Ronit Elkabetz : Un nouveau documentaire sur ses années mode et cinéma
Première en Israël du film « Je t’aime Ronit Elkabetz », de Moran Ifergan, en hommage à la star disparue en 2016
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Atmosphère glamour en Israël, mardi soir, au Musée d’art de Tel Aviv pour la première officielle du film « Je t’aime Ronit Elkabetz », dans lequel la documentariste Moran Ifergan rend hommage à l’icône du cinéma, décédée en 2016 à l’âge de 51 ans, des suites d’un cancer du poumon.
Ce documentaire de 70 minutes porte le nom de l’exposition organisée en 2017 autour de la collection de vêtements d’Elkabetz au Design Museum de Holon, hommage plein d’affection à l’actrice. Il donne à voir cette exposition, des extraits de films, des entretiens et conversations avec ses proches, autant d’évocations de la vie singulière de l’artiste.
A l’instar de nombreux projets d’Elkabetz, de son vivant ou post-mortem, « Je t’aime » a été co-produit par le frère de Ronit Elkabetz – Shlomi Elkabetz -, Galit Cahlon et Ifergan au scénario et au montage.
La toute première du film avait eu lieu lors du Festival du film de Jérusalem, en juillet dernier, en présence des amis et proches d’Elkabetz.
Le film commence par une scène extraite du dernier film tourné par Elkabetz, « Le procès de Viviane Amsalem », présenté à Cannes en 2014 et nominé pour un Golden Globe en 2015. « Le procès de Viviane Amsalem » est le dernier volet de la trilogie réalisée par le frère et la sœur Elkabetz, axé sur la fin du mariage malheureux de Viviane Amsalem, après « Prendre femme » et « Les Sept Jours ».
Mais le film tourne surtout autour des vêtements d’Elkabetz et de son amour pour la mode. L’exposition de Holon s’était inspirée de 528 vêtements ayant appartenu à l’actrice, des costumes de films aux tenues de gala jusqu’aux vêtements de maternité.
Le documentaire revient sur la vie d’Elkabetz en revisitant ses vêtements. Elle y évoque ses propres créations et son amour pour la couleur noire, que ce soit à l’écran ou sur le tapis rouge.
« Le noir, c’est chez moi », disait-elle.
On y assiste à une conversation sur la tenue vestimentaire d’Elkabetz pour son rôle dans « Mariage Tardif », avec Lior Ashkenazi, pour lequel elle a remporté l’Ophir de la meilleure actrice et même à une longue séquence sur « La visite de la fanfare », comédie récompensée d’Elkabetz avec Sasson Gabbai, avec des vêtements conçus par Doron Ashkenazi.
Le documentaire rend également hommage au glamour d’Elkabetz, au contraste de sa peau claire avec sa chevelure noire de jais, ses vêtements de haute couture pour les premières. Dans une sublime scène, on peut admirer Elkabetz défiler à l’occasion de la Fashion Week de Tel Aviv dans une « robe soleil » Lanvin jaune vif dessinée par le couturier Alber Elbaz, lui-même originaire de Holon et complice de longue date de l’actrice.
Tous deux issus de familles marocaines, Elkabetz et Elbaz ont vécu à Paris la majeure partie de leur vie adulte.
Elkabetz est décédée à l’âge de 51 ans des suites d’un cancer du poumon et Elbaz, l’an dernier de complications liées à la COVID.
La conservatrice de mode Yaara Keidar a tenu à leur rendre hommage à tous deux en créant des défilés croisés.
Les similitudes ne manquent pas non plus entre Elkabetz et Ifergan, la réalisatrice du film : les deux femmes ont en effet été élevées à Beer Sheva, au sein de familles marocaines très unies.
Elkabetz a commencé sa carrière comme mannequin avant de se tourner vers le théâtre, le cinéma et l’activisme social.
Ifergan a pour sa part quitté Beer Sheva pour Jérusalem afin de devenir cinéaste : elle a épousé puis divorcé du célèbre chef Assaf Granit, avec qui elle a eu un fils. Granit a d’ailleurs assisté à la première, vêtu de sa tenue de chef.
Certains passages de la vie de l’actrice sont absents du film, comme sa maladie et sa mort, jamais évoquées.
Shlomi Elkabetz, partenaire de travail de sa sœur Ronit, est omniprésent dans le documentaire, mais il ne dit rien de sa sœur, de leur travail ou des conséquences de sa mort pour lui.
La réalisatrice du film a pu supposer que le public israélien était parfaitement au fait de ces détails de la vie des Elkabetz.
Il est également possible qu’Ifergan ait préféré laisser de côté les détails personnels, pour se concentrer sur Elkabetz et son rapport aux vêtements qu’elle a conçus et portés tout au long de sa vie.