Refonte judiciaire : Le consul à New York convoqué à Jérusalem après des critiques
Asaf Zamir s'était déclaré "profondément inquiet face à la direction empruntée par le pays", alors que le processus législatif avance à toute vitesse
Le consul général d’Israël à New York, Asaf Zamir, a été convoqué dimanche à Jérusalem pour clarifier les commentaires qu’il a faits la semaine dernière, exprimant son mécontentement à l’égard de la réforme judiciaire proposée en Israël, a déclaré un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères au Times of Israel.
« Je suis profondément inquiet face à la direction empruntée aujourd’hui par le pays », a dit Asaf Zamir dans un discours prononcé lors du dîner de gala annuel de l’ANU Museum — Museum of the Jewish People, un dîner de collecte de fonds. « Si on veut avoir un foyer national, si on veut qu’il soit le foyer de tous, alors il doit être réellement démocratique ».
Une vidéo du discours qui a été prononcé lors de cet événement privé a été mise en ligne dans un premier temps par le site d’information Walla.
Zamir est en poste à New York depuis août 2021. Il avait été nommé à sa fonction par le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Yair Lapid. Zamir avait déjà passé presque une décennie dans l’arène politique à ce moment-là. Il avait été adjoint au maire de Tel Aviv puis il avait rejoint le parti Kakhol lavan, de Benny Gantz, en 2019, devenant ministre du Tourisme lors d’un gouvernement d’unité formé entre le chef de son parti et le leader du Likud Benjamin Netanyahu – un gouvernement qui n’avait fait qu’une courte apparition au pouvoir.
Scoop: Israel's consul general in NY @asafzamir criticized last night the Netanyahu government's judicial overhaul: “I am deeply concerned about the direction the country (Israel) is going…if we want a national home & we want it to be everyone’s home – it has to be Democratic” pic.twitter.com/RsYrvREJzG
— Barak Ravid (@BarakRavid) March 17, 2023
Il avait démissionné de son poste de ministre en 2020 pour protester contre le gouvernement Netanyahu et la coalition s’était effondrée peu après, laissant la place à un autre gouvernement d’unité – qui devait rester un an à ses fonctions – placé sous l’autorité du responsable de la faction Yamina, Naftali Bennett, et de Lapid.
Zamir est resté à New York depuis que le gouvernement s’est effondré, en juin dernier, alors même que d’autres diplomates qui avaient été désignés par Lapid – Yael German en France et Ronen Hoffman à Canada — avaient démissionné en signe de protestation contre les politiques de la coalition de Netanyahu.
Le projet de refonte du ministre de la Justice Yariv Levin, dont le processus législatif avance à toute vapeur, est soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il prévoit de restreindre de manière importante la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés.
Ces propositions prévoient aussi de donner au gouvernement le contrôle total de la sélection des juges ; de faire disparaître la notion juridique du « caractère raisonnable » du code pénal israélien, une notion sur laquelle s’appuient les magistrats pour juger une législation ou une décision prise par la coalition et elles prévoient également que les ministres soient autorisés à nommer leurs propres conseillers juridiques au lieu de devoir faire appel à ceux qui opèrent sous les auspices du ministère de la Justice.
Le plan a suscité des critiques intenses et des avertissements de la part des plus éminents experts, ainsi que des manifestations massives et des pétitions publiques lancées par des officiels variés, des professionnels et des entreprises privées, qui ont tous averti que ces réformes porteront atteinte à la démocratie et à l’économie.