Reconstruction de Gaza : le Jihad islamique menace Israël
Le groupe terroriste n°2 de Gaza fait savoir que ses capacités sont supérieures à ce qu'elles étaient avant l'opération Bordure protectrice
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Les violations d’Israël de l’accord de cessez-le-feu conclu avec les factions armées de Gaza mèneront à un nouveau cycle de confrontation, a averti mercredi le chef-adjoint du Jihad islamique, soutenu par l’Iran.
Dans des commentaires postés sur le site officiel du groupe terroriste, Ziad Nakhaleh, a cité des violations israéliennes récentes de la souveraineté de Gaza dans la « zone de no man’s land », le long de la frontière avec Israël et le long de la côte de Gaza, et de ce qu’il a qualifié d’entraves d’Israël dans les efforts de reconstruction de l’enclave.
Il a indiqué que les capacités militaires du Jihad islamique – le deuxième groupe terroriste dans la bande de Gaza, ouvertement consacré à la destruction d’Israël – étaient supérieures à ce qu’elles étaient avant l’opération Bordure protectrice, notant que le mouvement a acquis beaucoup d’expérience en s’engageant dans la bataille contre l’armée israélienne au cours de l’été.
La frustration de Nakhaleh était essentiellement axée sur la lenteur de la reconstruction des maisons dans la bande de Gaza, administrée par l’ONU en coordination avec Israël et l’Autorité palestinienne.
Quelques 25 000 maisons endommagées sont signalées par l’ONU comme ayant besoin d’une reconstruction urgente alors qu’une tempête de pluie s’est abattue sur Gaza cette semaine.
Nakhaleh a ajouté que les négociations avec Israël sous médiation égyptienne ont été indéfiniment reportées en raison de la fermeture de l’Egypte du passage de Rafah après une attaque terroriste contre les soldats égyptiens près de la frontière.
Mercredi l’Egypte a déclaré qu’elle ouvrirait le point de transfert pendant deux jours pour permettre aux Palestiniens bloqués en Egypte de rentrer chez eux.
« Le plan qu’on appelle plan Serry est celui de la vision d’Israël pour la reconstruction, mais il est administré à l’échelle internationale, » a déclaré Nakhaleh. « Il donne aussi une légitimité internationale au siège imposé à la bande de Gaza sur les sept dernières années. Nous sommes donc opposés à ce principe. »
Le plan, annoncé par le coordinateur du processus de paix de l’ONU au Moyen-Orient Robert Serry, est un accord trilatéral entre Israël, le gouvernement d’unité palestinien et les Nations unies afin de faciliter l’accès des matériaux de construction aux Gazaouis pour la reconstruction de leurs maisons et à s’assurer que ces matériaux « soient utilisés conformément à leur destination » et non détournés de leur usage premier pour la fabrication d’armes.
« La résistance est suffisamment prête à investir tout ce qu’elle a pour mettre fin au siège, même si elle est forcée de se tourner vers une nouvelle confrontation, » a poursuivi Nakhaleh. « Le statu quo est inacceptable, et Israël sait mieux que quiconque que son siège continu de la bande de Gaza ne peut lui accorder aucune sécurité minimum, comme certains de ses politiciens l’admettent. »
Ces commentaires ont fait écho des préoccupations exprimées au début du mois par un des chefs politiques du Hamas, Moussa Abu Marzuk. Selon Abu Marzuk, le Hamas – qui contrôle Gaza de facto – n’a jamais été consulté par Serry quant au plan de reconstruction.
« Tout le monde a insisté pour que l’Autorité palestinienne, par l’intermédiaire du gouvernement d’unité nationale, soit responsable de la construction » plutôt que l’ONU, a déclaré Abu Marzuk au cours des pourparlers du Caire.
Mardi, Abu Marzouk a déclaré à la chaîne du Hamas Al-Aqsa TV, qu’il avait reçu des garanties de l’ONU que la construction serait accélérée et achevée dans les trois ans. Le Programme de développement des Nations Unies (PNUD) exécutera des travaux de reconstruction de 24 600 foyers et l’UNRWA s’occupera du reste. Les matériaux de construction pour l’ensemble du projet entreront sur le territoire en provenance d’Israël dans 10 ou 12 jours, précise-t-il.
Pendant ce temps, un autre membre du Jihad islamique basé à Gaza, Khaled Al-Batsh, tient l’Autorité palestinienne et le gouvernement d’unité pour responsable des retards dans la réhabilitation de Gaza plutôt que l’ONU.
« L’Autorité palestinienne et le gouvernement sont responsables de la mauvaise gestion des passages [frontaliers] », s’insurge Batsh Hamas dans le quotidien al-Resalah dimanche. « Ils sont également responsables du retard dans l’arrivée des matériaux de construction entrant à Gaza, parce qu’ils ont accepté les mécanismes et sur le plan proposé par le Coordonnateur spécial pour le processus de paix Robert Serry ».
« Cet accord préjudiciable a entrainé la mise en place d’un nouvel étau sur le peuple de la bande de Gaza et les retards de construction », a-t-il conclu.