Réservistes : Face aux tensions dans la coalition, Edelstein reporte le vote
Les membres de la coalition ont expliqué que Yuli Edelstein avait été mal compris et qu'il n'aiderait pas l'opposition à rejeter le projet de loi si ce dernier était présenté au vote

Le président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense à la Knesset a semblé vouloir marquer son indépendance face à la coalition sur la question du recrutement militaire dans la matinée de mercredi, reportant un vote sur une loi consacrée au prolongement du service des réservistes en raison, a-t-il dit, de « l’absence d’un large consensus » sur la question.
« J’ai refusé de mobiliser la coalition. Cette loi ne passera pas par la force des baïonnettes de la coalition », a déclaré Edelstein. « Soit nous rejetons tous la demande de Tsahal, soit nous sommes tous d’accord avec elle. Je n’ai aucun intérêt, que ce soit personnel, de faction, de parti ou de coalition, à la faire passer à tout crin. Soit nous sommes d’accord, soit nous ne le sommes pas, mais nous sommes unis ».
Si elle est approuvée, la législation prolongerait une mesure temporaire qui relève l’âge de la retraite pour les réservistes en le faisant passer de 40 à 41 ans pour les soldats et de 45 à 46 ans pour les officiers, pour plusieurs mois supplémentaires, en raison d’une pénurie de personnel pour cause de guerre en cours à Gaza.
La décision prise par Edelstein d’aller contre le projet de loi soutenu par le gouvernement a été annoncée par le parlementaire vétéran du Likud moins de 24 heures après qu’un député du même parti a adopté un positionnement similaire face à un texte distinct et soutenu, lui aussi, par le gouvernement et qui est consacré au service militaire des jeunes ultra-orthodoxes – une législation qui est actuellement débattue au sein de sa commission. Une initiative qui, selon certains médias, pourrait amener les alliés haredim de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu à reconsidérer leur place dans la coalition au pouvoir.
Netanyahu aurait averti Edelstein, mardi soir, que sa promesse de ne faire avancer le projet de loi que dans le cadre « d’un large consensus » menaçait la survie du gouvernement.
Une déclaration qui a été interprétée par certains comme offrant à l’opposition un droit de veto face à la législation – qui prévoit d’abaisser l’âge de l’exemption militaire pour les étudiants en yeshiva en le faisant passer de 26 à 21 ans et en augmentant « très graduellement » le nombre de recrues ultra-orthodoxes au sein de Tsahal.

Les membres de la coalition ont expliqué qu’Edelstein avait été mal compris et qu’il n’aiderait pas l’opposition à rejeter le projet de loi si ce dernier était présenté au vote, a noté la Douzième chaîne.
Il a été clairement établi, ces derniers jours, avec l’échec de la « Loi sur les Rabbins », que les ultra-orthodoxes ne font plus confiance au gouvernement de Netanyahu s’agissant de promouvoir leurs intérêts à la Knesset et les actes d’Edelstein, mercredi, en plus de sa volonté potentielle de bloquer le texte sur le recrutement des ultra-orthodoxes pour des raisons similaires, pourraient davantage confirmer cette perception.
Suite au jugement historique qui a été rendu, mardi matin, par la Haute-cour de Justice – qui a déterminé qu’il n’y avait plus de base légale à l’exclusion des Haredim du service militaire – la législation a pris encore davantage d’importance pour les membres de la communauté, qui la considèrent comme leur dernière chance d’échapper à l’enrôlement, au sein de Tsahal, des étudiants en yeshiva qui, jusqu’à présent, bénéficiaient très largement d’une exemption.
Les hommes ultra-orthodoxes qui sont en âge d’entrer dans l’armée échappaient au service militaire, depuis des décennies, en s’inscrivant dans des yeshivot où ils étudiaient la Torah, obtenant, chaque année, des exemptions de conscription militaire jusqu’au moment où ils atteignaient l’âge officiel leur permettant d’échapper définitivement au service.

La décision de la Cour établit explicitement que le gouvernement « doit agir pour faire appliquer la Loi sur le service militaire aux étudiants de yeshiva« , obligeant les agences de l’État à prendre des initiatives actives pour enrôler les jeunes hommes de la communauté dans les rangs de Tsahal.
Toutefois, elle n’est pas entrée dans les détails concernant la mise en œuvre de ce jugement, ce qui laisse croire que le gouvernement conserve une marge de manœuvre sur le nombre d’ultra-orthodoxes qui devront rejoindre immédiatement l’armée et ce qui offre aussi la possibilité à la Knesset d’avoir une influence sur la manière dont le recrutement militaire sera mené.
Selon les médias israéliens, après les propos qui ont été tenus par Edelstein sur le texte portant sur le service militaire Haredi, les deux factions ultra-orthodoxes, le Shas et Yahadout HaTorah, ont décidé de réfléchir à la possibilité de quitter le gouvernement tout en se maintenant dans la coalition.
Dans une déclaration, le Shas a précisé qu’Aryeh Deri, son président, avait rencontré Moshe Maya, membre de premier plan du Conseil des sages de la Torah de sa faction, pour discuter du jugement rendu par les magistrats et de son impact.

Maya, qui appartient à la ligne dure, a déclaré après le jugement de la Haute-cour qu’il était « même interdit à ceux qui n’étudient pas » d’entrer dans l’armée, entrant en contradiction avec des personnalités plus modérées de la communauté – y-compris dans son propre parti – qui ont pu laisser entendre que la mobilisation des jeunes ultra-orthodoxes qui ne fréquentent pas à plein temps une yeshiva était un compromis possible.
Cela fait longtemps que les députés haredim avertissent que le recrutement militaire forcé des jeunes de leur communauté est une ligne rouge qui mettrait en péril la stabilité – déjà malmenée – de leur alliance avec Netanyahu, qui a besoin de leur soutien pour conserver sa faible majorité au parlement.
S’exprimant mardi auprès du Times of Israel avant la déclaration d’Edelstein, un porte-parole du président de Yahadout HaTorah Yitzhak Goldknopf a indiqué que si le projet de loi était adopté, « tout ira bien », ajoutant qu’aucune décision sur l’avenir de la coalition n’a encore été prise dans la mesure où le jugement rendu par la plus haute instance judiciaire d’Israël est « théorique » et qu’il le restera tant que l’armée ne commencera pas à le mettre en vigueur.
La commission a seulement jusqu’à la fin du mois de juillet – quand commenceront les congés d’été à la Knesset – pour faire approuver la loi qui a suscité une opposition significative du côté de certains députés de la coalition, qui ont établi clairement qu’ils ne voteraient pas en sa faveur sans d’importantes révisions.

Edelstein fait partie de ces législateurs qui ont fait part de leur réticence et il a indiqué, dans le passé, qu’il n’autoriserait pas l’adoption, par sa commission, de la législation sous sa forme actuelle.
Certains députés, au sein de la commission, espèrent pouvoir réécrire le texte de manière à accélérer la conscription militaire des Haredim et le jugement qui a été rendu par les magistrats leur a donné l’influence pour le faire.
Le député Yesh Atid Moshe Tur-Paz, membre de la Commission, a fait remarquer mardi qu’il n’y avait aucun moyen de garantir l’afflux continu de financements aux yeshivot sans un nouveau texte de loi.
Ce qui crée « une incitation significative, à la fois pour les ultra-orthodoxes et pour la coalition, à finir la législation » et ce qui leur donne une raison d’accepter un quota de recrutement annuel « raisonnable », a-t-il continué.
La décision a été prise suite à l’incapacité de la commission à réunir le « large consensus » exigé par son président, Yuli Edelstein, pour une mesure destinée à remédier au déficit d’effectifs militaires pour livrer les combats à Gaza.
« J’ai refusé de mobiliser la coalition. Cette loi ne passera pas par la force des baïonnettes de la coalition », a déclaré Edelstein. « Soit nous rejetons tous la demande de Tsahal, soit nous sommes tous d’accord avec elle. Je n’ai aucun intérêt, que ce soit personnel, de faction, de parti ou de coalition, à la faire passer à tout crin. Soit nous sommes d’accord, soit nous ne le sommes pas, mais nous sommes unis. »