Israël en guerre - Jour 61

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Ron Dermer veut le feu vert américain à l’annexion, car « Biden pourrait gagner »

L'ambassadeur aurait fait campagne auprès de l'administration Trump et du Congrès, certains à la Maison Blanche recommandant qu'un certain délai soit observé avant l'annexion

Ron Dermer, l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, s'exprime lors d'un Club économique de Détroit à Détroit, dans le Michigan, le 4 juin 2018. (AP Photo/Paul Sancya)
Ron Dermer, l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, s'exprime lors d'un Club économique de Détroit à Détroit, dans le Michigan, le 4 juin 2018. (AP Photo/Paul Sancya)

L’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis Ron Dermer fait campagne depuis plusieurs semaines pour convaincre l’administration Trump, le Congrès américain et des personnalités publiques de soutenir une annexion rapide par Israël de pans de la Cisjordanie, et ce avant les élections présidentielles américaines de novembre, selon un reportage télévisé diffusé lundi.

« Nous devons procéder à l’annexion maintenant parce que nous ne savons pas ce qui se passera aux élections présidentielles américaines. [Le candidat démocrate Joe] Biden pourrait gagner », a déclaré Ron Dermer, lors de réunions à huis-clos à Washington, selon la Treizième chaîne, qui a cité trois sources israéliennes et américaines.

« Il y a une fenêtre pour agir maintenant, donc il faut le faire », a-t-il ajouté selon le reportage.

Tony Blinken, conseiller principal en politique étrangère de Joe Biden, a indiqué le mois dernier que le candidat à la présidence s’opposait à l’annexion unilatérale de certaines parties de la Cisjordanie, ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu prévoit de mettre en œuvre dès juillet.

Il a rapporté que le candidat démocrate avait déclaré à plusieurs reprises « que les mesures unilatérales prises par l’une ou l’autre des parties qui rendent moins probable la perspective d’une solution à deux États sont quelque chose à laquelle il s’oppose, et cela inclut l’annexion ».

Montage : l’ancien vice-président américain Joe Biden s’exprime à Wilmington, Delaware, le 12 mars 2020, à gauche, et le président américain Donald Trump s’exprime à la Maison Blanche à Washington le 5 avril 2020. (Crédits : AP, archives)

La plupart des autres membres de la communauté internationale, notamment en Europe et dans le monde arabe, s’opposent fermement aux projets d’annexion de Netanayhu, consistant à appliquer la souveraineté sur l’ensemble de la vallée du Jourdain et les implantations israéliennes en Cisjordanie.

La Treizième chaîne a rapporté que les efforts de l’ambassadeur israélien surviennent dans un contexte de désaccords avec l’administration américaine concernant cette intention, pour laquelle certains à la Maison Blanche recommandent qu’un certain délai soit observé.

Leur hésitation vient du fait que la Jordanie, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis ont vigoureusement fait part de leur opposition à cette extension de la souveraineté israélienne et du fait que Washington s’inquiète de la stabilité en Jordanie si une telle mesure était prise.

Elle survient également alors que le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz a émis des réserves quant à l’annexion lors de leurs échanges avec le secrétaire d’État américain Mike Pompeo. Benny Gantz s’opposerait à l’annexion unilatérale, car elle ferait du tort aux relations entre Israël et certains pays, dont la Jordanie voisine.

Le roi Abdallah II de Jordanie a en effet déjà prévenu d’un « conflit majeur avec le royaume jordanien » en cas d’annexion de ces territoires par Israël. La Jordanie et l’Egypte sont les deux seuls pays arabes à avoir signé des accords de paix avec Israël.

« La paix avec nos voisins est également un atout stratégique et nous devons la maintenir », a assuré lundi le numéro 2 de Kakhol lavan Gabi Ashkenazi, lui-même un ancien chef de l’armée, citant entre autres les accords de paix avec l’Egypte et la Jordanie. Il a affirmé vouloir « promouvoir les contacts et la coopération » avec d’autres pays de la région, une possible référence à des monarchies du Golfe avec lesquelles Israël partagent un ennemi commun, l’Iran.

« Le président Trump nous offre une occasion historique de façonner le futur d’Israël pour des décennies à venir. Le plan sera promu de manière responsable et en coordination avec les Etats-Unis, tout en maintenant les accords de paix et les intérêts stratégiques d’Israël », a aussi déclaré Ashkenazi.

Lors de son discours à la Knesset dimanche, M. Netanyahu avait abordé de front la question du plan américain pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien. Il a estimé qu’il « était temps » pour Israël « d’appliquer sa loi » sur des pans de la Cisjordanie.

Mais Gantz, qui avait salué le plan Trump en janvier dernier, n’a pas abordé cette question sensible dans son intervention dimanche au Parlement.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’un discours de campagne à côté d’un tableau des secteurs de la Cisjordanie proposés pour l’annexion, le 10 septembre 2019 (Capture d’écran : Facebook)

La gestion de la crise du coronavirus par la Maison Blanche peut également expliquer sa réticence à procéder actuellement à l’annexion.

Le porte-parole du département d’État américain a déclaré aux journalistes israéliens lors d’un entretien téléphonique que les délibérations israéliennes sur l’annexion de pans de Cisjordanie devraient être discutées entre Israël et les Palestiniens sur la base du plan de paix de l’administration Trump.

Morgan Ortagus, porte-parole du Département d’État américain, s’exprime lors d’une conférence de presse au Département d’État à Washington, le 17 juin 2019. (Crédit : AP Photo/Andrew Harnik)

À la question directe de savoir si Israël a toujours le « feu vert » pour une annexion unilatérale, d’autant plus que les Palestiniens se montrent « peu disposés à envisager le plan de paix Trump », ou si Israël devrait mettre le projet en attente, Morgan Ortagus n’a pas donné de réponse claire. Elle s’est contentée d’indiquer que l’administration américaine avait mis en place un plan de paix « complet »… « Nous allons continuer à faire pression pour cette vision de la paix développée par le président. Nous n’avons certainement pas perdu espoir. En fait, cela continuera à être une partie importante de notre politique étrangère de faire pression pour que les Palestiniens viennent à la table des négociations dans le cadre de ce plan de paix, dans le cadre de ce processus ».

Selon l’accord de coalition signé entre le Likud et Kakhol lavan, le Premier ministre peut soumettre le plan d’annexion à un vote à la Knesset ou au cabinet dès le 1er juillet. S’il obtient l’approbation du Parlement, il pourra aller de l’avant même sans le soutien de Kakhol lavan.

L’annexion sera réalisée en coordination avec les États-Unis et « le dialogue international sur la question, tout en préservant la sécurité et les intérêts stratégiques de l’État d’Israël, y compris la nécessité de maintenir la stabilité régionale, de préserver les accords de paix et de s’efforcer de conclure de futurs traités de paix », affirme le pacte de coalition conclu par le nouveau gouvernement d’union.

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