Israël en guerre - Jour 346

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Réunie à Paris, la communauté internationale exhorte à ne pas oublier le Soudan

Paris veut "briser le silence" entourant la guerre "oubliée" qui se déroule depuis tout juste un an dans ce pays d'Afrique, récolter des dons et coordonner les médiations pour mettre fin au conflit

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes, Stéphane Sejourné (2e à gauche), accueille les ministres européens des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (à gauche), Josep Borrell (à droite), responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, et Ramtane Lamamra, L'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Soudan posant avant une conférence internationale sur le Soudan, au Quai d'Orsay, à Paris, le 15 avril 2024. (Crédit : Sarah Meyssonnier/POOL/AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes, Stéphane Sejourné (2e à gauche), accueille les ministres européens des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (à gauche), Josep Borrell (à droite), responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, et Ramtane Lamamra, L'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Soudan posant avant une conférence internationale sur le Soudan, au Quai d'Orsay, à Paris, le 15 avril 2024. (Crédit : Sarah Meyssonnier/POOL/AFP)

Une conférence humanitaire sur le Soudan s’est ouverte lundi à Paris avec la volonté de « briser le silence » entourant la guerre « oubliée » qui se déroule depuis tout juste un an dans ce pays d’Afrique, de récolter plus d’un milliard d’euros de dons et de coordonner les médiations pour mettre fin au conflit.

« Depuis un an, les Soudanais sont victimes d’une guerre terrible […] qui ne produit que chaos et souffrance », a déploré le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné. « Les Soudanais sont aussi victimes de l’oubli et de l’indifférence », a-t-il poursuivi.

« C’est le sens de nos réunions d’aujourd’hui : briser le silence qui entoure ce conflit et mobiliser la communauté internationale », a également déclaré le chef de la diplomatie française.

Dès l’ouverture de la réunion, co-présidée par la France, l’Allemagne et l’Union européenne, plus de 840 millions ont été annoncés dont 110 millions par Paris, 244 par Berlin, 350 par Bruxelles et 138 par Washington.

La conférence se décline en trois volets : un volet politique avec la participation essentiellement d’ambassadeurs et ministres des Affaires étrangères (Sud Soudan, Djibouti, Kenya, Tchad entre autres), un volet humanitaire pour récolter les dons et une réunion d’une quarantaine de membres de la société civile soudanaise.

La ministre allemande Annalena Baerbock a relevé que cette conférence se tenait alors que les yeux restent rivés sur la situation au Proche Orient après l’attaque de l’Iran contre Israël survenue samedi soir.

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes, Stéphane Sejourné (à droite), s’entretenant avec la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avant une conférence internationale sur le Soudan, au Quai d’Orsay, à Paris, le 15 avril 2024. (Crédit : Sarah Meyssonnier/POOL/AFP)

Pour autant, la communauté internationale ne doit pas se détourner de la guerre au Soudan qui a provoqué une crise humanitaire catastrophique, a-t-elle souligné, évoquant la « souffrance indicible » et le sentiment d’abandon des Soudanais, victimes de la guerre que se mènent « deux généraux impitoyables ».

Les multiples initiatives de médiation sont restées sans effet, a-t-elle poursuivi, appelant « à œuvrer à une meilleure coordination » et exhortant la communauté internationale à « agir de concert pour amener les belligérants à la table de négociation et parvenir à un cessez-le-feu ».

« Seule la pression internationale » pourra pousser les belligérants à négocier, a renchéri le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Et il y a urgence à agir alors que le Soudan « s’effondre », a souligné pour sa part le commissaire européen à l’aide humanitaire Janez Lenarcic, pointant le risque de déstabilisation de toute la Corne de l’Afrique, la guerre ayant poussé de nombreux Soudanais à se déplacer.

Plus de 3,4 millions de personnes ont ainsi un besoin « urgent » d’une réponse humanitaire au Tchad, selon Action contre la faim (ACF), conséquence de l’afflux massif de réfugiés fuyant la guerre au Soudan.

La guerre au Soudan a éclaté le 15 avril 2023 entre les forces loyales au chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhane et celles de Mohamed Hamdane Daglo, son ancien adjoint et commandant des forces paramilitaires de soutien rapide.

« Les civils souffrent de famine, de violences sexuelles massives, de massacres ethniques à grande échelle et d’exécutions. […] Pourtant le monde continue de regarder ailleurs », se désespère Will Carter, le directeur au Soudan du Norwegian Refugee Council.

L’espoir d’un « réveil » international 

Des personnes marchant parmi des objets éparpillés, alors que les combats se poursuivent au Soudan entre les forces de deux généraux rivaux , marché d’al-Geneina, la capitale du Darfour occidental, le 29 avril 2023. (Crédit : AFP)

« Aujourd’hui marque un tournant dans la honte pour les parties belligérantes au Soudan, ainsi que pour la communauté internationale qui a laissé cette catastrophe s’aggraver », poursuit Will Carter dans un communiqué.

Alors que 25 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays, ont besoin d’aide, Jean Stowell, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF) au Soudan, dénonce pour sa part « un vide humanitaire extrêmement inquiétant ».

« En plus des décès liés à la violence, nous voyons des enfants qui meurent à cause de la malnutrition et du manque de vaccins, des femmes qui souffrent de complications après des accouchements dangereux », énumère-t-il dans un communiqué.

« L’an dernier l’appel humanitaire des Nations unies n’a été financé qu’à moitié. Cette année, 5 % » seulement sur les 3,8 milliards d’euros demandés, pointe le Quai d’Orsay. « Nous n’avons pas la prétention de les atteindre à Paris mais avons bon espoir que la communauté internationale se réveille ».

La directrice adjointe de la division Afrique de l’ONG Human Rights Watch, Laetitia Bader appelle, elle, à « un message très dur » et des sanctions internationales contre les belligérants, qui ont « empêché la réponse humanitaire », « pillé massivement l’aide » et planifié des « tueries d’humanitaires », en plus des nombreuses exactions contre les civils.

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