Rassemblement devant un commissariat pour obtenir la libération d’un manifestant
Dan Orenstein, directeur-général de Champion Motors, avait été arrêté après une rixe présumée lors d'une manifestation organisée à Herzliya Pituach, près de Tel Aviv
Ce sont des centaines de manifestants anti-gouvernementaux qui ont fait le siège d’un commissariat de police situé à proximité de Tel Aviv, vendredi soir, exigeant la libération d’un homme qui avait été arrêté lors du mouvement de protestation, dans la journée.
Selon la police, une trentaine de manifestants du groupe « Frères d’arme » étaient initialement entrés dans le commissariat de Glilot, réclamant la libération de Dan Orenstein, arrêté vendredi après-midi lors d’une manifestation organisée aux abords de l’habitation d’Yitzchak Mirilashvili, un homme d’affaires russe. Mirilashvili est l’actionnaire majoritaire de la Quatorzième chaîne, un média de droite qui est considéré comme le porte-voix du Premier ministre Benjamin Netanyahu et qui est le fils du milliardaire israélien né en Géorgie Mikhael Mirilashvili, qui contrôle lui-même un vaste empire commercial qui comprend des casinos, des hôtels, des biens immobiliers ainsi que VK.com, le réseau social russe le plus important.
Selon la police, Orenstein – qui est le directeur-général de Champion Motors, importateur majeur de voitures – s’était battu avec un individu âgé d’une vingtaine d’années qui n’a pas été identifié et qui avait répondu avec fureur à la manifestation en endommageant notamment le panneau que tenait Orenstein. Une rixe avait suivi et les deux hommes avaient été arrêtés, a raconté la police.
Le jeune homme d’une vingtaine d’années avait été rapidement libéré après son placement en cellule. Pour sa part, Orenstein était resté au commissariat pendant plusieurs heures et les manifestants avaient commencé à s’y rassembler.
La police a d’abord fait partir le groupe initial qui s’était formé et elle a arrêté un individu, mais le commissariat a rapidement été encerclé par des centaines de personnes munies de drapeaux, de cornes de brume et de vuvuzelas qui ont entonné le slogan « Honte ! », devenu un cri de ralliement pour les protestataires qui dénoncent le projet de réforme judiciaire.
Des images de la scène montrent quatre agents de police en train d’attraper un manifestant accroché à une rampe d’escalier à l’extérieur du commissariat et l’entraîner rapidement à l’intérieur.
מעל ל-500 מוחים מחוץ לתחנת גלילות על מעצרו של המפגין שהותקף ע"י אדם אחר. חלק מהמוחים נכנסו לתחנה וסירבו לעזוב – אחד מהם נעצר | תיעוד@ittaishick pic.twitter.com/hW7PurNoNH
— כאן חדשות (@kann_news) April 14, 2023
La police a libéré Orenstein à environ 22 heures 30, une libération qui a été suivie par celle d’un autre manifestant. Tous les deux ont été accueillis par les cris de joie et les applaudissements des personnes présentes qui se sont dispersées dans la foulée.
Selon des informations parues dans les médias israéliens, Dan Halutz, ancien chef d’état-major de Tsahal et Tal Russo, un général qui a été à la tête du Commandement du sud au sein de l’armée (il a aussi été ancien député d’Avoda) ont figuré parmi les protestataires qui ont négocié avec la police en vue de la libération d’Orenstein.
Ce regroupement qui a eu lieu au domicile de Mirilashvili a fait partie d’une série de manifestations qui ont pris pour cible le gouvernement, vendredi, et qui ont rassemblé les opposants à la coalition devant les habitations de membres du parti du Likud au pouvoir – notamment devant le lieu de résidence du député Yuli Edelstein, président de la Commission de la Défense et des Affaires étrangères, à Herzliya ; chez le président de la Knesset Amir Ohana à Tel Aviv ; aux abords de l’habitation du ministre des Sciences et de l’Innovation Ofir Akunis, également à Tel Aviv ; et chez le député Danny Danon, qui habite à Raanana.
Cela fait plus de trois mois que les manifestants s’opposent au plan très controversé de réforme du système de la justice en Israël, un projet avancé par le gouvernement de coalition de la ligne dure. Ce plan prévoit, entre autres, de placer les nomination des magistrats sous le contrôle du gouvernement et de réduire le pouvoir de supervision de la Haute-cour de justice.
Tandis que les manifestations dénonçant les législations ont fait une pause pendant la fête de Pessah, l’opposition devrait se mobiliser plus fortement une fois encore, ont indiqué les responsables des manifestations, alors qu’un mouvement de protestation massif se profilait dans tout le pays samedi soir et pour la quinzième semaine d’affilée.
Les manifestations gigantesques qui ont lieu dans le pays toutes les semaines n’ont pas cessé après l’annonce, par Netanyahu, d’une pause dans le projet de réforme du système judiciaire pour permettre le dialogue et la conclusion d’un compromis. Les membres de la coalition ont toutefois juré de faire avancer la refonte du système de la justice dès que la Knesset rouvrira ses portes, au lendemain du congé de Pessah.
Les organisateurs des manifestations ont continué à exprimer leur scepticisme au sujet de ces discussions entre les partis d’opposition Yesh Atid et HaMahane HaMamlahti d’un côté et de la coalition au pouvoir de l’autre, des débats qui se déroulent sous les auspices du président Isaac Herzog. Ils affirment que les négociations sont une ruse utilisée pour démobiliser les Israéliens opposés au plan de refonte, ce qui permettra à terme à la coalition de faire rapidement approuver les projets de loi dans un second temps.
Ziv Keinan, l’un des membres fondateurs de l’organisation Kumi Israel, a indiqué jeudi que les députés avaient utilisé ce gel pour déterminer comment faire avancer la loi au plus vite et non pour négocier ses termes en les assouplissant – ce qui signifie que les protestataires devront être « sur le terrain » pour « transmettre le message que nous ne laisserons pas notre démocratie se transformer en dictature ».
« Les gens viendront se battre dans les rues en faveur de la démocratie, quel qu’en soit le prix », a dit Keinan, dont le groupe a été l’un des principaux organisateurs du mouvement anti-gouvernemental. « Nous avons un arsenal massif d’outils [de désobéissance civile] avec lesquels nous avons l’intention d’intensifier, si nécessaire, les manifestations ».
L’une des formes majeures de désobéissance civile a été, jusqu’à présent, le blocage des autoroutes et des carrefours majeurs de tout le pays, ce qui a entraîné des embouteillages monumentaux ainsi que des heurts avec la police qui a finalement utilisé des canons à eau et des grenades incapacitantes pour disperser les protestataires.
A Tel Aviv, les manifestants devaient se retrouver, samedi à 18 heures 30, sur la place Habima. De là, ils devaient marcher jusqu’à la rue Kaplan, près de l’autoroute Hayalon – c’est l’itinéraire qu’ils suivent toutes les semaines.
Parmi la liste des intervenants lors de ce rassemblement de Tel Aviv, Halutz et un activiste qui était, dans le passé, membre de l’organisation d’extrême-droite La Familia. Shikma Bressler, l’une des principaux organisateurs du mouvement de protestation, devait accueillir les intervenants qui devaient prendre la parole après 20 heures pour permettre aux personnes pratiquant le Shabbat de venir.
Un autre mouvement de protestation important était prévu à Jérusalem, samedi soir, comme l’était aussi une contre-manifestation organisée par des groupes de droite.
Jeremy Sharon a contribué à la rédaction de cet article.