Réunion du cabinet sur le déconfinement repoussée, les députés trépignent
La réunion aurait été repoussée par Netanyahu mécontent du nombre de cas ; des experts ont présenté à la Knesset un plan pour minimiser les dégâts sur l'économie et l'éducation

Les membres de la commission parlementaire sur le coronavirus ont critiqué mardi le plan en neuf étapes du ministère de la Santé visant à assouplir progressivement les restrictions sur le coronavirus sur plusieurs mois, le jugeant trop lent, alors que les questions tournaient autour d’une réunion ministérielle destinée à décider d’une stratégie pour sortir d’un bouclage national en place depuis près d’un mois.
Alors que les membres de la commission de la Knesset et d’autres députés et fonctionnaires ont demandé la fin rapide des restrictions et la réouverture des écoles, des rapports ont indiqué que le Premier ministre Benjamin Netanyahu pourrait demander un report de plusieurs jours de la réunion du cabinet sur le coronavirus prévue mardi après-midi en raison de la persistance d’un taux d’infection élevé.
A 15 heures, alors que les ministres devaient se réunir, un message a été envoyé disant que la réunion avait été retardée pour des « consultations ».
Selon certains rapports, M. Netanyahu a fait pression pour que la réunion soit reportée à jeudi, affirmant que les données récentes indiquant que les niveaux d’infection diminuent ne sont pas encore suffisamment concluantes.
Le ministre de la Défense Benny Gantz, répondant à la nouvelle que la réunion pourrait être reportée, a déclaré : « Le débat sur une stratégie de sortie ne peut pas être reporté davantage. Les petites entreprises continuent à s’effondrer et nous devons faire en sorte que les enfants retournent à l’école et à la maternelle ».
Le responsable de la lutte contre le coronavirus, Ronni Gamzu, a déclaré que si la réunion était retardée, la sortie du confinement devrait l’être également.
« Je viens seulement d’en entendre parler », a-t-il déclaré avant de donner une conférence de presse dans la municipalité de Jérusalem. « En tout état de cause, il n’y aurait pas eu aujourd’hui de décisions définitives concernant l’assouplissement [des conditions du confinement], mais seulement des grandes lignes ».
Le plan par étapes du ministère de la Santé prévoit le retour progressif du pays à une activité normale, en commençant par une plus grande liberté de mouvement et, à terme, la réouverture des garderies, des écoles, des synagogues, des centres commerciaux et d’autres lieux. Le plan ne sera mis en œuvre que lorsque le nombre de cas quotidiens nationaux sera inférieur à 2 000 et que la propagation de personne à personne sera ralentie.
Selon les chiffres du ministère de la Santé publiés mardi, Israël a enregistré plus de 3 000 cas lundi.
Les ministres devraient s’affronter sur des points précis du plan, comme la date à laquelle les détaillants pourront reprendre leurs activités et la date de réouverture des écoles maternelles et des jardins d’enfants, ainsi que la réouverture des yeshivot et des écoles ultra-orthodoxes et la suppression de la limite d’un kilomètre pour les déplacements.
La présidente de la commission du coronavirus de la Knesset, Yifat Shasha-Biton, une députée du Likud qui s’est battue à plusieurs reprises avec la direction de son parti et a rejeté les mesures gouvernementales, a déclaré plus tôt que le plan du ministère de la Santé, qui échelonne les ouvertures en fonction de points de référence de l’infection, devrait plutôt être lié à d’autres statistiques.
« Nous devons considérer le nombre de chômeurs, le nombre de personnes qui ont fait faillite, le nombre de cas de violence domestique », a-t-elle déclaré. « Nous perdons toute une génération d’enfants qui ne vont pas régulièrement à l’école. Nous savons que le virus persistera encore au moins une année et nous ne confinerons pas les gens chez eux pendant un an ».

Un plan de sortie alternatif a été présenté au cours de la discussion, rédigé par un groupe d’universitaires dirigé par le professeur Hagai Levine de l’Université hébraïque, président de l’Association israélienne des médecins de santé publique.
Le plan prévoit la reprise des activités de plein air qui présentent un risque d’infection relativement faible, telles que la randonnée et le sport, l’ouverture d’établissements d’enseignement pour certains âges et une augmentation considérable du financement public des systèmes de santé et d’éducation.
Il affirme que les décisions de rouvrir davantage de secteurs de l’économie ne devraient pas être prises en fonction du nombre de cas quotidiens, notant que ce chiffre peut être trompeur puisqu’il est étroitement lié au nombre de tests réalisés. Les experts affirment que ces décisions devraient être prises en tenant compte de différents chiffres et que les restrictions devraient être localisées plutôt que nationales.
Certains membres de l’opposition ont déclaré qu’ils cesseraient d’adhérer à certaines des restrictions actuelles qu’ils jugent illogiques si elles n’étaient pas levées. Yulia Malinovsky (Yisrael Beytenu) a dit qu’elle ne s’abstiendrait pas de se faire couper les cheveux, et Yair Golan (Meretz) a dit qu’il penchait pour le non-respect de l’interdiction d’aller à la plage.

La principale question en litige actuellement est de savoir si les jardins d’enfants et les écoles maternelles devraient être autorisés à ouvrir dès dimanche, suivis deux semaines plus tard par les classes de CP à CM1, comme le directeur général adjoint du ministère de la Santé, Itamar Grotto, a déclaré lundi à la Knesset que cela devrait être le cas.
Les commentaires de Grotto contredisent ceux d’un autre haut fonctionnaire du ministère de la Santé qui a déclaré la veille que les écoles ne seraient pas rouvertes la semaine prochaine selon un nouveau plan gouvernemental visant à lever progressivement le bouclage.
Sharon Alroy-Preis, directrice par intérim de la division des services de santé publique du ministère, a déclaré que les derniers chiffres indiquant un ralentissement des infections étaient « encourageants », mais a noté qu’ils dataient du week-end, lorsque les niveaux de tests sont généralement inférieurs.
« Nous sommes conscients que les lieux de travail ne peuvent pas être ouverts sans que les jardins d’enfants et les classes de CP au CM1 [ouvrent également] », a-t-elle déclaré. « Nous le faisons de manière mesurée et prudente afin de ne pas avoir à revenir » à un confinement.
Les écoles ont été fermées le mois dernier dans le cadre du confinement national visant à endiguer une deuxième vague d’infections par coronavirus. Les ministres sont confrontés à une pression croissante pour la réouverture prochaine des classes, de nombreux Israéliens ne pouvant pas travailler parce qu’ils pas où faire garder leurs jeunes enfants.