Alice Miller, officier qui avait la licence de pilote dans le civil et servait en tant que réserviste à l’époque, a été autorisée à rentrer au cours d’élite de l’armée de l’air, mais a finalement été jugée inapte.
Pourtant, le Yishouv – la Palestine mandataire – avait formé des femmes pilotes, dont certaines ont effectué des missions au cours de la guerre d’Indépendance et de l’opération de Suez en 1956. Sheri Rahat, qui a mené des missions à bord d’un F-16, est devenue, en 1998, la première femme diplômée en près de cinq décennies. Trois ans plus tard, Roni Zuckerman, une petite-fille de Tsivia Lubetkin et Yitzhak Zuckerman, deux dirigeants du soulèvement du ghetto de Varsovie, a été diplômée comme première pilote de combat.
Néanmoins, les officiers de l’armée de l’air ont précisé à l’hebdomadaire de l’armée qu’il est encore bien difficile de caractériser la femme pilote.
« Je pense qu’encore aujourd’hui, 20 ans plus tard, nous ne savons pas comment caractériser le profil de la femme pilote comme nous le faisons pour le pilote mâle », a déclaré Racheli Weinberg, qui dirige une unité à la recherche de recrues potentielles pour l’armée de l’air. »
« L’évolution est beaucoup plus lente ; trop peu de temps s’est écoulé pour pouvoir faire des recherches, et c’est pourquoi nous cherchons à faire passer chez nous autant de femmes que possible afin de comprendre les caractéristiques des femmes pilotes dans l’armée de l’Air. »
A l’école de pilotage, le cours le plus récent, qui a débuté en juillet, était composé de seulement 7 % de femmes, un chiffre que l’armée cherche à augmenter en levant toutes les restrictions sur le processus de recrutement jusqu’à récemment orienté essentiellement vers les candidats masculins.
Jusqu’à présent, environ 10 % des femmes qui ont commencé le cours sont allées jusqu’au bout – un chiffre très similaire, sinon meilleur, que celui du sexe masculin.