Renforcement de la sécurité autour de Shlomo Karhi dans le cadre des manifestations
Les menaces en ligne se sont renforcées contre le ministre du Likud ; des manifestations ont eu lieu devant les habitations d'Idit Silman et de Gila Gamliel, du même parti
Les responsables ont récemment décidé de renforcer la sécurité du ministre des Communications Shlomo Karhi suite à une hausse des menaces proférées à son encontre sur internet, a fait savoir la chaîne publique Kan.
Karhi est l’un des partisans les plus fervents et les plus extrêmes de l’initiative prise par le gouvernement de réformer le système de la justice en Israël.
Au début du mois, Kahri avait écrit dans un message publié à l’occasion de Pourim que les pilotes de chasse menaçant de ne pas faire leur devoir de réserve en signe de protestation contre la refonte pouvaient « bien aller en enfer ». Il cherche également à utiliser son pouvoir pour fermer la chaîne Kan (les critiques affirment qu’une telle entreprise de sa part et de la part de la coalition vise avant tout à réduire la liberté d’information). Ce projet a néanmoins été suspendu par le gouvernement dans un contexte de large rejet de cette idée.
Mais la plus grande partie de l’indignation exprimée par le public à l’égard du gouvernement concerne ses efforts visant à réduire de manière drastique le pouvoir de la Haute-cour de justice. Ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont descendues dans les rues au cours des onze dernières semaines depuis que le ministre de la Justice, Yariv Levin, a présenté son plan de réformes au début du mois de janvier.
Un mouvement de protestation qui a continué vendredi avec approximativement 200 personnes qui se sont rassemblées devant l’habitation d’Idit Silman, ministre de la Protection environnementale, qui réside à Rehovot, dans le centre du pays. Les manifestants ont appelé Silman à présenter sa démission et à « se racheter » pour le rôle qu’elle a tenu dans le renversement du gouvernement d’unité précédent. Silman avait été présidente de la coalition et elle avait été membre du parti Yamina de l’ancien Premier ministre Naftali Bennett. Elle avait quitté la coalition au mois d’avril dernier, affirmant que le gouvernement portait atteinte à l’identité juive du pays. Sa démission avait privé le bloc au pouvoir de sa mince majorité et il s’était finalement effondré deux mois plus tard.
Le rassemblement aux abords de la maison de Silman a ensuite dégénéré quand des partisans du gouvernement se sont présentés, jetant des œufs et des oranges en direction des protestataires qui dénonçaient la refonte judiciaire.
השכנים של גילה גמליאל בפעולת קישוט לילית pic.twitter.com/V0WOgeJey1
— לירי בורק שביט (@lirishavit) March 17, 2023
D’autres manifestants se sont regroupés devant l’habitation de la ministre des Renseignements, Gila Gamliel – qui habite à Tel Aviv – et ils ont scandé des slogans et notamment « Shabbat Shalom aux enfants de Gila Gamliel dont la mère est fasciste ».
La rhétorique a été aussi agressive de l’autre côté du spectre politique, avec le fils de Premier ministre Benjamin Netanyahu, Yair, qui a qualifié le président Isaac Herzog « d’extrême-gauchiste » suite à la présentation, par le chef de l’État, d’une proposition de réforme judiciaire alternative dans la journée de mercredi – un compromis qui avait été immédiatement rejeté par les chefs de la coalition.
« C’est un homme de gauche qui ne se préoccupe que de ses électeurs à Hod Hasharon et à Ramat Hasharon, ainsi que des anarchistes qui manifestent et qui se moque des électeurs de Sdérot et de Kiryat Shmona, » a dit Yair Netanyahu lors d’une émission de radio qu’il co-présente au micro de la station 103FM, faisant la différence entre les villes riches et de la périphérie du pays.
ליד הבית של עידית סילמן! pic.twitter.com/2fczCNkuNb
— ש????ולי ????️????️???? Sh????uLi (@Shaulirena) March 17, 2023
Herzog « fait partie intégrante de la gauche la plus extrême », a-t-il assuré.
Vendredi dans la matinée, la police a ouvert une enquête après la découverte d’un graffiti peint à la bombe dénonçant Levin sur le mur de la maison du ministre de la Justice à Modiin.
Le graffiti qualifiait Levin « d’ennemi du peuple ».
Le ministre n’a fait aucun commentaire sur cet incident – il observe actuellement la période traditionnelle de deuil après le décès de son père, au début de la semaine dernière. Il est difficile de dire s’il se trouvait chez lui quand le graffiti a été réalisé.
La police, pour sa part, a indiqué que les agents avaient ouvert une enquête.
Herzog a indiqué que ce graffiti était « horrible » et il a condamné avec fermeté cet acte de vandalisme.
Le graffiti a été peint à la bombe vingt-quatre heures après des manifestations massives contre la réforme judiciaire, avec des blocages de routes, et une journée avant les rassemblements dorénavant hebdomadaires qui sont organisés à Tel Aviv et dans des villes de tout le pays. La police a placé en détention 21 personnes pour plusieurs incidents dans la journée de jeudi, notamment deux automobilistes accusés d’avoir aspergé les protestataires qui bloquaient les routes de gaz lacrymogène.
L’incident est également survenu alors que la coalition semble désireuse de continuer sa campagne-coup de poing à la Knesset pour faire avancer au plus vite ses réformes clivantes qui restructureront de manière radicale le système judiciaire.
Cela fait des semaines que l’opposition réclame que le processus législatif en cours au parlement soit interrompu pendant une période donnée, dans le but de permettre des négociations sur un compromis. La coalition, de son côté, a fait savoir qu’elle était ouverte à des pourparlers mais sans conditions préalables, refusant catégoriquement de ralentir l’avancée des législations. Levin a fait savoir qu’il voulait qu’elles soient définitivement adoptées d’ici la fin du mois.
Malgré deux mois de mouvement de protestation massif contre le plan du gouvernement et malgré les mises en garde répétées des responsables du secteur des affaires, de l’armée, du secteur juridique et du milieu des finances et en dépit des avertissements des experts du monde entier, la coalition n’a pas mis en pause ni ralenti l’adoption de son enveloppe de réformes prévues.
Herzog a appelé, ces dernières semaines, les députés de la coalition et de l’opposition à prendre part à des négociations, recommandant vivement à la coalition « d’abandonner » les projets de loi actuels. Il a estimé, mercredi, qu’Israël se dirigeait tout droit « vers une réelle guerre civile » dans le cadre du conflit au sujet de la refonte judiciaire.